Réflexions sur SphinxConnect: Forging Alliances

Du 27 au 29 janvier 2022, l’équipe d’Orchestres Canada a eu le plaisir d’assister à la conférence SphinxConnect: Forging Alliances. La rencontre annuelle, en mode virtuel cette année, a rassemblé une brochette exemplaire d’intervenants du milieu artistique nord-américain (musiciens, administrateurs, membres de conseils d’administration, bailleurs de fonds entre autres) en vue de discuter de la diversité en musique classique, dont notre propre concitoyen et membre du conseil d’administration d’Orchestres Canada, Daniel Bartholomew-Poyser. La conférence a abouti au concours Sphinx annuel pour jeunes musiciens à cordes noirs et d’origine latine, aussi en mode virtuel cette année, mais sans perte de talent ni de créativité. 

Dans le blogue qui suit, des membres du personnel d’OC font part de leurs réflexions sur les thèmes qui se sont dégagés de la conférence, mais nous vous encourageons à écouter aussi directement que vous le pouvez les interventions avisées des présentateurs. Les enregistrements des interventions à la conférence sont disponibles gratuitement sur une  liste d’écoute au canal YouTube de l’organisation. 

À propos de la Sphinx Organization 

La Sphinx Organization, fondée par le violoniste et professeur de musique américain Aaron Dworkin,  est une organisation de justice sociale basée aux États-Unis ayant pour vocation de transformer des vies par le pouvoir de la diversité dans les arts.  Elle a vu le jour en  1997 sous la désignation de Sphinx Competition for young Black and Latinx string players [concours Sphinx pour jeunes musiciens à cordes noirs et d’origine latine]. Le concours a toujours lieu, mais Sphinx a évolué pour offrir un éventail de programmes visant à favoriser l’excellence et à accroître la représentation des artistes noirs et d’origine latine travaillant en musique classique, y compris dans les domaines de l’éducation, de la prestation, de la commande de nouvelles œuvres et de l’offre de possibilités de développement du leadership pour les artistes et travailleurs des arts noirs et d’origine latine. 

Réflexions sur la conférence 

1- Potentiel humain et innovation 

Un thème qui s’est dégagé à maintes reprises des séances auxquelles les membres du personnel d’OC ont assisté est celui du potentiel humain et de l’innovation s’offrant aux orchestras, à condition de s’ouvrir à tout ce que cela peut offrir. Le programme de la conférence a touché à une vaste gamme  de possibilités que les orchestres peuvent exploiter, comme la gouvernance, la programmation artistique, l’éducation musicale et l’engagement communautaire. Il existe une mine de talents – tant parmi les artistes émergents que les travailleurs des arts, ainsi qu’une expertise considérable parmi ceux et celles qui œuvrent déjà dans cette discipline artistique – dans laquelle nous pouvons puiser et dont nous pouvons tirer des enseignements.  

Comme l’a signalé Achia Floyd durant la séance Rising LEADers, il ne faut pas penser à ce qu’une diversification en musique classique peut faire perdre mais plutôt à ce que l’on a à gagner… soit des occasions de développer le talent et la forme artistique qui existent déjà au sein de l’organisation et de nous épanouir grâce à une collaboration meilleure, plus novatrice et plus inclusive. 

2- Un dilemme constant pour les orchestres : maintenir la tradition ou s’adapter aux réalités actuelles 

Une observation que le personnel d’OC a particulièrement retenue est la suivante : « La tradition ne consiste pas dans la vénération des cendres, mais dans la préservation de la flamme », qu’a faite Enrique Márquez durant la séance Rising LEADers. Tout à fait! Comment l’art des orchestres et notre pouvoir rassembleur pour permettre au public d’apprécier la musique ensemble peuvent-ils (et vont-ils) servir à nos voisins en 2022 et dans l’avenir?  

Depuis quelques siècles, les orchestres ont en général été les défenseurs de la tradition – surtout de la tradition eurocentrique, aux dépens des artistes, travailleurs et membres du public racialisés. Malgré la beauté indéniable de la musique que nous avons interprétée au fil des siècles, durant les séances de  SphinxConnect, les intervenants ont à juste titre signalé que, pour assurer la survie et la mise en valeur de la musique classique au 21e siècle, il fallait se préoccuper davantage des besoins et ambitions des communautés dans lesquelles nous vivons, surtout de celles que les traditions eurocentriques ont exclues.  

Non seulement est-ce la seule option qui s’offre à nous comme êtres humains antiracistes et artistes, mais la décision de puiser dans une plus vaste mine de talents (pour ce qui est des œuvres jouées, des musiciens qui les interprètent et du personnel en coulisse) enrichit aussi le travail de l’orchestre et est indispensable si nous voulons maintenir notre pertinence et notre valeur. Comme l’a par exemple fait remarquer un panéliste, les milléniaux s’attendent à trouver une diversité dans les milieux artistiques qu’ils fréquentent; si votre  orchestre n’est pas un miroir des communautés qu’il dessert, vos publics, actuels et futurs, risquent de vous délaisser.  

Jazmín Morales, animatrice du panel Where the Wild Things Are [littéralement Où sont les choses sauvages], a insisté sur le fait que montrer son côté « sauvage » et donc être attentif aux  temps étranges que nous traversons signifie qu’il faut penser librement à ce qui est possible et ne pas s’embourber dans les procédures et habitudes. Et comme le panel Higher Registers: Evolving Artistic Excellence l’a fait observer, la pandémie nous a obligés à abandonner de nombreuses habitudes (comme des cycles de planification rigides, la durée des concerts). Comment pouvons-nous continuer à évoluer et à nous adapter aux périodes de turbulence que nous traversons? 

3- Maintenir et poursuivre le changement pour le mieux 

Dans son allocution de clôture, Weston Sprott a dit avoir vu plus de progrès sur le plan de la diversité et de l’inclusion en musique classique au cours des deux dernières années que durant toute sa vie; mais qui sait si cela va durer. « C’est à nous qu’il appartient de continuer à exercer des pressions pour faire en sorte que le progrès ne soit pas temporaire. » 

Les intervenants ont aussi insisté sur la nécessité d’un changement permanent sur le plan de la diversité dans nos disciplines artistiques; pour cela, il faut (comme David Stull l’a signalé) « modifier l’ADN » des institutions artistiques et créer et insérer dans leurs structures des mécanismes nécessitant la poursuite des changements, comme des programmes pluriannuels continus visant le progrès à long terme, plutôt que seulement dans l’instant présent, des artistes de milieux diversifiés.  

De nombreux intervenants ont fait valoir la nécessité d’élargir les démarches axées sur la diversité  au sein de chaque organisation; ces démarches ne doivent pas être limitées à un seul comité ou rôle. Ils ont souligné l’importance d’aligner les valeurs à tous les paliers décisionnels (conseil d’administration, cadres, bailleurs de fonds), en ajoutant que le changement peut s’opérer dans n’importe quelle équipe ou pour n’importe quel rôle. Par exemple, dans le groupe Learning to Disrupt ‘the White Racial Frame’ in an Industry Rooted In It” les responsables du marketing et des communications ont expliqué comment ils avaient combattu le racisme dans leur travail quotidien au Minnesota Orchestra et donné des exemples de langage raciste par opposition à non raciste. 

4- Enfin, et ce n’est pas le moins important… la musique! Conversation avec Juan-Miguel Hernandez, juge du Concours Sphinx 2022  

Headshot of Juan-Miguel HernandezJuan-Miguel Hernandez, altiste natif de Montréal qui s’est taillé une carrière internationale de distinction comme interprète, n’est pas étranger au Concours Sphinx. Durant une conversation à la mi-février avec Boran Zaza (directrice des communications et du développement d’OC) Hernandez a qualifié son premier prix dans la Division Senior du Concours Sphinx de 2006 d’ « amorce » importante dans sa carrière en musique classique :  

J’avais cela dans l’âme, mais j’avais besoin qu’on me donne l’amorce nécessaire pour lancer ma carrière. […] C’est connu, il faut être au bon endroit au bon moment. Sphinx fait en sorte qu’on le soit. 

Au sujet du concours de 2022, pour lequel il était un des juges, Hernandez a affirmé que chaque jeune interprète arrive avec des compétences techniques exceptionnelles; pour choisir les lauréats, selon lui, les juges recherchent « un sens artistique dans l’interprétation de la musique. […] Nous avons été incroyablement impressionnés par le degré de sens artistique que nous avons observé. » Parce que le concours de 2022 s’est déroulé sous forme virtuelle, les juges ont exprimé leur voix individuellement après les prestations pour choisir les lauréats (plutôt que de se réunir en personne pour arriver à une décision). Malgré le changement dans le déroulement du concours, Hernandez s’est dit « extrêmement satisfait du résultat final de cette année. » 

Félicitations aux lauréats du Concours Sphinx 2022! 

Division Senior  

  • Premier prix et gagnant du prix Robert Frederick Smith (50 000 $ : Kebra-Seyoun Charles, contrebasse 
  • Deuxième prix (20 000 $) : Gabriela Lara, violon 
  • Troisième prix (10 000 $): Harper Randolph, alto 
  • Choix du public (5 000 $): Gabriela Lara, violon 

Division Junior  

  • Premier prix (10 000 $) : Jonathan Okseniuk, violon 
  • Deuxième prix (5 000 $) : Brandon Leonard, violoncelle 
  • Troisième  prix (3 000 $) : Ana Isabella España, violon 
  • Choix du public (1 000 $) : Brandon Leonard, violoncelle 

Liens aux ressources (en anglais seulement)

Enregistrement intégral du Concours Sphinx 2022 

Enregistrements de toutes les séances de la conférence SphinxConnect 2022 

Notes sur les séances auxquelles ont assisté le personnel d’OC 

Ressources : Pleins feux sur les femmes en direction musicale

Le mercredi 27 octobre 2021, Orchestres Canada et l’Association pour l’opéra au Canada se sont associés pour présenter Les femmes en direction musicale (FDM), un programme de formation pluriannuel destiné aux femmes et personnes non binaires chefs d’orchestre.

Sous la gouverne de Tapestry Opera et de ses principaux partenaires, le Toronto Symphony Orchestra et Pacific Opera Victoria, le programme FDM cible l’iniquité historique entre les sexes au chapitre de la direction d’ensembles de musique classique en offrant une formation intensive, un mentorat et des occasions aux chefs d’orchestre doués. En tandem avec un réseau grandissant d’organismes partenaires à l’échelle du Canada, le programme permet de faciliter des placements au cours desquels les participants sont invités à observer les activités entreprises par les partenaires durant leurs saisons et à y participer.

Visionnez l’enregistrement de la session
Télécharger le document d’information sur le programme du LME

Si vous avez des questions sur la façon de vous impliquer ou si vous souhaitez en savoir plus sur FDM, veuillez contacter Jennifer Szeto, responsable du projet Les femmes en direction musicale : [email protected]

Le pouvoir des expériences vécues : Réponses artistiques à la crise climatique

Le 2 juin dernier, la Soulpepper Theatre Company, PACT et ARCA ont organisé « Les séances vertes : une journée d’apprentissage ». Le personnel d’OC y a assisté et a été époustouflé! En explorant et contextualisant les conséquences des objectifs de développement durable des Nations Unies pour les orchestres canadiens, selon le cadre stratégique envisagé par OC pour la période 2021-2024, cet après-midi d’apprentissage nous a amenés à réfléchir à une question clé : qu’est-ce que nos réponses artistiques à la crise climatique pourraient accomplir?
 

Les séances vertes : une journée d’apprentissage comprenait des plénières avec des conférenciers renommés et un certain nombre d’ateliers visant à explorer des aspects particuliers de l’urgence climatique. Les conférenciers incluaient Melina Laboucan-Massimo, the Hon. Steven Guilbeault, Jesse Wente, Seth Klein, Annamie Paul, Dale Marshall, Kendra Falconi, David Maggs, Carolynne Crawley, Alanna Mitchell, Toby Heaps, Matt Millares, Gabrielle Bastien, Batul Gulamhusein et Emma Stenning.  

Voici quelques-uns des enseignements à retenir : 

Visions du monde autochtones à l’avant-plan 

La journée a commencé par une présentation bien sentie de Melina Laboucan-Massimo (fondatrice de Sacred Earth Solar et cofondatrice de l’Indigenous Climate Action). Sa communauté d’attache est la Première Nation crie du Lac-Lubicon à Little Buffalo, en Alberta, située au cœur de la forêt boréale et des sables bitumineux de l’Alberta. Melina a insisté, comme moyen d’aborder la crise climatique, sur le pouvoir des visions du monde autochtones, valorisant la réciprocité avec la Terre mère, ainsi que la gouvernance et les structures de soin collectives. Elle a aussi traité de l’impact du traumatisme intergénérationnel sur les membres des Premières Nations résultant du racisme environnemental (comme un déversement d’hydrocarbures dans la communauté de Melina), de l’expérience des pensionnats et de siècles de colonialisme. Au Canada, pour les peuples autochtones, les génocides culturel et environnemental sont liés, étant donné que la destruction continue des terres ou l’évacuation des peuples autochtones de leurs terres contribuent aussi à détruire les modes de vie autochtones. Dans la lutte pour la justice climatique, il faut impérativement reconnaître le pouvoir des visions du monde autochtones pour éclairer les voies d’avenir et venir à bout de la douleur, de l’épuisement et du traumatisme auxquels les communautés autochtones font face dans le contexte du colonialisme. Orchestres Canada reste solidaire avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis sur la ligne de front de la lutte pour la justice environnementale.  

Pour écouter le discours thème de Melina, « Indigenous Issues and the Climate Emergency », cliquer ici 

 

La superpuissance de la narration : inspirer l’action et le changement 

Dans son discours thème, l’hon. Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien, s’est inspiré de son expérience de travail en activisme environnemental avant son élection à la Chambre des communes. Il a fait observer que les communications au sujet du climat centrées sur des statistiques désastreuses ou des visions apocalyptiques avaient leurs limites et s’est dit persuadé du lien entre les arts et une nouvelle vague de communications plus efficaces au sujet du climat visant à susciter de l’espoir menant à l’action. 

Dans son discours, le président du Conseil des arts du Canada, Jesse Wente, a insisté quant à lui sur le pouvoir de l’art de « libérer notre imagination » pour nous permettre d’envisager un avenir meilleur que ce que le capitalisme et le colonialisme offrent actuellement sur les plans social et environnemental. Il a en outre fait valoir que la narration était « résistante aux crises » en ce  sens que, comme artistes, nous avons le pouvoir, à tout moment, de redéfinir et rehausser le profil de l’urgence climatique, à l’intérieur et au-delà de notre secteur. Nous pouvons utiliser l’art pour communiquer et vivifier l’urgence actuelle et nos avenirs, pour mobiliser les communautés et pour favoriser une nouvelle réflexion sur nos relations actuelles et futures avec la Terre. Grâce à des partenariats avec des scientifiques et des organismes environnementaux, par exemple, The Only Animal emploie le théâtre pour susciter une « histoire d’amour » entre le public et le monde naturel.  

Pour écouter le discours thème du ministre Guilbeault, « The Climate Emergency and Politics » cliquer ici 

Pour écouter le discours thème de Jesse,  «The Climate Emergency and Culture », cliquer ici
 

Se rallier autour de l’urgence 

Dans son discours thème, l’auteur Seth Klein a repris les arguments qu’il défend dans son livre, A Good War: Mobilizing Canada for the Climate Emergency, et fait le lien entre les leçons tirées de la mobilisation générale autour de la Seconde Guerre mondiale et la crise climatique actuelle. Toute mobilisation générale a besoin des arts! Durant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, les artistes ont joué un rôle critique en aidant à vendre des obligations pour financer la guerre, en créant des peintures de la ligne de front et en produisant une musique pertinente. À cette époque, l’art et l’espoir se sont unis pour motiver la population face à un énorme défi.  

Seth soutient qu’avant de passer en « mode d’urgence » face à une crise, les sociétés traversent ordinairement une période de déni (vous connaissez peut-être ce défi sur le plan climatique…). Selon Seth, les quatre indicateurs du passage en mode d’urgence du gouvernement sont les suivants :  

  • Dépenser n’importe quel montant afin de « gagner »; 
  • Créer de nouvelles institutions pour produire des résultats; 
  • Transformer des politiques facultatives ou basées sur des incitatifs en mesures obligatoires; 
  • Dire la vérité pour communiquer le sentiment d’urgence. 

Jusqu’à maintenant, aucun parti politique canadien ne coche les quatre indicateurs liés à l’urgence climatique. Prenons, aux fins de comparaison, la pandémie de la COVID-19; les quatre indicateurs ont été atteints très rapidement au Canada!  Selon le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) le gouvernement dépense 5 milliards de dollars par année au chapitre de l’urgence climatique, mais 5 milliards de dollars par semaine à celui de la pandémie. Le gouvernement a dépensé des sommes faramineuses pour protéger la population contre la menace de la COVID-19, ce qui, selon Seth, montre que les fonds ont toujours été disponibles pour des urgences, mais qu’ils n’ont tout simplement pas été affectés à des enjeux comme le changement climatique. Étant donné que la plupart des dirigeants politiques canadiens n’agissent  pas comme si le changement climatique était une urgence, nos niveaux d’émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas à la vitesse requise pour faire face à la crise imminente. Actuellement, toutes les mesures sont facultatives, donc faciles à laisser pour compte.  

Pour écouter le discours thème de Seth, « The Climate Emergency and the Artists », cliquer ici 

Les artistes en tête 

Les contributions personnelles comptent, mais si nous voulons voir des changements significatifs, il faut que le gouvernement agisse. Comme de nombreux intervenants l’ont signalé, il nous reste 11 ans pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre suffisamment pour éviter un changement climatique catastrophique. Annamie Paul (chef du Parti vert du Canada) a rappelé aux participants que le Canada se classait parmi les cinq premiers pays du monde pour ses émissions de gaz à effet de serre par habitant et avait le pire bilan en matière de réduction parmi les pays du G7. Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2016, nos émissions ont en fait augmenté chaque année plutôt que de diminuer. Selon Annamie, pour réduire les émissions de 60 % d’ici 2030, nous avons besoin de bilans de carbone et de changements de fond. Dans l’ensemble, le public reconnaît la gravité de l’urgence – mais pourquoi n’est-ce pas le cas de nos dirigeants? Pourquoi ne pouvons-nous pas les motiver ou augmenter le nombre de personnes dans la sphère politique prêtes à intervenir face à la crise climatique?  Annamie a encouragé les artistes à briguer les suffrages, à s’asseoir à la table pour faire valoir l’importance d’agir en matière climatique et la vitalité de notre secteur. 

Pour écouter le discours thème d’Annamie, « Climate Action and Policy », cliquer ici 

« Les séances vertes : une journée d’apprentissage » ont été inspirantes et ont mis en lumière les manières dont les artistes et les organismes artistiques pouvaient faire appel à nos compétences pour prôner le changement ensemble. Surveillez le Soulpepper Theatre pour en savoir plus sur ses prochaines séances vertes – une journée de formation et une journée d’action, prévues pour la fin août et le début septembre (dates exactes à déterminer). Vous pouvez communiquer avec le Soulpepper Theatre à [email protected] et visionner tous les enregistrements des séances vertes sur YouTube à The Green Sessions: Day of Learning  

Ressources utiles pour en savoir davantage sur les inégalités raciales dans les arts et le secteur sans but lucratif

À la fin mai, le décès de George Floyd aux États-Unis et de Regis Korchinski-Paquet au Canada, chacun d’eux aux mains de la police, a provoqué un mouvement international de condamnation du racisme anti-Noirs et de la brutalité policière. Au cours des mois suivants, des policiers canadiens ont aussi tué Chantel Moore, Rodney Levi et Ejaz Choudry, renforçant les appels à l’action pour traiter de la violence policière contre les communautés PANDC au Canada. On décèle maintenant à l’échelle du pays un sentiment croissant d’urgence dans la lutte contre le racisme systémique. Ces enjeux n’existent pas uniquement dans le contexte de l’application de la loi; la suprématie blanche et l’iniquité systémique sont répandues dans tous les secteurs, y compris ceux des arts et des orchestres. Nombre d’intéressés ont produit des textes sur les arts et le secteur sans but lucratif pour expliquer ces iniquités et offrir leurs réflexions sur l’allure que pourrait prendre le changement à long terme.

Liste de lecture compilée par Nina Jeftic, coordinatrice d’équité, Orchestres Canada (été 2020)

Il faut agir contre le racisme et les discriminations ! Entretien avec Webster, juin 2020

Webster, un artiste hip-hop de la région de Québec, examine pourquoi la pandémie a sensibilisé les gens aux problèmes du racisme; il explique des concepts pour mieux les comprendre. Il dit qu’il ne suffit pas de comprendre certains de ceux-ci et ajoute que les arts jouent un rôle essentiel dans la transmission des problèmes sociaux. Webster se spécialise dans la présence des Noirs et l’esclavage au Québec. Pour en savoir plus, visitez : http://www.websterls.com/#intro

Le racisme des autres ne saurait masquer le nôtre, Stéphane Baillargeon, juin 2020

Stéphane Baillargeon affirme que le racisme aux États-Unis ne doit pas être une distraction par rapport au racisme qu’on trouve au Canada. Il cite Robyn Maynard qui dit : « Quand on se compare, on cherche sciemment à éviter l’auto-examen ». Maynard explique que la pandémie a montré au pays que les Noirs et les Autochtones sont plus vulnérables; il ne faut pas demander un retour à la normale, il faut changer le système.

Le racisme systémique… Parlons-en!, Ligue de droits et libertés

Ce guide produit par la Ligue des droits et libertés touche à plusieurs thèmes importants qu’on doit aborder dans une discussion du racisme systémique. Il offre des explications au sujet du racisme et donne le vocabulaire nécessaire pour avoir des conversations constructives à ce sujet. La Ligue de droits et libertés offre beaucoup de ressources pour comprendre le racisme et la discrimination. Consultez : http://liguedesdroitsqc.org/racismeressources/

Pour un processus d’équité culturelle : Rapport de la consultation sur le racisme systémique dans le milieu des arts, de la culture et des médias à Montréal, Diversité Artistiques Montréal,2017-2018

Ce rapport comprend les résultats d’un an de consultation avec des personnes racisées qui travaillent dans les arts, la culture et les médias. Il offre une analyse des pratiques excluantes, de leurs causes et de leurs impacts. Il inclut aussi 31 recommandations pour le milieu à partir de 6 axes : sensibilisation, représentation, recrutement, financement, mécanismes de médiation et d’intégration dans les arts, références et mécanismes de recours. Pour d’autres publications de DAM, visitez : https://www.diversiteartistique.org/publications/pole-recherche/

Briser le code, documentaire

Le documentaire ‘Briser le code’ suit Fabrice Vil dans son explication du « code » existant au Québec, c’est-à-dire les « attitudes et comportements que les personnes racisées et autochtones doivent utiliser pour se fondre dans la majorité sans déranger ». En conversation avec plusieurs autres, Vil prouve que le racisme existe toujours au Québec et les gens doivent encore se masquer derrière « le code ».

Plan d’action pour la diversité culturelle 2016-2019, Conseil des arts et des lettres du Québec

Le plan d’action pour la diversité culturelle du CALQ identifie des objectifs importants pour mieux soutenir les artistes et les organisations dans leurs efforts en vue d’améliorer la diversité culturelle. Il y a trois catégories d’objectifs, dont chacun est associé à plusieurs actions visant à l’atteindre.

Racisme et discrimination systémiques dans les arts Analyse et réflexions sur le parcours du Conseil des arts de Montréal, produit par Daisy Boustany, octobre 2019

Ce mémoire, produit par Daisy Boustany, rend compte de l’analyse entreprise par le Conseil des arts de Montréal pour aborder les problèmes complexes du racisme et de la discrimination systémiques qui se trouvent dans le milieu artistique à Montréal et au Québec. La posture, l’équité et le financement responsable et équitable sont trois disciplines sur lesquelles le CAM s’appuiera pour concevoir ses prochaines étapes.

Mémoire- Consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques, Culture Montréal, octobre 2019

Ce mémoire est le résultat d’une consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques. Il présente le contexte de la consultation, les constats et le fonctionnement des institutions culturelles municipales, en plus d’inclure des recommandations. Culture Montréal reconnaît qu’il reste encore un travail considérable à faire pour corriger les obstacles systémiques et créer plus de ressources pour les créateurs issus de la diversité.

 

Déclaration sur l’iniquité raciale

Alors qu’Orchestres Canada est le réseau national des orchestres canadiens, notre siège social est situé sur le territoire traditionnel et cédé par traité des Michi Saagiig Anishinaabeg. Nous sommes reconnaissants envers les Premières Nations de leur diligence et de leurs enseignements en ce qui concerne notre terre et nos relations. Nous respecterons leurs enseignements.

Les événements racistes des dernières semaines visant les communautés noires nous ont désolés.

Nous reconnaissons que notre société est bâtie sur – et grandement affaiblit par – le racisme systémique.

Orchestres Canada est vouée à l’existence d’une société juste pour tous.

Nous sommes résolus à appliquer des mesures soutenues et efficaces, se manifestant par nos pratiques internes et notre prestation de services aux orchestres et à la musique qu’ils partagent.

Conscients que nous avons beaucoup à apprendre, nous abordons cette tâche importante avec humilité et transparence, guidés par nos collègues ayant un vécu à cet égard. Leurs conseils constituent de précieux dons.

Nous invitons les orchestres canadiens à recruter des Noir.es, des Autochtones et des personnes de couleur pour des postes décisionnels, tels que des administrateurs et administratrices au sein des conseils d’administration, des bénévoles, des travailleurs et travailleuses culturel.les ou encore des leaders dans le domaine artistique.

Nous invitons les orchestres canadiens à accueillir des artistes noir.es, autochtones ou de couleur sur leurs scènes comme des chef.fes d’orchestre, des interprètes, des solistes, des compositeurs et des compositrices, des mentors ainsi que des créateurs et des créatrices.

Tant que les orchestres canadiens ne seront pas totalement ouverts et accessibles, Orchestres Canada les encouragera à adopter des stratégies externes et des pratiques internes propices à la création d’un réseau inclusif d’une grande diversité de leaders, d’artistes, de travailleurs et de travailleuses culturel.les, de bénévoles et de spectateurs et spectatrices.

En 2016, à la fin de de notre conférence nationale, nos membres nous ont demandé de redoubler nos efforts afin de comprendre et d’éclairer les démarches actuelles et futures des orchestres sur les plans de l’inclusion, de la diversité, de l’équité et de l’accessibilité. Depuis, ce travail a été au centre de nos préoccupations et a nourri les recherches, le partage des connaissances, les modes de réunion ainsi que les pratiques de nomination et de recrutement d’Orchestres Canada. Ce qui suit représente une courte liste des ressources que nous avons mis en place; plus de ressources sont disponibles ici.

Ressources d’OC

Autres ressources pertinentes

Pour des orchestres de jeunes ouverts et une musique inclusive

Photo, Ian RitchieLettre d’Ian Ritchie, conférencier à la conférence nationale d’Orchestres Canada de 2019, aux membres d’OC au sujet du rapport L’orchestre retentit.

Ayant déjà participé aux conférences organisées par vos prédécesseurs de l’Association des orchestres canadiens au début des années 1990, quand je présidais l’Association of British Orchestras et dirigeais le Scottish Chamber Orchestra, j’étais ravi d’avoir été invité de nouveau à participer à vos récentes délibérations à Ottawa. Conscient du caractère palpitant de la période d’innovation et de changement que traversent les orchestres de nos pays respectifs, ainsi que de l’ingéniosité stratégique et de l’effort créatif si clairement à l’œuvre dans nombre d’orchestres canadiens, je vous semblerai peut-être présomptueux d’ajouter des suggestions à votre liste de réponses déjà bien réfléchies au récent rapport L’orchestre retentit. Mais je prends une chance!

L'orchestre retentitJe préconiserais l’établissement d’« orchestres » de jeunes « ouverts », communautaires et socialement inclusifs, en partenariat avec des orchestres professionnels à l’échelle du Canada, comme réponse stratégique et pratique aux revendications exigeantes et catégoriques incluses dans le rapport. Ces orchestres seraient inspirés du modèle du Setúbal Youth Ensemble que j’ai développé au cours des cinq dernières années dans le cadre de mon festival de musique au Portugal. En bref, grâce à un processus d’auditions ouvertes excluant toute hypothèse quant à une structure orchestrale eurocentrique, l’Ensemble résultant a permis de recruter et de conserver environ le quart de ses membres auprès de groupes de tradition auditive, venant de la population locale d’immigrants des anciennes colonies portugaises d’Afrique et d’Amérique du Sud, et un autre quart composé de jeunes à besoins spéciaux et aux prises avec diverses incapacités, tandis qu’environ la moitié des membres viennent du milieu traditionnel de l’éducation musicale, tous étant choisis en raison de leur talent. Comme l’instrumentation dépend des jeunes musiciens retenus plutôt que l’inverse, il n’y a pas de répertoire standard. Toute la musique de l’Ensemble doit donc être spécialement composée ou arrangée pour le groupe : cela a créé des occasions de création uniques pour une génération nouvelle de compositeurs et nécessité des combinaisons inhabituelles d’instruments (y compris l’utilisation de la technologie accessible, au besoin) et l’invention de notations spéciales pour permettre la participation des membres incapables de lire la langue musicale traditionnelle. Cet Ensemble est « l’orchestre de jeunes » officiel de Setúbal.

Je crois qu’il sera important pour les orchestres, s’ils veulent réagir avec résonance au rapport L’orchestre retentit, de poursuivre leur évolution positive et gérable, plutôt que de provoquer une révolution soudaine et éventuellement dommageable. Le modèle Setúbal peut appuyer cette approche en suscitant une action décisive et en veillant à ce que toute « révolution » qui s’impose soit menée par les générations nouvelles et émergentes de musiciens qui misent sur la collaboration. Les ensembles de ce genre – qui formeront des communautés musicales jeunes, novatrices, adaptables, inclusives et diversifiées – auront de bien meilleures chances que les orchestres matures, établis et bien sûr moins souples, de persuader les conservatoires et universités d’écouter leurs revendications en faveur de transformations fondamentales dans leurs parcours d’enseignement et de formation, ainsi que d’y répondre. Ces parcours sont actuellement trop étroits et insuffisamment balisés pour aider les musiciens issus d’une tradition non eurocentrique ou autochtone à faire de véritables progrès; ils sont aussi complètement inaccessibles pour la plupart des personnes ayant des incapacités physiques, des difficultés d’apprentissages et d’autres besoins spéciaux.

Bref, l’adoption du modèle du Setúbal Youth Ensemble, adapté en fonction de chaque ensemble et de chaque communauté, aura pour conséquence, au lieu d’imposer les hiérarchies classiques de l’Occident et ses pratiques en matière de leadership, d’instrumentation, de répertoire, de notation et de méthodes de répétition, de favoriser l’inclusion dans le processus de divers genres musicaux (selon la composition diversifiée du groupe), d’œuvres et d’arrangements nouveaux, de l’improvisation, de la créativité mutuelle et d’échéanciers réglables. Cette approche n’est pas nécessairement coûteuse; elle est accessible pour les jeunes musiciens de tous les milieux et peut aider à répondre aux préoccupations exprimées par les défenseurs de l’équité, surtout parmi la population autochtone. En plus, elle multiplie pour les compositeurs et autres artistes créateurs les occasions de collaboration; elle peut promouvoir la musique comme forme artistique et plus largement sur divers fronts, y compris celui de son potentiel éprouvé mais inexploité sur les plans du développement, de la santé et du bien-être personnels. Cela aurait un succès retentissant!

Ian Ritchie (Londres, Angleterre, juillet 2019)