Cinq secrets d’une AGA en ligne réussie

À Orchestres Canada, nous tenons une assemblée générale annuelle en ligne depuis sept ans et nous n’avons aucun regret. Dans le contexte de la pandémie de la COVID, avez-vous songé à tenir la vôtre en ligne cette année? Nous avons créé un guide à votre intention. Le 16 octobre, nous avons présenté aux représentants d’orchestres de toutes les régions du Canada un webinaire sur la planification d’une assemblée générale annuelle en ligne. Voici, en bref, les points à retenir. 

Note : À OC, nous utilisons l’application Réunions Zoom, avec un compte payé « pro ». Soucieux des coûts, nous avons aussi profité des offres Zoom de TechSoup Canada.

1- S’organiser, d’abord et avant tout!

Ce n’est pas un secret dans le milieu des événements, concerts et orchestres qu’il faut tout d’abord bien s’organiser; dans le cas d’une AGA, il faut jongler avec plusieurs éléments. Nous recommandons de commencer par le règlement administratif ou autre document constitutif pour déterminer ce qui suit :  

    • Qui peut participer? Qui a droit de vote?
    • Combien de participants votants faut-il pour avoir un quorum?
    • Peut-on avoir des invités non votants; comment peut-on contrôler le vote?
    • Le vote anticipé ou par procuration est-il permis?  
    • Combien de temps à l’avance faut-il publier le premier avis officiel d’assemblée? 
    • Comment l’ordre du jour et les documents à l’appui seront-ils communiqués et combien de temps avant l’assemblée faut-il les envoyer?
    • Envoyer les communications longtemps d’avance et prévoir plusieurs suivis pour obtenir le quorum requis. S’attendre à des défections et obtenir donc plus que le minimum requis d’inscriptions.
    • Déterminer le type de documents à conserver après l’AGA. Liste de participants? Relevé des votes? L’inscription obligatoire facilite la saisie de cette information. 

Après avoir réglé ces aspects, organiser la réunion sur Zoom! Voici une courte vidéo sur la manière de procéder.

2- Noter soigneusement tout!

Nous aimons tous être spontanés, mais une assemblée générale annuelle est déjà bien assez stressante (et il y a un public)! Pourquoi courir le risque? Il est important de tout noter pour avoir l’esprit tranquille et veiller à ce que rien ne soit négligé. Cela inclut le nom des motionnaires et le libellé exact des motions. Il est recommandé de créer un ordre du jour annoté indiquant le nom des intervenants, l’heure de leur intervention, la personne chargée d’assurer la continuité entre les intervenants et celle chargée de demander des comotionnaires, ainsi que le moment de la mise aux voix. Pour vous donner une idée, voici un ordre du jour annoté de la dernière AGA de l’OC.

3- C’est en forgeant qu’on devient forgeron

Comme pour la musique, plus on répète, meilleur on devient! Nous recommandons fortement de prévoir une séance de répétition un jour ou deux avant l’AGA avec tous les intervenants. Cela permet de diagnostiquer les problèmes techniques, de vérifier la stabilité des connexions Internet et de dépister les diapositives douteuses et les mises aux voix problématiques. Il n’est pas nécessaire d’avoir une répétition très longue : la nôtre était de seulement 15 minutes, mais elle s’est révélée très utile comme moyen de confirmer notre plan pour le jour de l’assemblée.

4- L’importance d’avoir belle allure!

Créer une seule présentation PowerPoint pour toute l’assemblée et assigner à une personne la responsabilité du défilement des diapositives. Cela élimine les pauses gênantes qui se produisent lorsque les intervenants veulent expliquer leurs propres écrans.  

Avoir une diapositive d’accueil que les membres voient dès leur connexion : y inclure le titre de l’événement et des conseils techniques sur la participation. 

Autres astuces :

    • Inclure le nom et le titre (p. ex. président) de l’intervenant dans le pied de page de chaque diapositive; 
    • Appliquer les principes d’usage aux diapositives : limiter le contenu par diapositive, avoir une présentation attrayante et une taille de police uniforme, et faire un usage stratégique des  images. 
    • La règle 5/5/5 peut être utile : maximum de cinq mots par ligne de texte, de cinq lignes de texte par diapositive ou de cinq diapositives avec beaucoup de texte d’affilée.  

Comme le succès de votre AGA en ligne repose sur votre présentation PowerPoint, celle-ci doit avoir belle allure! Elle doit être agréable à voir et à absorber. Assurez-vous que la police est assez grosse, que les diapositives sont colorées, que le tout est informatif! Indiquez quand les votes auront lieu et qui a la parole. Pourquoi ne pas inclure quelques photos? Voici un exemple de la présentation PowerPoint que nous avons créée pour notre dernière AGA.

5- La liste des tâches

C’est ce que vous vouliez, alors la voici : notre liste des tâches, surtout d’arrière-plan, qu’il faut bien planifier et attribuer pour assurer le bon déroulement de l’assemblée.  Il s’agit essentiellement des tâches qui reviennent au.à la secrétaire, à l’hôte.sse et au.à la technicien.ne de l’assemblée :

Secrétaire de l’assemblée :

      • Commencer et arrêter l’enregistrement, au besoin
      • Prendre les présences (pour le dossier et le quorum)
      • Au début de l’assemblée, indiquer à l’hôte.esse la date de publication du premier avis d’AGA
      • Ouvrir les votes
      • Signaler à l’hôte.sse les bulletins de vote par anticipation qui ont été reçus, le cas échéant
      • Communiquer les résultats des votes et confirmer l’adoption d’une motion
      • Prendre le procès-verbal (l’enregistrement constitue un mécanisme de sauvegarde utile).

Hôte.sse de l’assemblée (peut être un des présentateurs)

      • Accueillir les participants
      • Assurer la continuité de l’assemblée 
      • Déterminer les comotionnaires (parmi les participants qui ont levé la main)
      • Confirmer les résultats des votes
      • Suivre et gérer les échanges : afficher les liens pertinents et transmettre les questions au.à la président.e.

Technicien.ne de l’assemblée

      • Servir de personne-ressource (courriel et/ou téléphone cellulaire) pour les membres qui ont besoin d’un rappel des détails de l’assemblée ou pour les dépannages techniques avant et durant la réunion
      • Accueillir les participants dans la salle de réunion avant et durant l’assemblée
      • Participer au défilement des diapositives (l’hôte.sse confiera la tâche à cette personne) 
      • Présenter les motions (les présentateurs peuvent le faire; les motions devraient être incluses dans le programme annoté) 
      • Commencer et arrêter l’enregistrement, au besoin

En prime : conseils et astuces pour l’après-AGA

Enregistrements et comptes rendus

      • Télécharger tout compte rendu sur Zoom dans les 30 jours de l’assemblée, puis le supprimer
      • Renseignements à conserver pour les dossiers : 
        • Inscriptions
        • Résultats des votes (pouvant aussi servir de double de la liste des présences)

Voici une vidéo montrant où l’on peut trouver ces documents

      • Ressources pour le procès-verbal :
        • À condition d’avoir pris les mesures requises, Zoom indique quand l’enregistrement de la réunion est prêt – il y a normalement trois fichiers : vidéo, audio et texte des échanges.
      • Communications de suivi :
        • Faire état des activités liées à l’AGA et envoyer des mises à jour, remercier les participants par infolettre ou autre forme de communication après l’AGA.

Curieux et désireux d’en savoir plus? Voici quelques liens utiles :

Enregistrement du webinaire

Diapositives du webinaires 

Relancer votre orchestre, partie 2 avec Janet Sellery

Les 10 principaux points à retenir de la présentation de Janet Sellery – Relancer votre orchestre, partie II

Le 10 septembre dernier, l’experte en santé et sécurité Janet Sellery a mené un atelier soutenu avec les membres et amis d’Orchestres Canada sur l’évaluation des risques, la planification et la préparation pour la nouvelle normalité aux temps de la COVID.  Tout en vous exhortant à consulter le jeu de diapositives PowerPoint, les feuilles de travail et les ressources complémentaires, nous vous signalons que l’ami d’OC Roydon Tse a produit un résumé des 10 principaux points à retenir de cette séance.  Merci à Roydon. Merci aussi à Janet.

Un engagement collectif à rouvrir en toute sécurité
À l’heure actuelle, la priorité est d’assurer la santé et la sécurité de tous et, quand les conditions le permettront, de créer un environnement dans lequel le public pourra revenir en toute confiance. Il faudra du temps pour développer un contrat social dans lequel toutes les parties conviennent de prendre des précautions, comprennent leurs responsabilités et disposent des outils et de la formation nécessaires.  

Connaître ses droits et responsabilités
Il faut connaître ses droits et responsabilités comme employé, employeur et responsable des engagements, sachant que les travailleurs (rémunérés et bénévoles) ont le droit de participer, le droit de savoir, le droit de refuser un travail et le droit d’être à l’abri de toute représailles en cas de refus de travailler. L’employeur (responsable des engagements) a la responsabilité d’offrir un milieu de travail sain et sécuritaire.

Être au courant des restrictions actuelles touchant la santé publique
Il faut connaître les règlements et restrictions touchant la santé publique dans sa sphère de compétence. Il faut aussi se tenir au courant des règlements fédéraux, provinciaux et municipaux au fur et à mesure de leur évolution.

Créer au sein de son organisation un rôle de leadership en matière de COVID-19
Dans toute organisation, petite ou grande, il est conseillé de choisir un membre du groupe qui agira comme personne-ressource pour la COVID-19 et qui travaillera en étroite collaboration avec les groupes intervenants, les responsables de la salle et la collectivité afin de faire respecter tous les protocoles. 

Connaître et évaluer les risques
Il faut examiner de près tous les rôles au sein de l’orchestre pour identifier les tâches et leurs dangers éventuels. Après avoir fait une évaluation des risques, on peut planifier les activités par lesquelles commencer en toute sécurité, en tenant compte de la capacité à se conformer aux exigences.

Éliminer, contrôler et prévenir
En se reportant à la hiérarchie des mesures de contrôle (incluse dans le jeu de diapositives de Janet Sellery et reproduite ci-dessous), évaluer les dangers potentiels et déterminer lesquels peuvent être éliminés complètement et lesquels peuvent être gérés par des mesures d’ingénierie et des mesures administratives. L’EPI (équipement de protection individuelle) doit être utilisé de pair avec ces deux types de mesures : l’EPI n’est pas une solution complète.

Envisager de restructurer la programmation
Trouver une programmation qui peut être présentée en toute sécurité  et envisager une programmation de rechange pour garantir la sécurité de tous les intéressés.

Aménager un milieu de travail sain
Mettre en place des mesures et procédures pour chaque activité afin de garantir que tous les artistes, travailleurs, bénévoles et membres du public sont en sécurité, se sentent en sécurité et disposent de l’information et du matériel nécessaires pour fonctionner en toute sécurité. Il pourrait falloir réévaluer les horaires en place, créer des rôles supplémentaires et affecter des ressources additionnelles afin d’aménager un milieu de travail sain pour tous. 

Se méfier de la « pensée magique »
Nous voulons tous revenir à la « normale » aussitôt que possible : la musique est indispensable à notre bien-être comme individus et comme collectivités. Elle nous manque! Mais il faut prendre garde de ne pas picorer dans nos sources d’information pour justifier nos actions. Il faut évaluer la crédibilité de ces sources et privilégier les études examinées par des pairs, entreprises aussi proche que possible de son propre milieu, par des universitaires et des professionnels de la santé. 

Faire de petits pas
Vu la multitude de détails dont il faut s’occuper, il est préférable de planifier un retour au travail graduel et échelonné. Mettre les procédures à l’épreuve au moyen de petits essais contrôlés. Il est extrêmement important de réussir du premier coup : la meilleure façon d’avancer est de faire en premier de petits pas réfléchis. 

« Si vous ne pouvez pas vous permettre de le faire en toute sécurité, vous ne pouvez pas vous permettre de le faire. »

Enregistrement disponible ici.

Documents de la session:

Relancer votre orchestre partie 2 avec Janet Sellery – diapositives- 10 sept 2020 FR

OC Risk Assessment Janet Sellery-FR

OC COVID-19 Response Planning Janet Sellery-FR

Orchestres Canada Relancer votre orchestre – liste des ressources 10 sept 2020

Community Theatre Reopening Guide Ontario Aug 10 2020

Risk Assessment Form inc Risk Rating Sept 10 2020

Mémoire présenté au Comité permanent des finances – consultations prébudgétaires de 2021

Le 7 août, Orchestras Canada/Orchestres Canada a soumis un mémoire au Comité permanent des finances du gouvernement fédéral, dans le cadre du processus annuel de consultation pré-budgétaire. S’inspirant des perspectives des orchestres canadiens, les mesures que nous avons proposées dans le mémoire :

  1. Maintenir les emplois et le talent au sein du secteur culturel aux quatre coins du Canada afin d’être prêts à relancer rapidement le domaine des arts de la scène dès que les conditions s’y prêteront;
  2. Permettre aux groupes culturels de toutes les tailles – des petits collectifs jusqu’aux plus grandes institutions phares – de répondre aux besoins culturels de leurs communautés par le biais d’initiatives novatrices et intéressantes en cette période de crise;
  3. Encourager la philanthropie pour inciter les particuliers, les fondations philanthropiques et les entreprises à faire leur part;
  4. Améliorer les espaces culturels où les Canadiens se rassemblent pour participer à des expériences culturelles transformatrices pour veiller à ce qu’ils soient appuyés et modernisés, et qu’ils deviennent plus sécuritaires, accessibles et durables sur le plan environnemental.

Nous invitons les orchestres canadiens à lire le mémoire, puis partager-le avec vos députés : Mémoire présenté au Comité permanent des finances dans le cadre des consultations prébudgétaires de 2021

Nous avons rédigé un message électronique que vous pouvez personnaliser, ici : Modèle de message; veuillez l’adapter en fonction de votre orchestre

Relancer votre orchestre, partie 1 avec Chris Walroth

Principaux conseils à retenir de « Relancer votre orchestre – partie 1 »

Le 14 août dernier, Orchestres Canada a offert un webinaire animé par le gestionnaire Production du Toronto Symphony Orchestra, Chris Walroth. Chris a décrit certaines des mesures clés que les orchestres devraient prendre pour planifier la reprise en toute sécurité de leurs activités. Bien qu’il soit difficile de résumer en quelques points sa présentation et la discussion qui a suivi, en voici les points saillants.

1. Connaître les règlements en matière de sécurité publique en vigueur dans la municipalité et la province, ainsi qu’au pays.

2. Élaborer un plan personnalisé faisant entrer en ligne de compte les particularités de l’orchestre.
Pour relancer l’orchestre en toute sécurité, il faut prévoir une période de planification et de consultation avec les artistes, organisateurs, exploitants et détenteurs de permis. C’est à vous qu’il appartient d’évaluer les risques et de mettre en place des mesures pour réduire le risque d’infection parmi tous ceux qui participent à vos activités, qu’ils soient rémunérés ou bénévoles, artistes, travailleurs de l’arrière-scène, administrateurs ou membres du conseil.

3. Ralentir et respecter des bulles de sécurité
Sachant que la longueur des interactions augmente le risque de transmission, il faut réduire la durée des contacts et le nombre de personnes travaillant dans un même espace. Ralentir le processus, travailler avec moins de personnes, prendre plus de temps pour accomplir la tâche et n’autoriser dans un secteur donné que les personnes indispensables à l’accomplissement de la mission.

4. La communication est la clé
La communication et l’application sont les aspects les plus délicats d’une reprise en toute sécurité. Nous avons tous des routines et avons l’habitude de travailler d’une certaine manière, mais la reprise est un travail d’équipe qui exige le plein engagement de chacun. Il est important d’être constant et persistant, et de donner l’exemple du comportement qu’on souhaite voir chez les autres.

5. Tout documenter et organiser
Nous vivons une époque de bouleversements et de changements; la science et son interprétation continuent à évoluer. Il faut être organisé, documenter ses interventions et interactions, et essayer d’être même trop préparé. Cela permet de concentrer l’énergie nécessaire sur le traçage des contacts et d’autres protocoles nouveaux qui devront être en place au moment de la reprise.

6. Pratiques exemplaires pour les orchestres
Éviter autant que possible de partager le matériel (p. ex., instruments, porte-musique, instruments à percussion). Revoir la marche à suivre pour les répétitions afin de minimiser la durée d’exposition et le nombre de personnes qui travaillent ensemble en même temps. Revoir le déroulement des concerts et envisager des concerts plus courts et sans entracte. Le port d’EPI, comme le couvre-visage, devrait être obligatoire pour tous jusqu’à ce que tout le monde soit assis sur la scène et prêt à jouer. Comme Chris l’a fait observer : « Tout grand art s’accompagne d’une quantité de rebuts! » Faites en sorte qu’il soit aussi simple que possible pour les membres de l’effectif de se laver les mains et de jeter les articles qu’ils ont touchés.

Orchestres Canada continuera à suivre l’état de la reprise en toute sécurité dans les diverses sphères de compétence au Canada; nous sommes également impatients de poursuivre la discussion et l’apprentissage avec vous!

Diapositives de présentation : Relancer votre orchestre – Chris Walroth

Bibliographie : Bibliographie – Relancer votre orchestre

Enregistrement disponible ici.

Produire et monétiser un contenu numérique

Maintenant que nous commençons à nous retrouver dans cette « nouvelle normalité », comment pouvons-nous monétiser les prestations en ligne pour pouvoir continuer à offrir une programmation novatrice, tout en recréant l’exclusivité et l’intimité que notre clientèle apprécie dans les salles de concert? OC a eu le plaisir d’accueillir Lana Leprich (Tafelmusik Baroque Orchestra), Neil Middleton (Vancouver Symphony Orchestra) et Tricia Baldwin (Isabel Bader Centre for the Performing Arts), qui viendront partager leur expérience, leurs conseils et leur vision de la monétisation du contenu en ligne.

Enregistrement disponible ici.

1. Collaborer!

Tricia a souligné l’importance de la collaboration pour élargir l’accès au marché et veiller à ce que les artistes soient rémunérés pour leurs services, surtout dans le cas des petits organismes et centres de population. Les partenariats avec d’autres organismes artistiques, des festivals, des ensembles et d’autres intervenants permettent de mettre en commun les ressources pour absorber les cachets des artistes, en plus de regrouper les publics pour avoir plus d’impact.

Il est aussi possible de conclure des partenariats inhabituels pour encourager la vente de billets, comme dans le cas de Tafelmusik qui s’est associé à une entreprise de gelato permettant d’offrir une petite douceur avec les billets de concert!

2. Si possible, créer des prestations en direct ou d’une durée limitée

Lana et Neil ont insisté sur l’importance d’offrir des prestations en direct ou d’une durée limitée pour vendre l’expérience aux acheteurs de billets éventuels. Elles peuvent prendre la forme d’un concert en direct en continu où les musiciens jouent en temps réel. Si l’on craint les pépins techniques, il est toujours possible d’enregistrer les prestations pour les diffuser ensuite à une heure déterminée (comme Tafelmusik l’a fait pour sa série Tafelmusik at Home).

Tricia a parlé du succès de cet ensemble pour ce qui est d’impliquer les auditoires avec la capacité à poser des questions et à réagir en temps réel, soit par médias sociaux, soit au moyen d’une séance de questions-réponses avec les musiciens.

3. Créer en fonction du support et prendre la qualité du son aussi au sérieux que pour les concerts en personne

Tricia a donné quelques conseils pour créer un contenu numérique de grande qualité pour lequel les clients voudront payer : 1) son haute-fidélité, en s’attachant tout particulièrement à l’excellence de la source sonore, 2) variation dans l’angle de prise de vue pendant le concert pour maintenir l’intérêt du public, 3) éclairage plus intense que pour un concert en direct afin d’améliorer l’apparence à l’écran.

Pour son concours canadien de violoncelle Bader et Overton, l’Isabel Bader Centre a fourni aux musiciens un guide sur la mise en place, chez eux, d’une technologie d’enregistrement de haute qualité. Voir le guide ici.

4. Faire des essais! Être prêt à s’occuper des difficultés techniques

Il est important de faire un essai de la prestation numérique du point de vue tant de la source que de l’auditeur.  Lana a recommandé de le faire sur divers dispositifs  – téléphones intelligents, ordinateurs, tablettes, téléviseurs intelligents, etc. – pour s’assurer que l’apparence et le son sont bien ce qu’on veut. Tous ont recommandé d’avoir assez de personnel de soutien au moment de la prestation pour assurer une surveillance et intervenir immédiatement, offrir au besoin un soutien technique aux téléspectateurs et modérer les échanges et commentaires.

5. Le rayonnement du contenu numérique peut être plus vaste que prévu

Initialement, le Vancouver Symphony s’attendait à ce que le public de son Digital Concert Hall soit composé de ses abonnés. Mais Neil et le VSO ont constaté que le profil démographique du public de ses concerts numériques dépassait toutes les attentes habituelles. Ils y voient une occasion d’atteindre des publics qui normalement ne se rendraient pas en ville pour assister à un concert.

De même, Lana a fait observer que, d’après les sondages après concerts de Tafelmusik, 35 % du public de Tafelmusik at Home était composé de nouveaux venus.

6. Différents modèles de monétisation – En faire l’essai!

Il y a de nombreuses manières d’envisager la monétisation, et des essais peuvent vous aider dans vos démarches futures. Vous pouvez encourager le don, exiger l’achat d’un billet permettant l’accès ou une combinaison des deux, comme l’achat d’un « billet » virtuel basé sur le modèle payez-ce-que-vous voulez. Tafelmusik a utilisé ce dernier modèle pour tâter le terrain en ce qui concerne la monétisation du contenu numérique et a constaté qu’avec des options de 5 $ à 20 $, le don moyen par concert virtuel s’établissait à un honnête 13 $. L’orchestre utilisera cette information pour orienter ses initiatives futures de monétisation du contenu numérique.

Le virage numérique – les événements de levée de fonds en ligne

Les orchestres de toutes les tailles misent sur des activités de collecte de fonds en personne pour cultiver des relations avec leurs donateurs et maintenir leurs activités. Mais comment aborder la collecte de fonds dans le contexte actuel où la distanciation s’impose pour rester en sécurité? Une option est de la réimaginer, en ligne.

OC a accueilli des représentants de trois orchestres canadiens qui ont réussi à organiser, vu les restrictions sur les rassemblements, une activité de collecte de fonds en ligne. Jim Campbell (Calgary Philharmonic Orchestra), Chris Sharpe (Stratford Symphony Orchestra) et Jean R. Dupré et Céline Choiselat (Orchestre Métropolitain) ont discuté des moyens adoptés par leurs orchestres pour aller en ligne, de la manière dont ils ont réussi à personnaliser les rapports avec leurs donateurs et de la place qu’ils entrevoient pour les activités en ligne dans l’avenir. Écoutez l’enregistrement ci-dessous, ou continuez lecture pour découvrir les quatre principaux enseignements de Jim, Chris, Jean et Céline :

Enregistrement disponible ici.

1. La collecte de fonds en ligne est une occasion d’étendre la portée de l’événement

Au printemps, après avoir mis sa vente aux enchères d’œuvres d’art, Cork and Canvas,  en ligne, le Calgary Philharmonic Orchestra a attiré plus d’enchérisseurs que jamais, soit deux fois plus que pour ses ventes aux enchères en personne! Jim a fait observer que, sous cette forme, la vente était plus accessible et inclusive pour les personnes à l’extérieur de sa zone géographique et sa gamme de prix habituelles.

Une des activités de collecte de fonds déjà en ligne du Stratford Symphony Orchestra, son Phantom Ball annuel, a attiré encore plus d’attention au printemps, même sur la scène internationale. Chris a fait remarquer que, parce qu’ils sont chez eux, les gens ont particulièrement soif d’un lien par les arts en ligne. Les orchestres devraient donc « surfer sur la vague » dans leurs démarches de  collecte de fonds, comme le Stratford Symphony a l’intention de le faire tout en réimaginant son concert de collecte de fonds annuel,  Cows and Classics, sous forme de diffusion continue en direct en ligne.

2. Partager une expérience, en faire une occasion spéciale

Jean et Céline ont attribué le succès du Gala Virtuel de l’Orchestre Métropolitain à l’intimité qu’ils ont réussi à créer, même dans un espace virtuel. Ils ont fixé le nombre maximum de participants à l’événement à 50 et se sont associés à un chef réputé pour livrer sur le pas de la porte des participants des paniers-cadeaux comprenant du champagne et des hors-d’œuvre à déguster ensemble (mais chacun chez soi) durant l’événement. Cela a tout simplement transposé à la sphère virtuelle l’expérience collective et l’exclusivité fort appréciées d’un gala en personne.

3. La « stratégie des 100 principaux donateurs »

Jim a recommandé d’abord et avant tout, en périodes difficiles, de cultiver les liens avec les 100 principaux donateurs (y compris gouvernementaux) de l’orchestre. Le maintien de relations solides avec ceux et celles qui sont déjà investis dans la mission et le succès de l’orchestre peut vous aider maintenant et dans l’avenir.

4. Pleins feux sur la musique

Les donateurs redemandent ce qui les attire en premier lieu à l’orchestre, soit la musique et les musiciens! Jean et Céline se sont entendus pour dire que le clou du Gala de l’Orchestre Métropolitain avait été l’interprétation émouvante de Nimrod, un extrait des Variations Enigma d’Elgar, que les musiciens avaient enregistrée d’avance de leurs domiciles pour le gala. Jim a quant à lui mentionné les vidéos individuelles que le Calgary Philharmonic a produites pour chacun des donateurs et qui renfermaient les remerciements personnalisés des musiciens avant leur interprétation d’un morceau choisi tout spécialement pour le donateur.

Développer son public pendant la fermeture des salles

Même si les salles de concert sont fermées, il faut rester présents à l’esprit du public tandis que le secteur se positionne en vue de sa réouverture. Dans le cadre de la série d’apprentissage en ligne Reprise d’OC, nous avons accueilli Bob Harlow, qui a traité de la forme que peut prendre la mobilisation stratégique de la clientèle et de la manière dont les orchestres peuvent cibler leurs efforts en fonction de publics précis afin de renforcer leurs liens avec eux. Dans sa présentation, Bob a inclus trois études de cas portant sur des organismes artistiques qui ont visé des segments du public, déterminé ce qui empêchait ces derniers d’assister à des spectacles et élaboré des stratégies centrées sur le contenu pour surmonter ces obstacles.

Bob a présenté un cadre pour aborder cette démarche de développement du public, aussi pertinent maintenant que lorsqu’il y a beaucoup d’activité sur scène. En voici les éléments clés.

Enregistrement disponible ici.

1. Cerner le ou les publics cibles importants pour l’organisation

Bob a décrit le processus consistant à cerner les différents segments du public (ou public éventuel) et à choisir celui qu’il est important pour le plan stratégique de cibler. Il peut s’agir d’un public entièrement nouveau ou d’un public actuel que vous voulez mobiliser davantage. Il a insisté sur l’importance de lier cette démarche au plan stratégique et aux buts artistiques, parce qu’elle ne pourra être maintenue sans une acceptation et un engagement à l’échelle organisationnelle. Il a aussi donné l’exemple d’un organisme qui a décidé de s’engager davantage auprès des acheteurs de billets individuels multiples et d’un autre qui était déterminé à attirer plus d’adolescents et de jeunes adultes à des spectacles de ballet.

2. Déterminer les obstacles à une mobilisation (plus profonde)

Il faut déterminer ce qui empêche les publics éventuels de se rallier à votre organisme comme vous le voulez. Ne présumez pas : demandez-leur! Est-ce qu’une éducation musicale limitée empêche les gens d’aller écouter votre orchestre?   Essayez de trouver la réponse. Certains organismes que Bob a mentionnés étaient confrontés à l’idée que le public se faisait de l’opéra et du ballet, soit des formes d’art exclusives ou guindées.

3. Effectuer des recherches pour mieux connaître le public

Bob affirme qu’il faut connaître ce segment du public (ou public éventuel) aussi bien que possible. Il a insisté sur la nécessité d’agir en se fondant sur des faits plutôt que sur des pressentiments et sur l’importance de sonder le groupe cible, d’organiser des groupes de consultation et d’avoir des conversations avec les intéressés. Cette phase fait le lien entre les étapes 2 et 4, qui sert à confirmer ou modifier les obstacles cernés à l’étape 2, ainsi qu’à explorer comment ces obstacles peuvent être éliminés à l’étape 4.

4. Créer des tactiques pour faire face aux obstacles

Après avoir cerné les obstacles à l’engagement et avoir discuté avec le public cible des moyens possibles de les surmonter, Bob recommande de créer une stratégie centrée sur le contenu et propre au public en question. Il a donné deux exemples : les visites en coulisse offertes par le Seattle Opera pour consolider l’engagement des adeptes de l’opéra qui assistent aux représentations du cycle de L’Anneau; des vidéos qui montrent les activités quotidiennes du Pacific Northwest Ballet afin d’éveiller les adolescents et les jeunes adultes à un monde traditionnellement fermé.

Ce cadre peut être utilisé pour déterminer les sortes de contenus numériques que les orchestres peuvent offrir à leurs publics tant qu’ils ne pourront pas se rassembler en personne et à quel prix. Vu le grand nombre de mélomanes qui ont soif de contenu de la part de leurs orchestres préférés, cette approche des activités de développement du public garantira un engagement durable et fera en sorte que les activités soient axées sur la mission.

Lectures complémentaires

La longue piste de décollage

« Les institutions piliers sont des organismes perdurables et ancrés dans un lieu d’attache qui jouent un rôle fondamental dans le succès social et économique de leurs communautés. Les organismes artistiques et culturels peuvent assumer cette fonction. Partout dans le monde, les entreprises perdurables, y compris les musées et les centres d’arts de la scène, les compagnies de théâtre et les centres des arts communautaires, emploient des artistes, engagent des troupes, dynamisent la communauté et défendent des enjeux de justice sociale par leur engagement profond, tout en ayant un impact économique important et en procurant des bienfaits secondaires grâce à des dépenses accessoires. »  Steven Wolff, The Long Runway to Return.

Dans le cadre de notre série d’apprentissage en ligne, Reprise, nous avons accueilli Steven Wolff, directeur fondateur d’AMS Planning & Research, pour jeter un regard sur l’avenir et repenser comment les orchestres peuvent créer des liens (avec les artistes, employés, administrateurs, partenaires, publics et communautés), remanier leurs programmes et services, et réinventer leurs modèles opérationnels. Un enregistrement de la session se trouve ci-dessous, ainsi qu’une table ronde sur la recherche de Steven, animé par Simon Gamache, consultant et membre du conseil d’administration d’OC. Les invités de la table ronde sont : Nicolas Ellis (Orchestre de l’Agora, Orchestre Métropolitain), Robert Fraser (Organisation des musiciens d’orchestre symphonique du Canada, Victoria Symphony), Tim Jennings (Shaw Festival), et Trudy Schroeder (Winnipeg Symphony Orchestra).

Enregistrement disponible ici.

L’article de Steven se trouve ci -dessous. La version originale en anglais est disponible sur le site Web d’AMS Research.

La longue piste de décollage

Steven Wolff, AMS Planning and Research

Les institutions piliers sont des organismes perdurables et ancrés dans un lieu d’attache qui jouent un rôle fondamental dans le succès social et économique de leurs communautés. 

Chaque quartier, ville ou région inclut un écosystème regroupant diverses sortes d’institutions piliers, comme les collèges et universités, les hôpitaux, les fondations communautaires et d’autres entités qui sont « ancrés en place ».  Ces institutions ont donc un intérêt direct dans l’avenir de leur milieu; elles entretiennent une interdépendance avec la qualité de vie de leurs localités et de leurs résidents.

Les organismes artistiques et culturels peuvent eux aussi assumer la fonction d’institutions piliers. Partout dans le monde, les entreprises perdurables, y compris les musées et les centres d’arts de la scène, les compagnies de théâtre et les centres des arts communautaires, emploient des artistes, engagent des troupes, dynamisent la communauté et défendent des enjeux de justice sociale par leur engagement profond, tout en ayant un impact économique important et en procurant des bienfaits secondaires grâce à des dépenses accessoires.

La réouverture des établissements se fera dans un contexte très différent, où il faudra opérer beaucoup de changements et dans lequel les institutions culturelles piliers seront appelées à jouer un rôle de premier plan dans la réactivation du secteur et la dynamisation des collectivités.  Les réflexions qui suivent semblent indiquer que, comme les reprises qui ont suivi d’autres perturbations importantes, la route sera longue, comportera de nombreuses étapes et inclura des défis inattendus et imprévus, mais mènera aussi à des résultats éventuellement positifs.  En proposant un cadre pour l’examen des stratégies et actions possibles, nous ne cherchons pas tant à définir la route à suivre qu’à stimuler une conversation et à enhardir une réflexion prospective.

  • Le désir de se rassembler, de célébrer, d’apprendre et de s’épanouir est fondamental pour l’être humain.
  • Au temps de la COVID-19, ce désir est contrebalancé par celui, encore plus fondamental, de sécurité.
  • Notre système culturel sera encore plus indispensable pour rétablir le bien-être, l’équité et la cohésion communautaire. Mais nous devons être prêts.
  • Nos structures, méthodes d’exécution et paramètres économiques doivent « s’adapter et changer » pour faire en sorte que nos artistes et institutions puissent de nouveau servir leurs communautés, où qu’elles soient, tandis que nous nous dirigeons vers la « nouvelle normalité ».
  • Comme notre secteur (en général) jongle déjà avec un niveau élevé d’endettement et est largement sous-capitalisé, et vu la faible probabilité d’un retour rapide aux niveaux traditionnels d’activité, nous devons absolument repenser notre forme de mobilisation, la manière et les endroits où nous créons et présentons nos produits, ainsi que notre façon de déployer nos ressources.
  • Il faudra aussi réimaginer et remettre à l’échelle la nature et l’envergure de nos organisations et les relations entre les artistes, les travailleurs et les cadres.

Miser sur la raison d’être

Pour relever ces défis, nous devons renouveler notre engagement envers notre raison d’être (pourquoi nous faisons ce que nous faisons). Depuis des décennies, le secteur des arts et de la culture se concentre sur sa « mission », autrement dit sur ce qu’il fait, le faisant au plus haut calibre que ses ressources le lui permettent. Le succès a fait en sorte que les actions de nombreux intervenants ont élargi l’accès pour certains, mais non pas tous.  Il a donné lieu à plus de diversité, mais pas assez. Il a permis de mobiliser plus de gens, mais non pas tous ceux que cela intéresse et qui pourraient vouloir participer aux arts et à la culture.   Il est temps de renouveler notre engagement envers l’essentiel de notre travail, qui est de permettre aux artistes de raconter des histoires, de révéler des significations, de rassembler des gens dans un espace où ils peuvent ensemble vivre une expérience.

Avec le regard tourné vers l’avenir, nous devons redéfinir notre place dans la communauté, servir d’institutions piliers et nous voir non pas comme des bénéficiaires, mais plutôt comme des partenaires de la reprise.

Nous sommes au commencement de la route, et le cheminement sera du jamais vu. Il faudra réimaginer nos organisations et tracer un parcours en visant de nouveaux résultats. En définissant la destination souhaitée, tout en conservant l’agilité voulue pour nous adapter aux réalités nouvelles, nous pourrons mesurer les progrès et modifier et rééquilibrer les ressources à la lumière des acquis. Nous avons déjà observé la triste réalité et le triage requis pour faire presque arrêter un secteur au complet. Comme observateurs et conseillers, nous croyons distinguer cinq étapes dans la relance fructueuse du secteur des arts et de la culture.

Résumé

  1. RÉSILIENCE : Rester engagé et garder le contact. Cibler sa raison d’être. Remettre en question les hypothèses.
  2. PRÉPARATION : Miser sur une mobilisation élargie, étudier le marché, recueillir des données, explorer de nouveaux scénarios.
  3. RÉIMAGINATION : Concevoir et réaliser un avenir différent.
  4. RECAPITALISATION : Présenter et défendre une nouvelle proposition de valeurs, de nouveaux modèles opérationnels et de nouveaux partenariats.
  5. RETOUR : Procéder à une mise à l’échelle et aller progressivement à la rencontre des communautés, là où elles se trouvent.

1. Résilience

Il y a quelques semaines à peine, les organisations culturelles piliers s’attendaient à de bons résultats pour l’exercice en cours étant donné que rien ne semblait pouvoir freiner la plus longue période de croissance ininterrompue.

Le secteur entrevoyait des occasions futures, y compris une intégration plus profonde dans la communauté, une plus vaste mobilisation et la poursuite des engagements en matière d’équité et d’inclusion. Puis, en un clin d’œil, tout a été chamboulé. Sa première action pour assurer sa continuité à long terme a été de se concentrer sur ses atouts les plus importants : les effectifs et les lieux. Déjà, les actions de triage initiales cèdent la place à des stratégies favorisant un engagement communautaire et un contenu virtuel à la fois généraux et ponctuels.

Nous devons effectuer un virage pour réexaminer notre « raison d’être » fondamentale et nous concentrer de manière très pointue sur le maintien du contact avec nos communautés (locales, régionales ou mondiales) au fur et à mesure que le chemin à parcourir se précise. C’est le moment d’affirmer notre résolution à mobiliser l’ensemble de nos communautés dans toute leur diversité, des artistes aux publics, des résidents aux visiteurs, pour faire largement comprendre la valeur de nos activités et favoriser la reprise. Cette démarche est indispensable pour faire valoir le secteur non pas seulement comme agent économique, mais aussi comme agent du bien collectif.

Stratégies

Atouts : La tâche la plus importante à ce stade consistera à employer les ressources de telle façon que les organisations puissent planifier leur retour et, en fait, leur réouverture. Il faut s’attendre à une tension entre la générosité et les impératifs commerciaux et financiers pratiques, tension qui sera difficile et épuisante à gérer, surtout en ce qui touche les effectifs.

Numérique : La diffusion numérique a certes été adoptée de façon remarquable. Mais de nombreuses questions se posent en ce qui a trait à son utilité et son efficacité économique. Une fois passé l’engouement pour la nouveauté, il sera essential de déterminer ce qui en fait répond à la raison d’être, renforce l’engagement communautaire et crée une valeur.  L’élaboration d’une version « numérique 2.0 » pour le secteur des arts et de la culture exigera des essais et des adaptations. Les normes élevées et l’expertise technique des secteurs du cinéma et de la télévision, sources habituelles de la programmation pour l’écran, signifient que la barre sera haute. On peut éventuellement entrevoir une  collaboration entre les producteurs pour le petit écran, le grand écran et la scène, ou peut-être est-ce impossible de combattre cette concurrence.

2. Préparation

La remise en activité des institutions culturelles piliers sera un long processus.

De la gestion des règlements publics à l’adoption de moyens pour garantir le confort et la sécurité des participants, en passant par la création et la présentation du contenu, le processus sera long et vraisemblablement lent.  Le secteur a dû arrêter rapidement, mais son retour exigera une longue piste de décollage. Pour se préparer, il faudra travailler avec les artistes, producteurs et autres partenaires afin d’élaborer une multitude de scénarios opérationnels faisant entrer en ligne de compte la complexité d’un retour progressif aux opérations. La planification de scénarios sera indispensable pour comprendre les ressources humaines, financières et de direction nécessaires à une reprise. Bien qu’elles ne produisent pas des résultats immédiats, ces démarches sont indispensables à la réussite.

Stratégies

Écouter et apprendre : Il nous faut mieux comprendre le désir et la disposition du marché de participer, ainsi que le mode d’engagement (au fil du temps) souhaité par les intéressés.

Inclusivité : Nos efforts en vue d’avoir une main-d’œuvre diversifiée, d’injecter l’élément de différence dans nos structures de gouvernance et de direction et de mobiliser réellement nos communautés seront mis à l’épreuve. Ils doivent être authentiques.

Regarnir : Il faudra de la patience et des ressources pour ramener les nombreux intervenants qui contribuent au contenu. Vu les difficultés que les gens auront endurées, il faudra recourir à de nouvelles formes de mobilisation et de nouvelles approches de la collaboration.

Engagement : Il faut maintenir sa présence auprès des publics et visiteurs, et rester en contact avec eux.

Exploration : Il faut mettre à l’essai et comprendre les différents scénarios de retour, notamment en ce qui a trait à l’échelle et au volume envisagés, à la nature des partenariats et à l’accès aux ressources indispensables pour réussir.

3. Réimagination

Il ne fait aucun doute qu’en raison de la fermeture abrupte, de la perte immédiate du flux de trésorerie et de la nature d’endettement déjà élevé du secteur des arts et de la culture, il faudra envisager des changements importants dans les modèles opérationnels et la recapitalisation.

La remise en question des éléments essentiels nécessitera des solutions novatrices pour relever les défis d’un retour réussi.

Nous pouvons nous attendre à ce qu’un grand nombre sinon la majorité des organisations artistiques et culturelles soient nécessairement plus petites à leur retour. Il sera indispensable pour chacune d’elles d’énoncer clairement sa raison d’être et de concentrer ses rares ressources sur ce qu’elle fait de mieux, plutôt que sur ce qu’elle a toujours fait.

Il faudra absolument désendetter et recapitaliser des entités et le secteur. Il y a quatre aspects sur lesquels il faut se pencher :

  1. La dette réelle et structurelle;
  2. Le manque de liquidités;
  3. Les coûts d’exploitation élevés, y compris les engagements contractuels;
  4. Les biens matériels coûteux.

Le secteur doit se donner de nouvelles stratégies pour permettre aux créateurs, aux producteurs et aux présentateurs de se concentrer sur les fonctions de base, tout en créant de nouveaux mécanismes pour encourager le réinvestissement et la recapitalisation. Bien qu’une réduction de l’échelle et des consolidations institutionnelles soient sans doute inévitables, il faudra absolument créer des systèmes offrant de vastes occasions d’expression et de participation.

Les structures traditionnelles indépendantes pourraient céder la place à de nouveaux modèles de partage des risques et des récompenses qui réduisent le risque initial et encouragent des résultats positifs.

Stratégies

Philanthropie

Dons individuels : La générosité a toujours été la clé de la viabilité du secteur des arts et de la culture. Les données démontrent que les dons dirigés individuels et individuels ont été indispensables à la reprise suivant la crise financière mondiale de 2008. Il ne sera pas facile de faire face à la concurrence pour des ressources rares, mais les relations qui les sous-tendent sont essentielles.

Collaboration : Vu l’importance du lieu, des fonds de collaboration [régionaux] pour les arts, menés par des donateurs plus modestes et le secteur public, pourraient aussi être importants. Cela exigera une disposition à voir un « gain commun »  où nombre d’organisations en bénéficient.

Politique fiscale : Un autre élément sera de recourir à la politique fiscale pour susciter la générosité. Il faudrait recourir à des mesures initiales visant à accroître la déductibilité des dons de bienfaisance. On pourrait aussi explorer des modèles de financement exonérés d’impôt.

Services partagés : Une deuxième stratégie consistera à réduire les frais généraux. Les formes de collaboration qui accroissent l’efficacité permettront d’utiliser les ressources limitées de manière à ce qu’elles aient plus d’impact.  Des services administratifs collectifs pouvant tirer parti de l’expertise et de la technologie disponibles se révèlent efficaces et seront indispensables à l’efficience des opérations. Les services qui se prêtent à la collaboration incluent la comptabilité, la billetterie, les achats et la gestion des ressources humaines et des avantages sociaux.

Installations : L’expansion des « fiducies pour installations culturelles », inspirées des modèles exemplaires existant à Pittsburgh, Cleveland, New York et Denver, pourrait être une solution pour permettre aux différents éléments du secteur de « se concentrer sur ce qu’ils font de mieux ». Les producteurs peuvent se concentrer sur l’exécution du travail et les exploitants, sur l’administration des immeubles. Ces entreprises se voudront les partenariats public-privé ayant accès à des capitaux, la capacité à exploiter et maintenir les biens, et la créativité requise pour trouver de nouvelles sources de recettes.

Consolidation : On peut s’attendre à des fusions entre des organisations de grande valeur, petites et grandes. La combinaison des énergies créatives d’entités bien et mal nanties, d’une façon novatrice et mutuellement avantageuse, pourrait créer des occasions d’engagement et de service.

Risque: Il faudra adopter des modèles à risques partagés pour inciter les producteurs, les présentateurs, les artistes, les artisans et les publics à regarnir les voies du produit et de la participation.  Il faudrait explorer l’établissement de  partenariats misant sur une réduction des garanties et de l’engagement de dépenses en échange d’avantages en aval.

4. Recapitalisation

Le rétablissement de la capacité du secteur à créer et présenter un contenu exigera de la collaboration et une gestion judicieuse des ressources limitées, en temps, en argent et en leadership.

Le secteur à but lucratif peut recourir à des « marchés financiers efficients » pour créer un capital, mais il faudra impérativement créer un système semblable pour le secteur des arts et de la culture à but non lucratif. Le rendement consistera en une valeur publique, soit de veiller à ce que nos collectivités soient des endroits où les gens veulent vivre et travailler. La philanthropie de capital-risque social et l’investissement à impact social constitueront des éléments de solution. Les fondations et le secteur public, avec leur accès à des capitaux importants, seront des partenaires incontournables de la relance. Il ne faut pas oublier que les ressources feront l’objet d’une concurrence intense. Il sera donc essentiel de se concentrer sur une raison d’être convaincante et des preuves d’avantages pour la collectivité. La reprise culturelle peut être un important pilier de la relance économique en contribuant à l’emploi et en créant une valeur durable en même temps que les autres secteurs.

Stratégies

Leadership : Le leadership est à la base de tout. L’artiste occupe certes une place critique, mais c’est aussi le cas de nos structures professionnelles et de gouvernance. Nous devons doter les conseils d’administration de leaders productifs, représentant les communautés visées et possédant les compétences et ressources dont nous aurons besoin, qui peuvent aider le secteur dans son cheminement vers la réussite. En plein cœur de cette crise, nous avons aussi l’occasion de mieux mener le changement générationnel déjà en cours parmi les cadres à l’échelle de l’organisation.

Structure : Il faudra aussi absolument complètement transformer les modèles opérationnels pour qu’ils soient axés sur les recettes. La philanthropie devrait être considérée comme un capital de placement plutôt que comme une subvention. Cela exigera l’établissement d’un partenariat différent entre les artistes, les administrateurs, les investisseurs et les donateurs. La générosité demeurera certes indispensable à la vitalité, mais il faudra mettre en place des partenariats lucides prévoyant un rendement économique et social pendant que les autres secteurs de l’économie se concentrent sur la reconstruction.

Fabrication d’un espace public : Il faudra aussi absolument créer des partenariats public-privé qui permettent aux artistes et aux organisations de reprendre le travail afin de rendre nos collectivités plus belles, plus réfléchies et plus interdépendantes.  On pourrait inclure parmi les ressources éventuelles des investissements dans les programmes, des prêts d’exploitation à faible taux d’intérêt, des partenariats avec des organismes de réaménagement communautaire et des institutions financières d’aménagement communautaire.

5. Retour

Le secteur des arts et de la culture est avant tout un grand rassembleur.  

Certaines personnes seront sans aucun doute prêtes et disposées à se rassembler rapidement pour partager et célébrer, mais d’autres, clairement, mettront plus de temps à réintégrer les musées, théâtres et salles de spectacles.  Il faudra du temps pour rétablir la masse critique de participation nécessaire pour produire les recettes gagnées qui donnent les résultats voulus. Cela signifie que le secteur des arts et de la culture doit concevoir une voie d’entrée qui se développe avec le temps et envisager un accès aux ressources dans le contexte de la demande locale et régionale. De nombreux leviers se présentent : l’envergure des interventions, leur fréquence, leur déroulement et les espaces (et technologies) choisis en vue de leur exécution.

Il est raisonnable de penser qu’il faudra attendre un certain temps avant que les gens ne se sentent pleinement confiants (il faudra peut-être attendre qu’un vaccin soit mis à l’essai et généralement disponible), ce qui nécessitera un degré plus modeste de distribution, menant à un moment où il sera possible de mettre en place des opérations plus courantes et une échelle d’activité plus normale. Il faudra prendre des décisions épineuses au sujet de ce qui peut reprendre et quand. Durant cette transition, il faudra se montrer réaliste pour ce qui est de la gestion de nos ressources, tout en reconnaissant que nos décisions auront des conséquences réelles sur le gagne-pain de nombre d’artistes et d’administrateurs. Un suivi et une réévaluation constants de la façon dont le secteur rajuste l’échelle de ses activités s’imposeront pour aider les institutions piliers à envisager comment jouer leur multitude de rôles.

Stratégies

Mobilisation : La visibilité et la présence à ce stade du processus seront indispensables, et les manières d’y parvenir varieront selon les producteurs créatifs. Avant que le public n’ait assez confiance pour se rassembler en grand nombre, il est recommandé de se concentrer sur les activités de plus petite envergure, sur des stratégies de mobilisation et d’éducation, d’encourager l’expression créative indirectement et de « rester présent ». Des démarches précoces de mobilisation communautaire porteront fruit, tandis qu’un retour hâtif sur scène passera nécessairement par des efforts pour rendre le travail plus visible et disponible.  Les prestations pourraient être réduites, beaucoup plus informelles et moins élaborées que ce qu’elles peuvent être en définitive, mais l’essentiel sera qu’elles soient en direct, live.

Révélation : Vu la longue piste de décollage que supposent la création et la présentation d’un nouveau produit, l’on pourrait en profiter pour révéler le processus de création pendant que les artistes sont à œuvre et partager la magie de la création en vue de nouer et l’élargir les relations. On pourrait s’inspirer des leçons tirées la transition actuelle au numérique et de l’expérience ainsi acquise pour mieux comprendre les mécanismes efficaces d’ouverture à cette partie de notre travail.

Recalibration : Il faudra absolument réexaminer les coûts de production. La direction, les artistes, les producteurs et la main-d’œuvre, entre autres, devront explorer concrètement des possibilités de réduire les coûts et d’accroître la souplesse économique. Il s’imposera de renégocier les coûts fixes élevés, y compris les conventions collectives conclues en période d’abondance, et d’établir de nouvelles relations de travail.

Sécurité : Certes, la demande refoulée sera réelle, mais comme le sera aussi le souci pour la sécurité personnelle. Les mesures de sécurité en milieu de travail et dans les espaces publics, tant réelles qu’apparentes, constitueront une préoccupation de premier ordre pour les artistes, le personnel et le public.  Il faudra mettre au premier plan des stratégies qui reconnaissent et valorisent les contributions de tous les intervenants nécessaires pour créer un produit artistique. Il faudra miser sur les communications claires et fréquentes.

Patience : Il sera indispensable de répondre à la demande là où elle se manifeste pour faire en sorte que les ressources engagées produisent le rendement voulu. Il faut recouvrer littéralement des centaines de millions de visites annuelles. Cela donne l’occasion non seulement de rallier de nouveau les habitués, mais aussi de recruter de nouveaux clients. Une stratégie explicite, que révèlent des décennies de recherches et de planification de notre part, semble indiquer que si nous nous engageons à « inviter, accueillir et conserver » ceux et celles qui ne font pas encore partie de notre clientèle, nous pouvons augmenter la participation.


Le fait est que la capacité économique et la participation sont appelées à fluctuer. Il faudra donc impérativement nous montrer judicieux du côté de l’offre et réalistes dans nos prévisions. On a déjà bien documenté l’argument fondé sur l’importance du rôle des arts et de la culture et plus particulièrement l’importance critique des institutions culturelles piliers ancrées en place, mais beaucoup d’éléments vont changer.

Des stratégies créatives, réfléchies et innovatrices s’imposent pour retourner à un état florissant. Cela exige une planification attentive et rigoureuse, ainsi que l’établissement de nouveaux partenariats qui réduiront l’endettement du secteur et favoriseront sa recapitalisation.

Cela prendra du temps. Le temps d’agir est maintenant.

La planification de scénarios au temps de la COVID-19

La crise de la COVID-19 a des répercussions sans précédent sur le secteur des arts et de la culture. Dans un contexte d’incertitude et de changement constant, les organismes doivent continuer à faire face aux défis immédiats que pose cette crise tout en s’efforçant de comprendre ses retombées éventuelles le mois prochain, la saison prochaine et dans l’avenir. Dans le cadre de notre série d’apprentissage en ligne, Reprise, OC a accueilli Susan Nelson et Bailey Hoar de TDC, qui ont expliqué comment élaborer des scénarios où s’entrecroisent les impératifs de la santé publique, la demande du public et la programmation et montré comment une planification constante de scénarios peut aider les organismes dans leur reprise et leur repositionnement à long terme.

À chacun de ces stades, il faut tenir compte des restrictions liées à la santé publique, de la demande et des attitudes du public, ainsi que des facteurs de programmation  Pour maintenir la flexibilité et la réactivité nécessaires dans une situation fluide, Susan et Bailey recommandent une planification par cycles trimestriels mobiles plutôt qu’une planification annuelle ou pluriannuelle.

Enregistrement disponible ici (en anglais seulement).

Il est difficile d’ajouter quoi que ce soit au cadre explicite que  Susan et Bailey ont décrit; néanmoins, il convient d’insister sur deux aspects clés de leur présentation.

À retenir : la mission est plus importante que les manières traditionnellement employées pour la réaliser. La principale activité de nos orchestres a toujours été de rassembler des personnes en grand nombre en vue de présenter des spectacles sur scène. Mais leur mission est sans doute plus profonde que les moyens mis en œuvre pour ce faire. Si votre mission consiste à assurer un service communautaire et à procurer une valeur à la communauté, vous pouvez réimaginer comment cet engagement peut se manifester.  Plutôt que de façonner les activités actuelles en fonction des restrictions sanitaires, qu’arriverait-il si l’on faisait éclater complètement les saisons de l’orchestre? De quoi pourrait avoir l’air une saison d’activités communautaires de petite envergure? Comment produire des résultats conformes à la mission mais d’une manière différente?

Planifier pour le pire, mais être prêt pour le meilleur. Susan et Bailey ont insisté sur l’importance de l’agilité pour la planification. Elles ont conseillé de partir du pire des scénarios et d’échafauder des plans sur cette base. Comme nous l’avons mentionné, elles recommandent de faire des plans par cycles trimestriels mobiles en réévaluant les cycles suivants au fur et à mesure de la disponibilité d’une information nouvelle.

Nous sommes ouverts à vos commentaires sur ce cadre; nous sommes également très reconnaissants envers Susan et Bailey d’avoir bien voulu nous faire part de leur expertise.