La musique comme médicament : Les orchestres et la prescription sociale

Blogue d’invité de Claire Speed et Ian Ritchie.

« La musique et le rythme font leur chemin vers les coins secrets de l’âme » Platon

En juin 2019, deux conférences nationales ont eu lieu à Ottawa durant la même période de deux jours. L’une portait sur les connexions en santé communautaire et l’autre, sur l’orchestre du 21e siècle. À première vue, elles ne semblaient rien avoir en commun. L’une traitait de santé, l’autre, des arts. Pourtant, elles avaient un but en commun : créer des communautés plus saines, plus inclusives.

https://www.health.org.uk/infographic/what-makes-us-healthy

Nous n’avons jamais douté du pouvoir curatif des arts, mais leur valeur n’a jamais été pleinement réalisée ni adoptée. Cette attitude pourrait toutefois être en voie de changer. On constate un mouvement croissant, au Canada et à l’échelle mondiale, visant à sensibiliser les politiciens et le milieu médical au potentiel de guérison des arts : « Le pouvoir de la musique d’intégrer et de guérir… est fondamental. Elle constitue le médicament non chimique le plus profond. » (Oliver Sacks, L’éveil). Les pénuries de fonds ont obligé certains gouvernements à modifier leur manière d’envisager la prestation des soins de santé, délaissant les soins hospitaliers et la sur-prescription de médicaments en faveur de l’autogestion de la santé davantage centrée sur le patient. Comme on peut le lire dans un rapport de 2017 du  Groupe parlementaire de tous les partis sur les arts, la santé et le bien-être du Royaume-Uni « près du cinquième des patients voient un omnipraticien pour un problème qui requiert une solution sociale. » Face à cette situation, certains intervenants en soins primaires adoptent maintenant une approche plus proactive en recourant à la prescription sociale, « un effort de co-création entre un fournisseur de soins de santé et un patient qui reconnaît les atouts, intérêts et besoins en santé du patient et y répond » (La prescription sociale en Ontario : Rapport d’étape). La prescription sociale ne vise donc pas actuellement à remplacer les principales composantes de la médicine primaire, mais bien à les compléter.

Bien que les bons professionnels de la santé au Canada se livrent à ce genre de démarche depuis des décennies, le mouvement de la prescription sociale a importé la terminologie et l’élan du Royaume-Uni au Canada, et en particulier en Ontario, grâce à un projet financé par le ministère ontarien de la Santé et des Soins de longue durée et piloté par l’Alliance pour des communautés en santé, un réseau d’organisations de soins primaires régies par la communauté qui inclut les Centres de santé communautaires (CSC). L’Alliance a présenté des séances sur la prescription sociale aux deux conférences nationales qui ont eu lieu à Ottawa en juin dernier. En ce qui concerne les orchestres, il nous semblerait normal qu’ils élargissent leur mandat (et leurs sources de financement) pour inclure la santé et le bien-être, tout comme ils le font depuis de nombreuses années en matière d’éducation : cela créerait de nouvelles occasions de déployer le pouvoir de la musique auprès d’un public plus vaste que celui des salles de concert et des établissements d’apprentissage pour englober l’ensemble de l’expérience humaine, depuis les nouveau-nés jusqu’aux personnes qui reçoivent des soins palliatifs. Il existe à première vue peu de moyens évidents que les orchestres peuvent employer pour s’investir dans la prescription sociale en dehors du bénévolat, comme cela se fait déjà, ou par l’envoi de billets gratuits qui donnent la chance d’assister à des concerts. En ciblant et en traitant le public correctement, cela peut s’inscrire dans le modèle actuel de la prescription sociale.

Durant la séance consacrée à la prescription sociale et aux orchestres qui faisait partie de la conférence d’Orchestres Canada, Sonia Hsiung, qui mène l’initiative ontarienne à l’Alliance pour des communautés en santé, a lancé la question : « Comment voyez-vous le rôle des orchestres dans la démarche visant à améliorer le bien-être et à créer un sentiment d’appartenance à la communauté? » On a présenté aux participants aux deux conférences de juin des exemples de partenariats fructueux entre le milieu des arts et les CSC. Les responsables du programme de gestion de la douleur chronique du CSC de South Riverdale, en partenariat avec la Galerie d’art de l’Ontario, offrent une formation permettant à des ambassadeurs communautaires de mener des visites de la galerie et des ateliers d’art, « centrés sur la santé et le bien-être en vue d’appuyer l’autogestion et un mode de vie sain », auprès de personnes ayant un vécu semblable. Pourquoi les orchestres canadiens ne pourraient-ils pas concevoir des initiatives communautaires analogues avec les fournisseurs de soins de santé d’une localité en vue de faciliter l’accès de ceux et celles qui font face à des obstacles sociaux et en matière de santé et qui ne peuvent pas normalement assister à des concerts? Ou pourquoi les programmes de guide-interprète offerts par le comité de bénévolat d’un orchestre ne pourraient-ils pas inclure des clients des CSC qui manifestent un amour pour les enfants et qui pourraient prêter main-forte durant les activités préalables aux concerts-famille? Avec la volonté suffisante et le soutien voulu, de nombreux autres partenariats novateurs comme celui de Toronto pourraient être mis à l’essai.

Selon nous, on peut visualiser la relation entre d’une part la musique et d’autre part la santé et le bien-être comme quatre cercles qui se chevauchent – la « musicothérapie », la « musique comme médicament », la « musique comme forme de soin » et la « musique dans la communauté ». Les divers bienfaits que la musique et les arts peuvent procurer à la société, sur les plans de la santé, du bien-être, des soins et de la vie communautaire, semblent indiquer que notre profession ne devrait pas uniquement compter sur les apports culturels de recettes, publics ou privés, mais aussi bénéficier d’une reconnaissance financière de la part des fournisseurs de services d’éducation, de soins de santé et de bien-être social. Une approche de financement plus holistique et intégrée enrichirait tous les domaines de travail interreliés.

Cela mène naturellement à penser que la prescription sociale – actuellement considérée comme un bon complément social et communautaire de la pratique clinique, bien qu’elle dépende essentiellement d’occasions artistiques et sociales bénévoles ou bénéficiant d’une enveloppe budgétaire unique – pourrait un jour être sur un pied d’égalité avec la prescription pharmaceutique pour son impact sur la santé et être intégrée au système officiel des soins de santé. L’annonce par le gouvernement britannique, en octobre, d’une aide financière destinée à une nouvelle académie de la prescription sociale, ayant pour mission de réglementer la prestation des services en question et de mettre ceux-ci à la disposition de tous les patients au pays, constitue un pas dans la bonne voie. Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur « le rôle des arts dans l’amélioration de la santé et du bien-être » est aussi encourageant. L’Ontario et d’autres provinces pourraient éventuellement être les prochaines sphères de compétence à adopter la prescription sociale pour tous les patients. D’ici là, nous pouvons chercher des occasions de faire front commun, d’essayer différentes démarches, de mener des projets de démonstration et de faire valoir le pouvoir curatif de la musique et des arts.

La santé et le bien-être sont à la fois des enjeux locaux et mondiaux. Dans les cultures traditionnelles, les remèdes médicaux ont toujours été cultivés et obtenus localement. En ce qui concerne les arts, leur succès international sur les plans de la création et de la conservation dépend normalement de la force des origines et de l’identité locales des œuvres et de leurs créateurs. Les activités et réseaux favorables à la prescription sociale – et au recoupement entre les arts, la santé et le bien-être en général – continueront donc à se développer à l’échelon local et à se propager au-delà des frontières : le monde est notre nous et vice versa.

Ian Ritchie vit à Londres et est directeur artistique du festival de musique de Setubal et de The Musical Brain, en plus d’être coprésident de Music Action International. Claire Speed vit à Ottawa; elle est consultante indépendante et facilitatrice pour les arts, la santé et la collectivité.

Ian et Claire s’emploient à établir Musico-Nexus, une entité internationale ayant pour mission de créer des projets, d’organiser des événements et de mettre en place des réseaux qui appuient la contribution puissante et enrichissante de la musique à la santé et au bien-être individuels, à l’inclusion sociale et à la pratique interdisciplinaire. Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec [email protected].

Pour des orchestres de jeunes ouverts et une musique inclusive

Photo, Ian RitchieLettre d’Ian Ritchie, conférencier à la conférence nationale d’Orchestres Canada de 2019, aux membres d’OC au sujet du rapport L’orchestre retentit.

Ayant déjà participé aux conférences organisées par vos prédécesseurs de l’Association des orchestres canadiens au début des années 1990, quand je présidais l’Association of British Orchestras et dirigeais le Scottish Chamber Orchestra, j’étais ravi d’avoir été invité de nouveau à participer à vos récentes délibérations à Ottawa. Conscient du caractère palpitant de la période d’innovation et de changement que traversent les orchestres de nos pays respectifs, ainsi que de l’ingéniosité stratégique et de l’effort créatif si clairement à l’œuvre dans nombre d’orchestres canadiens, je vous semblerai peut-être présomptueux d’ajouter des suggestions à votre liste de réponses déjà bien réfléchies au récent rapport L’orchestre retentit. Mais je prends une chance!

L'orchestre retentitJe préconiserais l’établissement d’« orchestres » de jeunes « ouverts », communautaires et socialement inclusifs, en partenariat avec des orchestres professionnels à l’échelle du Canada, comme réponse stratégique et pratique aux revendications exigeantes et catégoriques incluses dans le rapport. Ces orchestres seraient inspirés du modèle du Setúbal Youth Ensemble que j’ai développé au cours des cinq dernières années dans le cadre de mon festival de musique au Portugal. En bref, grâce à un processus d’auditions ouvertes excluant toute hypothèse quant à une structure orchestrale eurocentrique, l’Ensemble résultant a permis de recruter et de conserver environ le quart de ses membres auprès de groupes de tradition auditive, venant de la population locale d’immigrants des anciennes colonies portugaises d’Afrique et d’Amérique du Sud, et un autre quart composé de jeunes à besoins spéciaux et aux prises avec diverses incapacités, tandis qu’environ la moitié des membres viennent du milieu traditionnel de l’éducation musicale, tous étant choisis en raison de leur talent. Comme l’instrumentation dépend des jeunes musiciens retenus plutôt que l’inverse, il n’y a pas de répertoire standard. Toute la musique de l’Ensemble doit donc être spécialement composée ou arrangée pour le groupe : cela a créé des occasions de création uniques pour une génération nouvelle de compositeurs et nécessité des combinaisons inhabituelles d’instruments (y compris l’utilisation de la technologie accessible, au besoin) et l’invention de notations spéciales pour permettre la participation des membres incapables de lire la langue musicale traditionnelle. Cet Ensemble est « l’orchestre de jeunes » officiel de Setúbal.

Je crois qu’il sera important pour les orchestres, s’ils veulent réagir avec résonance au rapport L’orchestre retentit, de poursuivre leur évolution positive et gérable, plutôt que de provoquer une révolution soudaine et éventuellement dommageable. Le modèle Setúbal peut appuyer cette approche en suscitant une action décisive et en veillant à ce que toute « révolution » qui s’impose soit menée par les générations nouvelles et émergentes de musiciens qui misent sur la collaboration. Les ensembles de ce genre – qui formeront des communautés musicales jeunes, novatrices, adaptables, inclusives et diversifiées – auront de bien meilleures chances que les orchestres matures, établis et bien sûr moins souples, de persuader les conservatoires et universités d’écouter leurs revendications en faveur de transformations fondamentales dans leurs parcours d’enseignement et de formation, ainsi que d’y répondre. Ces parcours sont actuellement trop étroits et insuffisamment balisés pour aider les musiciens issus d’une tradition non eurocentrique ou autochtone à faire de véritables progrès; ils sont aussi complètement inaccessibles pour la plupart des personnes ayant des incapacités physiques, des difficultés d’apprentissages et d’autres besoins spéciaux.

Bref, l’adoption du modèle du Setúbal Youth Ensemble, adapté en fonction de chaque ensemble et de chaque communauté, aura pour conséquence, au lieu d’imposer les hiérarchies classiques de l’Occident et ses pratiques en matière de leadership, d’instrumentation, de répertoire, de notation et de méthodes de répétition, de favoriser l’inclusion dans le processus de divers genres musicaux (selon la composition diversifiée du groupe), d’œuvres et d’arrangements nouveaux, de l’improvisation, de la créativité mutuelle et d’échéanciers réglables. Cette approche n’est pas nécessairement coûteuse; elle est accessible pour les jeunes musiciens de tous les milieux et peut aider à répondre aux préoccupations exprimées par les défenseurs de l’équité, surtout parmi la population autochtone. En plus, elle multiplie pour les compositeurs et autres artistes créateurs les occasions de collaboration; elle peut promouvoir la musique comme forme artistique et plus largement sur divers fronts, y compris celui de son potentiel éprouvé mais inexploité sur les plans du développement, de la santé et du bien-être personnels. Cela aurait un succès retentissant!

Ian Ritchie (Londres, Angleterre, juillet 2019)

Blogue d’invité : La musique pour toutes habiletés dans la capitale du Canada

Child trying out a flute at a Music Circle eventOn semble de plus en plus conscient, ces dernières années, du besoin de rendre les arts et la musique plus accessibles pour la communauté à besoins spéciaux. La musique s’inscrit dans l’expérience humaine, et tous ont le droit d’en profiter. Mais les concerts traditionnels posent des obstacles parfois difficiles à surmonter : éclairage intense, sonorité forte, coût élevé, et règles d’étiquette et normes de comportement qui peuvent rendre l’assistance à un concert orchestral impossible pour beaucoup de personnes ayant des besoins spéciaux. Il faut aussi reconnaître la rareté et le faible nombre des possibilités d’éducation artistique vraiment accessibles. L’accessibilité physique ne constitue qu’un élément du problème; la vraie accessibilité suppose d’éliminer tous les obstacles, ce qui exige de la créativité de la part des organismes artistiques.

Child with earmuffs trying a horn at a Music Circle eventLa participation à des interprétations musicales et à des concerts accessibles procure des avantages qui dépassent le strict cadre de la musique. La participation à un programme musical adapté accessible peut faciliter le développement des compétences sociales en encourageant l’intervention à tour de rôle et les rapports avec les pairs. La stimulation sensorielle que suscitent le jeu d’un instrument et l’écoute de la musique dans un environnement contrôlé peut favoriser l’autoréglementation et promouvoir le bien-être. Pour les parents dont les enfants ont des besoins spéciaux, l’occasion de prendre part à une activité artistique d’une manière facile pour leur enfant est inestimable.

Le Centre national des Arts d’Ottawa a adopté cette cause en créant un milieu accueillant et adapté pour les élèves ayant des besoins spéciaux grâce à son programme novateur du Cercle musical. À la fois éducation musicale et expérience de concert, cette initiative hybride vise à répondre aux besoins des jeunes publics à besoins spéciaux. Les jeunes participent en petits groupes à une série d’ateliers pratiques centrés sur une famille d’instruments (cuivres, vents, cordes ou percussion) et assistent ensuite à un concert adapté aux sensibilités sensorielles mettant en vedette ces mêmes instruments. Le tout se déroule dans un milieu confortable, offrant diverses options pour s’asseoir, de l’espace pour bouger et une aire tranquille pour les pauses requises. Le matériel des ateliers est conçu pour répondre aux besoins de chacun des participants et leur permettre d’avoir des interactions avec les instruments et entre eux d’une manière confortable et valable pour eux. Le concert est planifié avec soin pour éviter une sursimulation sensorielle. Pour de nombreux jeunes, la participation à ce programme a aussi servi à faire le pont à l’assistance à des concerts réguliers de l’orchestre; le CNA a aussi facilité cela en offrant, lors des concerts pour la famille, des activités préconcert adaptées aux sensibilités sensorielles. Grâce au programme Cercle musical, des centaines de personnes à besoins spéciaux de tous âges ont découvert l’orchestre et assisté à des concerts conçus pour répondre à leurs besoins. Cette initiative a suscité un amour de la musique chez beaucoup d’entre elles, qui se sentent accueillies et à l’aise au Centre national des Arts.

Merci à Erin Parkes du Lotus Centre for Special Music Education d’avoir écrit cet article. Erin sera à notre conférence nationale pour parler sur les orchestres et l’inclusion social avec Ritchie (Setúbal Music Festival), Faith Scholfield (Windsor Symphony Orchestra) et Elizabeth Simpson (Orchestre du CNA).

Du développement à l’engagement

Donna Walker-KuhneDans le cadre de la conférence nationale d’OC à Ottawa du 11 au 14 juin, nous accueillerons Donna Walker-Kuhne comme conférencier d’honneur. Donna est actuellement conseillère principale, Implication communautaire au New Jersey Performing Arts Center (NJPAC). Créée il y a quatre ans par Donna Walker-Kuhne, la division de l’engagement communautaire du NJPAC produit, malgré sa taille réduite (elle ne regroupe que trois employés), des résultats étonnants. Le NJPAC qui, chaque année, offre plus de 200 spectacles et attire 30 000 personnes, s’emploie activement à diversifier le public des arts et utilise de nombreux moyens pour le mobiliser.

Les secrets de l’engagement communautaire

Dès le début de leur intervention, Donna et son équipe ont décidé de faire largement appel au conseil consultatif communautaire déjà en place au NJPAC pour qu’il l’aide à orienter leur travail. « Nous avons un conseil consultatif extraordinaire qui crée des spectacles intéressant la collectivité, qui initie le public aux arts, l’implique dans les arts et le renseigne sur les arts », dit-elle. La collaboration entre la division de l’engagement communautaire et le conseil consultatif a transformé le mode de fonctionnement du NJPAC. « Cette action a eu un grand impact non seulement sur les auditoires, mais aussi sur les possibilités que nous offrons aux entreprises qui sont nos bailleurs de fonds. Parce que nous pouvons leur offrir une empreinte dans la collectivité, elles affectent des fonds additionnels et, dans certains cas, financent exclusivement notre division. »

Les mesures de réussite

Il peut être difficile de mesurer l’impact de ce travail sur les communautés. Donna a parlé de mesurer le succès au NJPAC en fonction des actions des organismes et associations communautaires. « L’achat de billets ne constitue pas un de nos paramètres. Nous ne sommes pas une entité de vente », dit-elle. Ils examinent plutôt le degré d’engagement des organismes qu’ils desservent selon une « échelle d’engagement » englobant les diverses formes d’interactions avec les spectacles offerts au NJPAC :

  1. Assistance à des spectacles gratuits
  2. Promotion des spectacles au NJPAC (circulaires, e-blasts, prestation d’une aide au NJPAC pour l’aider à rejoindre des publics qui autrement seraient négligés)
  3. Venue de groupes à des spectacles
  4. Bénévolat lors de spectacles

Tout organisme qui cumule trois de ces quatre interventions est appelé un partenaire engagé, et leur suivi constitue une mesure clé du succès. Le NJPAC compte actuellement 122 partenaires engagés.

Le développement des publics et l’engagement communautaire

Photo of NJPAC with a packed crowd outsideComment ce travail a-t-il changé au fil du temps ? « Il évolue. Je fais ce travail depuis 1982, affirme Donna. À cette époque, nous n’avions pas les mots pour décrire le manque de diversité au sein du public, mais une conversation était amorcée. » Il a fallu un certain temps pour que les organismes réagissent à ce qu’ils entendaient. Dans les années 1990, on a commencé à parler de développement des publics, et certaines fondations ont commencé à y consacrer des fonds. Avec le temps, on a fini par associer cette expression aux ventes, au développement des publics pour qu’ils achètent des billets. L’expression engagement communautaire correspondait à l’étape suivante. « Il faut tout d’abord cultiver la communauté, signale Donna, pour qu’elle s’intéresse à ce que nous faisons. »

Bien que la terminologie ait changé, les organismes artistiques éprouvent tous vivement le désir de mobiliser davantage les collectivités. Il n’est toutefois pas facile d’intégrer cette action dans les plans à long terme. Il faut, au sein même de l’organisme, y consacrer du temps et de l’argent pour qu’elle se réalise. « Il faut en faire une priorité, précise Donna. Le conseil d’administration et la haute direction doivent prendre cette action à cœur. » Il est important d’avoir des moyens de mesurer le succès et de tisser des liens qui durent au-delà d’un projet en particulier ou d’un employé donné. La tâche n’est pas facile, mais elle crée pour les orchestres la possibilité de toutes sortes de relations intéressantes, enrichissantes et durables avec les communautés.

Donna donnera le discours d’ouverture de la conférence nationale et animera un atelier qui décrira des pratiques exemplaires dans le domaine de l’implication communautaire en discutant des mesures de réussite pour ces programmes. Elle présentera également des stratégies tangibles pour attirer et accroître un public multiculturel dans le domaine des arts. Pour en savoir plus, consultez la section sur la conférence nationale du site Web d’OC.

Bâtir un organisme numérique

Le mot « numérique » provoque un vaste éventail de réactions de la part des administrateurs des arts, allant de cris de joie à… de simples cris. Que le numérique avec un grand « N » fasse partie de l’ADN de votre organisme ou qu’il s’agisse simplement de l’apanage, selon vous, des milléniaux qui font partie de votre personnel, il ne fait aucun doute que les orchestres communiquent avec leurs publics sur des plateformes numériques sous des formes à la fois nouvelles, passionnantes et alarmantes.  En préparation pour notre Conférence nationale, nous avons rencontré (numériquement, bien sûr) Fiona Morris de The Space pour discuter des possibilités et écueils de l’intégration de la technologie numérique dans les arts.

Fiona est directrice exécutive et directrice de la création à The Space, un organisme de développement et de mise en service du Royaume-Uni, qui collabore avec des artistes pour créer de nouveaux projets. The Space appuie aussi les organismes du secteur des arts en matière de stratégie numérique en offrant du mentorat, de la formation et des services d’experts-conseils. Avec son collègue John White, Fiona animera une séance pré-conférence pour discuter de certains défis sur la stratégie numérique.

Pourquoi le numérique et pourquoi maintenant ?

Photo: People discussing around laptopsBien que ce ne soit pas d’hier que nous parlons d’intégrer les technologies numériques dans nos organismes artistiques, notre manière d’en parler doit changer. « Le mot “numérique”, dit Fiona, est un de ces mots de notre temps. Il a le malheur de pousser les gens à se sentir inadéquats. Peu importe qu’on en connaisse le sens parce que vraiment il ne veut rien dire du tout. » On tend à l’utiliser comme un mot passe-partout pour décrire toute activité en ligne, sans toujours savoir ce que cela signifie. Les orchestres veulent être numériquement actifs, mais cela ne se résume pas à faire la diffusion continue en direct de tout ce qu’ils font. Il faut choisir stratégiquement ce que l’on présente en ligne pour que notre temps et notre argent, deux denrées limitées, aient le plus d’impact possible.
Nous n’avons pas besoin de « faire plus dans le numérique ». Selon Fiona, le numérique est une « manière de communiquer avec les publics qui est entièrement révolutionnaire. » Le nombre croissant d’outils numériques à la disposition des organismes artistiques et de leurs publics change complètement la donne ; il signifie que nos publics peuvent être à des milliers de milles ou sous nos yeux, soit une synthèse à la fois emballante et troublante de l’hyperlocal et du mondial.

Possibilités et défis

Comme nous le savons à Orchestres Canada, les organismes artistiques s’interrogent sur la façon de commencer à utiliser les technologies numériques compte tenu du temps et de l’argent limités qu’ils peuvent y consacrer (jetez un coup d’œil aux résultats du sondage sur la stratégie numérique que nous avons effectué auprès des orchestres membres).

Nous traversons une période extraordinaire pour les organismes culturels. Nous pouvons rejoindre notre public comme jamais auparavant. « Pour les organismes culturels et de création, cette possibilité de communiquer avec les publics et de connaître immédiatement leurs réactions est extraordinaire », affirme Fiona. Il est toutefois intéressant de signaler que c’est une relation où tout le pouvoir est entre les mains du public. Nos auditoires consomment chaque jour une grande quantité de contenu numérique et ont de plus en plus le pouvoir de déterminer ce qu’ils vont consommer et ce qu’ils vont laisser de côté. Nous devons savoir ce que nous voulons quand nous demandons à notre public d’emprunter la voie numérique vers nous.

Souvent, les organismes artistiques se tournent vers les plateformes numériques (qui ne leur sont pas très familières) pour essayer de recruter de jeunes publics (avec lesquels ils n’ont guère d’expérience en matière de communication). Fiona nous incite à maîtriser tout d’abord l’un de ces deux aspects plutôt que de s’aventurer en deux terrains peu familiers. Il faut être bien clair et cohérent dans le message que nous voulons transmettre aux publics numériques, à savoir qui les compose et pourquoi ils veulent nous écouter.

Approche et intégration du numérique

Nous avons demandé à Fiona de donner des exemples de traits qui caractérisent les organismes qui ont réussi à transformer leurs démarches numériques. Elle a signalé la clarté de leur message et énoncé une série de questions, y compris les suivantes, auxquelles les organismes à l’aise dans le numérique pouvaient fournir des réponses solides :

  • Qui sont ceux qui composent le public ?
  • Où est le public ?
  • À quelles sortes de conversations se livre-t-il ?
  • Pourquoi devrait-il se tourner vers nous ? (autrement dit, en quoi notre balado ou diffusion continue en direct se distingue-t-elle des autres ?)

Fiona a aussi insisté sur le fait qu’une stratégie numérique devait avoir des racines dans chaque secteur de l’organisme. « La plupart des organismes artistiques sont très cloisonnés; les gens du marketing ne parlent pas aux créateurs, qui ne parlent pas aux responsables de la collecte de fonds. Avec le numérique, tout doit être intégré et progresser vers un seul et même but. »

Fiona et John de The Space animeront une séance pré-conférence sur comment intégrer vos plans stratégies et d’affaires à votre stratégie numérique. Pour en savoir plus, consultez la section sur la conférence nationale du site Web d’OC.

Journée des orchestres à petit budget de la Conférence nationale

Nous sommes ravis d’annoncer une journée destinée aux administrateurs, directeurs musicaux et musiciens des orchestres à petit budget, dans le cadre de notre conférence nationale à Ottawa, le 13 juin.

Date et heure : Jeudi le 13 juin, 9h00-17h30
Lieu : Centre national des arts du Canada, 1 rue Elgin, Ottawa, ON K1P 5W1
Coût : 100 $ + TVH

Nous avons maintenant atteint la capacité maximum de participants. 

Programme

9h00-10h00 Café, inscription

10h00-12h00. Réunion entre pairs. Sujets :

  1. Points de vue sur les manières dont les orchestres à petit budget peuvent accéder à des sources de financement : Comment présenter une demande de financement pour qu’elle soit acceptée ?
  2. Comment faire beaucoup avec peu : Qui fera quoi ? Trouver, attirer et conserver des administrateurs et bénévoles hors pair.
  3. Créer et maintenir un orchestre communautaire solide : Comment attirer et satisfaire des musiciens de talent ? Comment trouver le bon directeur musical et quel rôle doit-il jouer ?
  4. Développer les publics : Comment pouvons-nous étendre, cultiver et diversifier nos publics ? Quelles techniques s’avèrent efficaces ?

12h00-13h00. Dîner en groupe

13h00-14h00. Réunion entre pairs

14h00 – 16h00. Choix d’ateliers sur les manières dont les orchestres peuvent rejoindre les populations de plus en plus diverses, quelle que soit leur façon de se définir dans leurs communautés. Choisissez une de ces options :

  1. La programmation à l’intention des personnes ayant des besoins spéciaux
  2. Les cheminements de carrière : Solutions à long terme et remèdes à court terme en matière de diversification des orchestres.
  3. La collecte de fonds (colloque)
  4. Les modèles opérationnels : La résilience, qu’est-ce au juste ? Atelier animé par Patrick Towell (Golant Media Ventures, et The Audience Agency)

16h00 – 16h30. Pause-café

16h30 – 17h30. Présentation d’experts : des données utiles sur les arts ! La récente étude démographique du Conseil des arts du Canada sur les conseils d’administration et employés des institutions financées au moyen du programme Inspirer et enraciner.

17h30. Conclusion du programme de la journée. Les intéressés peuvent participer aux activités suivantes à leurs frais.Inscrivez-vous à l’activité de votre choix ici.

  1. Visite à pied d’inspiration autochtone de la Colline du Parlement (coût 15-20 $ par personne ; inscription obligatoire)
  2. Concert d’OrKidstra (les billets sont gratuits mais doivent être réservés à l’avance)
  3. Dîner prix fixe au CNA; coût estimatif de 50 $ par personne, non compris les taxes, pourboires et boissons alcoolisées.

Conférence nationale complète

Si vous souhaitez vous joindre à nous pour les trois jours de la conférence, vous seriez également le bienvenu. Vous trouverez plus de renseignements  sur la page de la conférence nationale de notre site Web.

Trois raisons de participer à la conférence nationale

L’inscription est maintenant ouverte pour la Conférence nationale d’Orchestres Canada de 2019. Cette année, nous avons lancé de nouveaux niveaux de prix pour faire en sorte que la conférence soit aussi accessible que possible. De plus, nous ne saurions dire à quel point nous sommes emballés par le programme ! Voici trois raison de vous joindre à nous du 11 au 14 juin à Ottawa.

1. Profiter du savoir de conférenciers novateurs et fascinants

Nous sommes ravis d’accueillir des conférenciers à l’avant-garde du changement dans le secteur des arts. Nous avons notamment l’honneur de présenter :

  • Nina Simon, qui se concentrera sur les risques et avantages d’amener les communautés à s’impliquer plus étroitement avec nos institutions, et elle proposera des outils que vous pouvez utiliser pour discuter avec votre conseil et vos collègues de nouvelles possibilités d’impliquer la communauté pour renforcer l’impact de votre organisme.
  • Donna Walker-Kuhne, qui décrira des pratiques exemplaires dans le domaine de l’implication communautaire en discutant des mesures de réussite pour ces programmes. Elle présentera également des stratégies tangibles pour attirer et accroître un public multiculturel.
  • Dans le cadre de notre atelier préalable sur le numérique, Fiona Morris et John White de The Space exploreront des moyens vous permettant d’intégrer vos plans stratégiques et opérationnels à votre stratégie numérique.
  • Dylan Robinson qui nous aidera à mieux comprendre et traiter respectueusement les enjeux entourant l’appropriation culturelle au moyen d’un atelier et d’un débat d’experts.

2. Participer à la conversation sur la conception de l’orchestre du 21e siècle

Venez assister à des ateliers animés par des spécialistes et menés par des pairs pour participer à des conversations essentielles sur la manière dont les orchestres s’adaptent au 21e siècle. Grâce à des séances offertes simultanément sur des thèmes comme la gouvernance, le marketing, la collecte de fonds, l’engagement communautaire et les systèmes de formation des orchestres, ces conversations nous pousseront à explorer les transformations que nous pouvons opérer au sein de nos organismes.

3. Rencontrer vos pairs d’orchestres petits et grands des différentes régions du Canada

Que ce soit autour d’une tasse de café avant le début de la journée, durant des réunions structurées entre pairs ou au cours d’une activité sociale, la conférence nationale est un rappel important du fait que vous n’êtes pas seul. Elle inclut des périodes consacrées expressément à des pairs qui font un travail semblable au vôtre pour discuter des enjeux les plus sérieux auxquels vous faites face et produire des idées de solutions.

Conférence nationale : Concevoir l’orchestre du 21e siècle


Concevoir l’orchestre du 21e siècle : Intégrer les orchestres canadiens aux collectivités canadiennes

Nous sommes ravis d’annoncer le thème et deux de nos conférenciers d’honneur de notre conférence nationale de 2019, qui aura lieu à Ottawa au Centre national des arts, du 12 au 14 juin. Des renseignements au sujet de notre conférence nationale ont été affichés sur notre site Web. Vous pouvez y profiter de tarifs réduits pour les hôtels et les voyages ainsi que faire des demandes de bourses (pour les représentants d’orchestres à petit budget (revenus annuels de moins de 2 M$), et représentants additionnels d’orchestres à budget plus élevé qui envoient déjà un délégué à la conférence. Date limite : 28 février). Pour éveiller votre intérêt, voici une courte introduction de deux de nos conférenciers principaux

Nina SimonNina Simon, directrice générale du Santa Cruz Museum of Art and History, et fondatrice du mouvement OF/BY/FOR ALL. Nina se concentrera sur les risques et avantages d’amener les communautés à s’impliquer plus étroitement avec nos institutions et elle présentera le mouvement Of/By/For All, comme un « nouveau mouvement mondial et une trousse à outils visant à aider votre organisme à devenir un élément de/par/pour la communauté. » Dans son atelier, elle explorera les communautés que vous desservez actuellement et celles que vous voudriez rejoindre et proposera des outils que vous pouvez utiliser pour discuter avec votre conseil d’administration et vos collègues de nouvelles possibilités d’impliquer la communauté pour renforcer l’impact de votre organisme.

Donna Walker-KuhneDonna Walker-Kuhne, conseillère principale, Implication communautaire, au New Jersey Performing Arts Center et fondatrice du Walker International Communications Group. Donna décrira des pratiques exemplaires dans le domaine de l’implication communautaire en s’attachant à des études de cas internationales et en discutant des mesures de réussite pour les programmes d’implication communautaire. Elle présentera également des stratégies tangibles pour attirer et accroître un public multiculturel dans le domaine des arts ; elle examinera les tendances nationales en ce qui a trait au recrutement de communautés diversifiées, aux conséquences de l’immigration et à l’impact de la presse et de la publicité.