L’art de photographier les orchestres

Un entretien avec Tam Lan Truong, expert de la photographie des orchestres
Par Boran Zaza


Si vous avez assisté à notre dernier Rendez-vous des orchestres du Québec, alors vous aurez vu un photographe énergique, enthousiaste et sympathique se promener dans la salle en souriant à tout le monde, capturant différents moments de l’événement avec beaucoup de discrétion et de professionnalisme (certains partagés ci-dessous). Tam Lan Truong s’est établi comme l’un des photographes les plus recherchés de Montréal pour les musicien.ne.s classiques, les ensembles et les organismes, y compris des orchestres tels que l’Orchestre Métropolitain, l’Orchestre classique de Montréal, l’Ensemble Obiora, entre autres, et des artistes tels que Maria Dueñas, Yannick Nézet-Séguin, Lang Lang, et même Michael Bublé. Dans l’article de blog suivant, j’ai eu l’occasion de parler avec Tam de sa façon d’obtenir la photo parfaite, de la manière dont les orchestres peuvent tirer le meilleur parti de leur relation avec un.e photographe et de ce qu’il faut rechercher chez un.e photographe!

1. Comment as-tu commencé à faire de la photographie de musique classique?

Tam : En Allemagne, où j’ai grandi, j’ai passé beaucoup de temps de l’autre côté de l’appareil photo – en tant que musicien classique et interprète. Mon père est un directeur de la photographie qui s’est formé en Russie, et mon grand-père avait le seul studio photo de sa ville au Vietnam. Alors oui, j’ai la photographie dans le sang, mais c’est la musique qui m’a vraiment attiré.

Je me souviens encore de mon premier contrat de photographie de musique classique en 2015. Opera McGill m’a embauché après avoir vu des photos que j’avais prises d’une chorale de Broadway avec laquelle je chantais, et cela a ouvert la porte à un tout nouveau monde. Plus tard cette année-là, l’École de musique Schulich m’a demandé de mettre à jour l’ensemble de son catalogue de photos – tout, des prises de vue de l’orchestre aux photos de concert, en passant par les couvertures de brochures. C’est à ce moment-là que ma carrière de photographe a vraiment décollé.

Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec certaines des plus grandes institutions de musique classique de Montréal, comme l’Opéra de Montréal, le Concours Musical International de Montréal, la Salle Bourgie et l’Orchestre Métropolitain. Qu’il s’agisse d’un cocktail de donateurs.trices, d’une performance passionnée à la Maison Symphonique ou de moments amusants en coulisses, capturer le cœur de la musique classique dans une ville comme Montréal est quelque chose dont je suis reconnaissant chaque jour.

2. Comment te prépares-tu à photographier un concert d’orchestre?

Tam : L’un des plus grands défis de la photographie d’orchestre est de trouver les meilleurs angles sans perturber la performance. C’est pourquoi je me rends toujours à la salle en avance pour comprendre l’espace. Je vérifie quelles portes je peux utiliser sans faire de bruit, où je peux me déplacer sans être remarqué par le public, et quels angles pourraient fonctionner le mieux sans attirer l’attention.

Je m’assure également de discuter avec l’orchestre de toute exigence particulière, par exemple s’il y a des moments particuliers qu’ils veulent capter ou des zones que je dois éviter. Ensuite, je nettoie mon matériel, j’examine le programme de la soirée pour faire coïncider mes angles avec les mouvements musicaux et je prépare tout. Ainsi, lorsque la musique commence, je suis au bon endroit pour prendre les photos dont j’ai besoin sans être gêné.

3. Quel est ton matériel photographique de choix lorsque tu es engagé pour un concert d’orchestre?

Tam : Photographier des orchestres, c’est avant tout une question de contexte. Les salles de concert sont sombres, l’éclairage ne change pas et tu ne peux pas beaucoup bouger parce que le public ne doit même pas savoir que tu es là. Et crois-moi, ils le remarqueront si tu ne fais pas attention – contrairement à un concert de rock, rien ne bouge dans la salle, pas même les musicien.ne.s! Il est donc essentiel de rester discret.

C’est pourquoi j’utilise deux boîtiers d’appareil photo sans miroir dotés d’un mode « photographie silencieuse » – pas de clics, juste des captures silencieuses. Mes lentilles Nikon font une mise au point automatique silencieuse à l’aide d’une technologie avancée, ce qui garantit que je ne perturbe pas la performance. Cette configuration me permet non seulement de rester invisible, mais aussi de capturer chaque détail avec précision, des expressions subtiles des musicien.ne.s à la grandeur de la salle de concert. Je garde mon matériel à portée de main avec une ceinture à outils noire solide, et je porte toujours ma tenue de prédilection : une chemise noire, un pantalon gris et des chaussures confortables, élégantes et qui ne grincent pas.

Pour les gros plans qui capturent l’engagement de chaque musicien.ne, je me fie à un long objectif. Pour mettre en valeur toute la beauté de la salle de concert et de l’orchestre entier, je passe à l’appareil photo avec l’objectif grand angle. Et lorsque je dois être complètement invisible – comme pendant le Concours Musical International de Montréal – je sors mon arme secrète : une caméra sur un bras robotisé, installée à l’avance et contrôlée à distance. Cette configuration me permet de capter l’émotion et l’atmosphère du spectacle sans jamais me gêner.

Une photo d’action du Concours musical international de Montréal – 2019 | Crédit : Tam Photography

4. Quelles sont les 5 principales qualités qu’un.e photographe d’orchestre doit avoir?

Tam:

Être photographe d’orchestre exige un mélange unique de compétences et de qualités. Tu dois :

  1. Être un.e musicien.ne : Connaître le rythme et le flux de la musique t’aide à anticiper ces moments clés qui rendent une prise de vue spéciale.
  2. Être un.e professionnel.le : Être à l’heure est une évidence. Il faut ensuite tenir ses promesses, être poli et respecter l’atmosphère du spectacle.
  3. Être humain : Reste présent et ouvert à ce qui se passe autour de toi. Établir une connexion avec les musiciens et comprendre leur énergie peut conduire à des photos plus authentiques.
  4. Être un artiste : La créativité est essentielle. Qu’il s’agisse de trouver un nouvel angle ou de capturer une émotion fugace, être spontané et rechercher la nouveauté est ce qui rend chaque prise de vue unique.
  5. Être adaptable : Chaque représentation est différente, et les choses ne se passent pas toujours comme prévu. La capacité à s’adapter rapidement aux changements, qu’il s’agisse d’ajuster l’éclairage ou de répondre à une demande de dernière minute, est cruciale.

5. Comment réussis-tu à prendre la photo d’action parfaite d’un.e chef.fe d’orchestre ou de musicien.ne.s?

Tam : La musique est une question de changement – les notes, les humeurs, tout change en un instant. Un moment magique peut durer juste une seconde, et tu pourrais le manquer si tu ne fais que regarder.

C’est pourquoi je me fie autant à mes oreilles qu’à mes yeux. Étant moi-même musicien, j’ai appris à écouter pour repérer ces moments magiques : la montée en puissance des cordes, un changement soudain de dynamique, ou la façon dont l’énergie d’un chef d’orchestre se transforme avant un grand crescendo. C’est la musique qui me guide vers la prise de vue parfaite, souvent avant même que le moment ne se produise, ce qui me permet de capturer systématiquement l’émotion et l’intensité qui définissent une performance.

Yannick Nézet-Séguin dirige l’Orchestre Métropolitain | Crédit : Tam Photography
Daniel Bartholomew-Poyser dirige l’Ensemble Obiora | Crédit : Tam Photography

6. Comment les orchestres peuvent-ils être de bons clients pour toi et d’autres photographes?

Tam : Pour obtenir les meilleurs résultats, il est important de commencer par une communication claire. J’ai besoin des détails habituels : où, quoi, qui et quand. Mais il est également utile de connaître les prises de vue spécifiques que l’orchestre recherche. Par exemple, si un orchestre a un nouveau chef ou une nouvelle cheffe, je peux me concentrer davantage sur la capture de sa présence. Si des photos sont nécessaires dans les 24 heures pour les réseaux sociaux ou les communiqués de presse, c’est quelque chose que je peux aussi accommoder.

Plus il y a d’informations fournies à l’avance, mieux je peux adapter la prise de vue aux besoins de mes clients. Il est également utile de discuter à l’avance de toute demande spéciale ou de tout défi potentiel. Peut-être que certaines sections ont besoin de plus d’attention que d’autres. Peut-être que le chef d’orchestre préfère un certain côté. Une communication ouverte permet non seulement de s’assurer que nous sommes sur la même longueur d’onde, mais aussi de maximiser l’impact des photos que nous créons ensemble.

Bien sûr, en cas d’incertitude, il suffit aussi de m’indiquer la date, l’heure et le lieu, et je m’occupe du reste.

7. De ton point de vue, en plus des photos de concert/de l’orchestre et du.de la chef.fe d’orchestre, qu’est-ce que les responsables marketing devraient demander à un.e photographe lorsqu’ils l’engagent?

Tam : En plus des photos habituelles du concert et du chef d’orchestre, je suggère toujours d’obtenir des photos des coulisses. Capturer ces moments où les musicien.ne.s s’échauffent, discutent ou se détendent simplement ajoute une touche personnelle qui résonne vraiment avec le public. Ces photos sont parfaites pour les sites Web, les réseaux sociaux et les présentations, car elles donnent aux gens un aperçu de la vie de l’orchestre. Bien sûr, cela peut ajouter une heure supplémentaire au tournage, mais si nous le faisons le jour du concert, c’est plus efficace et cela peut permettre d’économiser sur les coûts.

En plus, cela fournit à tes musicien.ne.s du contenu qu’ils peuvent fièrement partager sur leurs réseaux sociaux, ce qui augmente la portée de ton orchestre de manière organique. Cela favorise également le sentiment d’appartenance à l’orchestre.

D’autres prises de vue qui amélioreront l’histoire que tu racontes sur tes concerts sont des prises de vue qui mettent en valeur ton public avant, pendant et après le concert.

Photo d’un événement de remerciement des donateurs.trices de l’Orchestre Métropolitain | Crédit : Tam Photography

8. Comment fais-tu pour que tes photos soient intéressantes et uniques pour chaque orchestre/concert alors que les conditions d’éclairage sont souvent très similaires dans les salles de concert et que tous les musiciens sont habillés de la même façon?

Tam : L’année dernière, j’ai photographié une trentaine de concerts à la Maison symphonique. L’éclairage était à peu près le même à chaque fois, et bien sûr, tous les musicien.ne.s étaient vêtus de leur noir habituel. Alors, comment faire pour que les prises de vue restent intéressantes lorsque la configuration ne change pas beaucoup? L’astuce n’est pas dans le quoi – tu pourrais le voir comme un groupe de personnes sur scène avec leurs instruments pendant que le.la chef.fe d’orchestre agite les bras. C’est le comment – comment les individus s’unissent pour créer quelque chose de spécial.

En tant que photographe, tu dois être pleinement présent. Écoute la musique et observe attentivement le spectacle. Concentre-toi sur l’isolement des individus, des sections et du.de la chef.fe d’orchestre. Fais attention à leurs mouvements et à leurs tendances. Ensuite, capture les moments où l’énergie se transforme et où la magie opère. C’est là que tu trouveras quelque chose d’unique à chaque fois, même si tout le reste reste inchangé.

9. Quelles sont les trois choses que les orchestres peuvent faire pour que leurs photos de concert se distinguent instantanément?

Tam : Voici trois choses que tu peux faire pour que tes photos de concert se démarquent vraiment :

  1. Joue avec l’éclairage : L’éclairage peut complètement changer l’atmosphère de tes photos. Prends l’exemple de l’Orchestre Philharmonique et Chœur des Mélomanes à la Maison Symphonique – lors de certains concerts, ils ajoutent des lumières supplémentaires en arrière-plan, créant des motifs et des couleurs qui correspondent à la musique. Le simple fait de modifier un peu l’éclairage peut faire une énorme différence dans la façon dont ton concert est capturé.
  2. Ajoute des éléments uniques : Faire quelque chose d’inattendu peut faire ressortir tes photos. Par exemple, j’ai vu l’Ensemble Caprice demander à ses chanteurs de la première rangée de lancer des roses dans le public à la fin d’un morceau – cela a donné des photos étonnantes et dynamiques. L’Orchestre Classique de Montréal a fait appel à des danseurs de tango lors d’une représentation de Piazzolla, ce qui a ajouté du mouvement, de l’énergie et de la passion, ce qui s’est vraiment reflété dans les photos.
  3. Choisis un thème de couleur ou un détail particulier : Même de petites touches visuelles peuvent permettre à ton orchestre de se démarquer. L’Ensemble Art Choral a demandé à tout le monde de porter un accent rouge pour un concert intitulé « Une soirée viennoise », ce qui a donné un effet saisissant sur scène. 

Cela n’a pas besoin d’être compliqué. Les musicien.ne.s étant généralement vêtus de noir et assis sans bouger sur scène, même le plus petit détail peut permettre à ton orchestre de se démarquer visuellement.

Danseurs de tango lors d’une représentation de l’Orchestre classique de Montréal | Crédit : Tam Photography
Différents éclairages à la Maison Symphonique lors d’un spectacle de Les 9 de Montréal | Crédit : Tam Photography

10. Qu’est-ce que les orchestres peuvent attendre de toi lorsqu’ils travaillent avec toi?

Tam : Tout ce que j’ai mentionné sur le fait d’être musicien, professionnel, humain, artiste et adaptable entre en jeu lorsque tu travailles avec moi. Je m’engage à apporter toutes ces qualités dans notre collaboration pour m’assurer que tu obtiennes les meilleurs résultats.

En ce qui concerne les livrables, si nous tournons pendant un bloc de deux heures, tu peux t’attendre à environ 40 à 60 bien belles photos dans un délai d’une semaine. Moyennant un supplément, je peux aussi faire une sélection de 5 à 10 photos pour les réseaux sociaux le lendemain.

Mon objectif est d’aider à rendre la musique classique accessible au plus grand nombre, et une grande partie de cela consiste à contribuer à l’image qu’un orchestre présente. C’est pourquoi je propose différents forfaits pour répondre à différents besoins. Par exemple, je peux faire une séance d’une heure avec un nombre déterminé de photos éditées si cela correspond au budget. Je peux également proposer des rabais lorsque je suis engagée pour une saison entière, afin de rendre la chose plus abordable. Je comprends tout à fait que les budgets des orchestres peuvent varier énormément, qu’il s’agisse de grandes institutions ou de groupes dirigés par des bénévoles.

Pour en savoir plus sur Tam Lan Truong, clique ici : https://www.tamphotography.net/

  https://www.tamphotography.net/

 

A propos de Tam Lan Truong

A headshot of Tam Lan Truong. He is wearing a brown shirt, a black blazer and is smiling.

Diplômé de la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill, parlant couramment l’anglais, le français, le vietnamien et l’allemand, ma carrière de photographe professionnel et d’artiste est façonnée par une perspective globale et une véritable passion pour la musique classique. Cette passion est enracinée dans un héritage familial de cinéastes et de photographes, ce qui me pousse à capturer des moments qui racontent une histoire significative.

Au cours des neuf dernières années, j’ai développé une forte présence sur la scène de la musique classique à Montréal, gagnant la confiance de clients tels que le Concours Musical International de Montréal, l’Orchestre Classique de Montréal, l’Opéra de Montréal, l’École de musique Schulich et GFN Productions. J’ai eu le privilège de raconter visuellement leurs moments les plus importants. Mon travail a été présenté dans des publications respectées telles que The Strad et CBC, reflétant l’impact et la portée de ma photographie.

J’ai eu l’occasion de collaborer avec des artistes de renommée internationale comme Maria Dueñas, Yannick Nézet-Séguin, Lang Lang et Michael Bublé, mais ce ne sont là que quelques-uns des points saillants de la gamme diversifiée de projets auxquels j’ai eu la chance de participer, tant à Montréal qu’à l’extérieur.

Ma formation de musicien classique enrichit mon approche artistique et approfondit mon lien avec la musique et ses interprètes, ce qui me permet de capturer des moments avec authenticité et sensibilité. Ce mélange de musique et de photographie n’est pas seulement ma profession ; c’est une passion qui me pousse à créer des images qui célèbrent l’héritage et la beauté de la musique classique.

 

Nouveaux publics et comment les retenir : Ce que j’ai appris à Classical:NEXT

Headshot of Boran Zaza

Par Boran Zaza, directrice des communications et du développement d’Orchestres Canada


Trois mois se sont écoulés depuis mon retour de Berlin, où j’ai assisté à Classical:NEXT (C:N), le plus grand rassemblement mondial de professionnels de la musique artistique. J’ai assisté à de nombreuses sessions du congrès axées sur les orchestres, principalement sur les thèmes des modèles de leadership innovants, de la durabilité environnementale dans les orchestres et du sujet du billet d’aujourd’hui, les tendances et les outils en matière de public.   

Ce n’est un secret pour personne que le public des orchestres vieillit et diminue, tant au Canada qu’à l’échelle mondiale. Alors, comment attirer et fidéliser de nouveaux publics? C’est exactement ce qu’a proposé une séance du congrès C:N intitulée The Complete Audience Toolbox : A practical guide to getting larger audiences into the concert hall (La boîte à outils complète en matière de public : un guide pratique pour attirer un plus grand nombre de spectateurs dans les salles de concert). La session était animée par les consultants culturels danois Cecilie Szkotak Nielsen et Søren Mikael Rasmussen de RasmussenNordic   

Cecilie et Søren ont développé le projet Tutti avec DEOO (Danish Ensembles, Orchestras and Opera Institutions). Au cours de leur collaboration, dix orchestres danois se sont penchés sur le développement de leur public et sur l’acquisition de nouveaux publics. Leur méthodologie est simple : ils ont invité 28 personnes qui assistaient pour la première fois à un concert et ont partagé leurs expériences sans filtre dans le cadre d’entretiens prolongés après les concerts. Le résultat ? Un rapport détaillé (et téléchargeable!) contenant des informations extrêmement intéressantes qui peuvent aider les orchestres à mieux comprendre ce qui motive (ou démotive) les personnes qui achètent des billets pour la première fois à revenir pour une deuxième (troisième…quatrième…cinquième) expérience orchestrale.     

Ce projet et ce rapport m’ont rappelé une expérience similaire menée par Aubrey Bergauer et le California Symphony en 2016-17, appelée Orchestra X. Dans le cadre de cette expérience, l’orchestre a invité des millénaires et des jeunes de la génération X (par ailleurs largement absents du public du California Symphony) à assister à quelques concerts du California Symphony, puis à débriefer leurs expériences – en groupe – autour d’une pizza et d’une bière.  Le processus et les résultats sont documentés dans deux articles publiés sur Medium : Introducing Orchestra X et Orchestra X : The Results. 

Revenons au projet et au rapport Tutti : le rapport a identifié plusieurs obstacles qui ont fait que les participant.e.s sélectionnés n’ont pas voulu revenir après leur expérience de concert. En réponse, les orchestres danois et RasmussenNordic ont développé un ensemble de 26 outils et 6 listes d’inspiration pour aider à lever les barrières à l’entrée et inspirer les orchestres à répondre de manière plus réfléchie aux exigences des nouveaux publics de la musique classique. Ces outils et ces sources d’inspiration sont présentés dans un livre intitulé Tools for Orchestras and Ensembles : Get more Audiences (Outils pour les orchestres et les ensembles : augmentez votre public). 

Lors du congrès C:N, Cecilie et Søren ont partagé des informations précieuses tirées du rapport et du livre. Voici ce que j’ai retenu de cette session : 

 

1- La marque des orchestres est… sans rapport avec le public!

Kelvin, 20 ans, était l’un des participants à l’étude de cas. Il est intéressé et curieux par la musique classique. Il dépense environ 1 000 euros par an pour des expériences culturelles, mais les concerts classiques n’en font pas partie. « J’ai vu les affiches en ville. Les Blancs sévères et âgés avec leurs instruments ne m’ont pas parlé », a-t-il déclaré.   

Comment les orchestres peuvent-ils résoudre ce problème ? Parmi les outils proposés dans le livre, RasmussenNordic suggère d’essayer de remplir la promesse de marque suivante :   

« Avec nous, le public fera l’expérience de _______, _______ et _______. »  

« Nous vous promettons _____________________.  

« De la musique qui _____________________. »  

“Une expérience ___________________.” 

Les dix orchestres participants ont eu du mal à répondre à ces questions, ce qui n’est pas surprenant : la promesse de marque n’est plus axée sur l’orchestre, mais sur l’expérience du public. Certains orchestres se sont demandé s’ils ne perdraient pas ce qui les différencie s’ils se contentaient de s’inspirer des membres du public. Pourtant, si nous examinons les images et visuelles de nos orchestres que nous utilisons pour commercialiser nos événements et mettre en valeur notre marque, nous constatons qu’elles sont toutes identiques! (J’en ai fait la preuve en examinant les sites web d’orchestres de différents continents : il est difficile d’affirmer qu’ils promeuvent une marque unique lorsque les photos sont presque identiques. Voir la preuve ci-dessous). En résumé, en écoutant votre public et en axant votre marque sur lui, vous pourriez commencer à vous démarquer!

Symphony Orchestra of India
KBS Symphony Orchestra – Korea
Syrian Expat Philharmonic Orchestra
Orchestre national de France
Austin Symphonic Band
Royal Stockholm Philharmonic Orchestra

 

2- Programmation artistique : Les nouveaux publics ne la comprennent pas

Les publics qui découvrent les orchestres et la musique classique disposent généralement de très peu d’outils pour les aider à déterminer s’ils aimeront ou non un concert. Nous annonçons des pièces et des compositeurs.trices dont ils n’ont jamais entendu parler, au lieu de les séduire avec des concepts qui les aident à comprendre ce qu’ils peuvent attendre de l’expérience d’un concert. L’équipe de RasmussenNordic suggère qu’au lieu de superposer maladroitement un concept à un programme au stade du marketing (lorsqu’il est trop tard!), il devrait faire partie intégrante du travail de programmation. Pour ce faire, RasmussenNordic a mis au point un outil, le Concept Compass, que vous trouverez ci-dessous. En outre, ils suggèrent que les responsables du marketing et les musicien.ne.s fassent partie du processus de programmation, afin de favoriser la compréhension et l’engagement au sein de l’organisme. De cette manière, toutes les parties peuvent participer à la transmission du concept aux publics nouveaux et établis.   

Concept Compass de RasmussenNordic

 

3- La narration est essentielle : faites-vous appel à l’imagination des gens?  

Une fois que vous avez un concept de concert, les consultants suggèrent de l’accompagner d’une histoire inspirante, pour donner des repères aux spectateurs. Caroline, une participante à l’étude de cas, a déclaré qu’elle pensait aimer la musique classique, mais qu’après avoir assisté à un concert, elle avait décidé de ne pas y retourner. Elle cherchait une activité qui catalyserait son imagination, l’emmènerait dans d’autres mondes et l’aiderait à vivre les choses différemment.  Mais son expérience du concert n’a pas été à la hauteur. Pouvons-nous aider des personnes comme Caroline à vivre nos concerts différemment?   

Les consultants suggèrent de développer une grande histoire pour chaque concert, en s’inspirant de la musique, d’une anecdote personnelle, d’une histoire sur les instruments ou sur le compositeur.trice. Par exemple, si le concept de concert choisi est « Au bal royal », l’histoire de soutien pourrait ressembler à ceci : « Venez faire un voyage dans le temps, à l’époque où les rois festoyaient dans les châteaux, assis dans de somptueuses salles de marbre, vêtus d’argent et d’or. Imaginez que vous êtes invité à un mariage royal. La lumière des lustres vous enveloppe d’une splendeur dorée tandis que des airs entraînants vous invitent à danser. »  

Votre imagination s’est éveillée?  

Cecilie et Søren se présentent à Classical:NEXT – Photo par Boran Zaza

4- Il est essentiel d’avoir de grandes compétences en matière d’accueil  

Les personnes qui assistent pour la première fois à un concert arrivent généralement dans la salle de concert sans avoir été saluées ou accueillies. Ils s’assoient à leur place, les musicien.ne.s et le.la chef.fe d’orchestre montent sur scène sans dire un mot, et tout le monde – sur scène et dans le public – quitte ensuite la salle sans dire au revoir. Ces personnes qui assistent pour la première fois à un concert ne sont pas non plus invitées à rester en contact.   

Pouvons-nous être de meilleurs hôtes?  Comment? Pensez aux expériences chaleureuses et mémorables que vous avez vécues lorsque vous avez été accueilli de manière attentionnée, que ce soit lors du souper d’un.e ami.e ou dans votre restaurant ou hôtel préféré. C’est l’ambiance que vous voulez créer. Et si vous proposiez aux personnes qui achètent des billets pour la première fois de les aider à choisir leur premier concert? Et si quelqu’un les salutait avec un sourire lorsqu’ils entrent et leur demandait ce dont ils ont besoin? Et si vous leur demandiez après le concert : « Qu’avez-vous pensé de cette expérience? Avez-vous passé un bon moment? Qu’aurions-nous pu faire de mieux? Quand vous reverrons-nous? »  

Un orchestre a fait l’expérience d’offrir un enregistrement gratuit du concert aux personnes qui s’inscrivaient à son infolettre après le concert, et a fait état de longues files d’attente pour s’inscrire, car les gens aimaient l’idée d’avoir un souvenir à partager avec leur famille et leurs ami.e.s. Même si nous ne pouvons pas offrir d’enregistrements, y a-t-il des moyens d’aider les spectateurs.trices à maintenir et à partager l’expérience que nous avons créée pour eux? 

Crédit: Classical:NEXT, #Cnext24
Photo: twinematics

 

Voilà qui conclut la série de trois articles de blog consacrés à mon séjour à C:N! Pour avoir un aperçu de l’expérience C:N sous forme de vidéo, consultez les histoires Instagram que j’ai publiées pendant mon séjour à Berlin! Je suis profondément reconnaissante du généreux financement accordé par le Conseil des Arts du Canada dans le cadre du Perfectionnement des professionnels des arts : Appuyer la pratique artistique qui a rendu possible mon voyage en Allemagne pour assister à Classical:NEXT.

 

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.

Logo, Canada Council for the Arts logo

Modèles de leadership novateurs dans les orchestres : ce que j’ai appris à Classical:NEXT

Headshot of Boran Zaza

Par Boran Zaza, directrice des communications et du développement d’Orchestres Canada


Classical:NEXT (C:N) est le plus grand rassemblement mondial de professionnels de la musique classique. Traditionnellement, il a eu lieu dans différentes villes européennes chaque année – en 2024, C:N a fait de Berlin, en Allemagne, son siège permanent. C:N propose des sessions de conférence, des vitrines, des rencontres et des présentations de projets. Plus de 1400 professionnels de la musique classique de 49 pays ont assisté à cette édition – leur plus grand rassemblement à ce jour, après une pause en 2023 pour réfléchir à « quelle est la prochaine étape? »  

Du 13 au 17 mai, j’ai eu le privilège d’assister à C:N pour la première fois, grâce au généreux financement du Conseil des Arts du Canada dans le cadre du Perfectionnement des professionnels des arts : Appuyer la pratique artistique. En tant que personne dans le domaine de « l’organisation de conférences », je dois dire que j’ai été très impressionnée par l’ampleur de cet événement, la variété des sessions offertes et la pléthore d’expériences présentes dans le même espace! Il y en a pour tous les goûts à C:N. Mes principaux intérêts étaient les sessions de conférence axées sur l’avenir des orchestres, et il y en avait beaucoup. Trois thèmes clés propres à l’orchestre sont ressortis des séances auxquelles j’ai assisté :  

  1. Modèles de leadership dans les orchestres  
  2. Durabilité environnementale 
  3. Nouveaux publics : Comment les retenir?  

Le thème de la diversité, de l’équité, de l’inclusion et de l’appartenance était également présent, en particulier lors de la rencontre mondiale des orchestres à laquelle j’ai assisté. Le féminisme dans la musique classique était un autre sujet de discussion et d’intérêt, sur lequel j’ai assisté à une session fascinante 

Dans ce premier article de blog, je me concentrerai sur le premier thème : Les modèles de leadership dans les orchestres.  

Pas de chef d’orchestre, pas de chaises, pas de partitions

Le jour de l’ouverture du C:N dans la nouvelle salle de concert de Berlin, Saal Pierre Boulez (ouvert en 2017), 5 présentations ont eu lieu. Celui qui m’a le plus marqué était Stegreif, l’Orchestre symphonique d’improvisation d’Allemagne. Stegreif est un collectif de 30 musicien.ne.s, qui « combinent l’héritage des compositions classiques avec l’improvisation et considèrent la symphonie classique comme le point de départ d’une nouvelle expérience de concert ». La présentation de Stegreif s’appelait « La Symphonie du changement » et était basée sur les œuvres de 4 compositrices : Hildegard von Bingen (1098-1179), Wilhelmine von Bayreuth (1709-1785), Emilie Mayer (1812-1883) et Clara Schumann (1819-1896). Stegreif a commencé par interpréter chaque pièce telle qu’elle avait été composée à l’origine, puis la transcription originale a divergé et a ouvert un espace pour l’improvisation, complétée par une chorégraphie.  

Crédit: Classical:NEXT, #Cnext24
Photo: twinematics

Leur performance était immersive : dans la salle de concert ovale, les musicien.ne.s se promenaient pieds nus, entre le public, tous se dirigeant et se suivant sans chef d’orchestre. Leur énergie était contagieuse… c’était comme une grande fête de musique classique entre ami.e.s! Même les violoncelles avaient des tabourets avec des roues qui leur permettaient de se déplacer. Cela m’a rappelé l’ensemble montréalais Collectif9 qui se produit également debout et sans partitions ni chef d’orchestre. Stegreif a pris ce concept de ne pas avoir de chef d’orchestre et la liberté musicale tout en jouant à un tout autre niveau pour créer une expérience vraiment immersive, et leur ensemble est composé d’environ 2/3 musicien.ne.s classiques et 1/3 musicien.ne.s de jazz – je n’avais jamais rien vu de tel auparavant!  

Le lendemain, toujours en effervescence de cette expérience musicale unique, j’ai assisté à une session de conférence intitulée Leading and Following in the Orchestra : Models beyond the traditional hierarchy, présentée par Stegreif. Les 3 conférenciers étaient le directeur artistique, Lorenz Blaumer, la directrice générale, Lorina Strange et leur batteur de jazz et compositeur, Hiromu Seifert.  Au cours de cette séance, Stegreif a parlé en détail de leur philosophie, de la façon dont ils travaillent ensemble, de leur médiation artistique et de leurs efforts de sensibilisation communautaire, de la gouvernance, de l’équité salariale, entre autres sujets.  

Voici les principales leçons que j’ai tirées de cette présentation :  

Photo: Boran Zaza

1. Le leadership collectif se fait sur scène et, surtout, hors scène
Le résultat final que nous voyons sur scène lorsque nous assistons à une performance de Stegreif est impressionnant, avec des musicien.ne.s qui se dirigent et se suivent sur scène de manière transparente. L’atteinte de ce résultat nécessite l’implication de tous les musicien.ne.s dans la prise de décision, artistique et autre, sur et en dehors de la scène. Tous les musicien.ne.s participent à la mise en forme de la performance et les répétitions sont dirigées par des personnes différentes (même pour le même travail). Les musicien.ne.s participent également à « Future Days », où ils partagent (et parfois se disputent) sur leurs valeurs et leurs objectifs artistiques.

2. La médiation intérieure est aussi essentielle que la médiation extérieure

Vous connaissez probablement la médiation artistique et la sensibilisation communautaire. Mais qu’est-ce que la médiation intégrée?

La médiation intégrée est l’interaction de la culture de gestion collective, du travail artistique et de la médiation. Il comporte 2 composantes :

  • La médiation extérieure, qui est souvent fait par de nombreux orchestres à travers le Canada avec des programmes présentés dans les écoles, les centres communautaires, les maisons de retraite, les hôpitaux et plus encore.
  • La médiation intérieure, c’est-à-dire apprendre les uns des autres au sein de l’orchestre. Pour cela, chaque musicien joue un rôle de leadership dans l’éducation de ses collègues à travers un atelier ou un séminaire sur un sujet pertinent pour l’orchestre.

Le résultat des deux médiations différentes aide à éclairer les décisions artistiques de l’ensemble.

3. L’égalité salariale n’est pas synonyme d’équité salariale, mais c’est un bon point de départ
Chez Stegreif, tous.tes les musicien.ne.s sont payés également. Cela a bien fonctionné pendant un certain temps, mais comme certains membres de l’orchestre avaient des enfants, le salaire « égal » ne répondait pas aux disparités dans les situations de vie. Par exemple, lorsque l’orchestre part en tournée, qui paie pour la garde d’enfants de ceux qui en ont besoin? Tout peut être discuté à Stegreif. Alors maintenant, en tournée, l’orchestre paie pour l’hébergement et le vol d’un.e gardien.ne, mais pas les frais de gardien.ne. Ils encouragent les musicien.ne.s à amener un membre de la famille pour s’occuper des enfants.

Pour les salaires du personnel, le conseil d’administration (composé de 5 musicien.ne.s) décide du montant du salaire du personnel.

4. Le leadership collectif ne concerne pas un style de leadership : il s’agit de savoir quand utiliser quel style de leadership
Chaque musicien.ne de Stegreif sait exactement quels sont les 5 modèles de leadership : démocratique, participatif, autocratique, charismatique et naturel (basé sur les compétences). En éduquant tous les musicien.ne.s sur ces modèles de leadership, ils comprennent exactement quelles stratégies sont employées quand, pourquoi elles sont utilisées et comment être de meilleurs adeptes lorsqu’un certain style de leadership est utilisé. Par exemple : les musicien.ne.s co-créent une nouvelle œuvre dans un style démocratique, mais les conversations prennent plus de temps que prévu, le spectacle est le lendemain, et les décisions exécutives doivent être prises rapidement – les musicien.ne.s savent exactement comment réagir à cela et comment s’entraider, qu’ils dirigent ou suivent, pour s’assurer que le spectacle est prêt à temps.  

5. L’ingrédient magique : S’amuser ensemble!
L’équipe Stegreif rayonne d’une fierté unique dans leur pertinence, leur appartenance et faire une différence pour chaque musicien de cet orchestre. La confiance qui s’est construite au fil des ans entre les musicien.ne.s et leur sentiment d’appartenance à leur orchestre en font plus qu’un travail : c’est la famille et les ami.e.s. Souvent, après la répétition, les musicien.ne.s resteront pour improviser ensemble et s’amuser. L’un des sujets qui a été abordé tout au long de C:N était de savoir comment garder les musicien.ne.s d’orchestre engagés et inspirés tout au long de leur carrière, et Stegreif est certainement sur quelque chose à travers leur modèle de leadership!

Vous pouvez en savoir plus sur Stegreif sur leur site Web.

Vous pouvez voir des vidéos de ce qu’est une expérience de concert Stegreif ici.

Et si les orchestres appartenaient à des musicien.ne.s?

Photo: Boran Zaza

L’autre séance de la conférence qui portait fortement sur les modèles de leadership s’intitulait A Vision for the Symphony Orchestra : Transformative Leadership and Collective Innovation in Orchestral Music. Parmi les panélistes figuraient Simon Webb, chef d’orchestre et de chœurs à la BBC et Fiona Stevens, PDG de Concerto Köln. Le panel était présidé par Karsten Witt, directeur général de Karsten Witt Musik Management GmbH.  

À Londres, au Royaume-Uni, les quatre principaux orchestres (Royal Philharmonic, London Symphony, London Philharmonic et Philharmonia) sont détenus et gouvernés par les musicien.ne.s. Simon Webb a parlé de la façon dont lui, un septième violoncelliste, s’est retrouvé dans un rôle de leadership en tant que membre du conseil d’administration sans aucune expérience préalable en leadership 

Fiona Stevens était une figurante au Concerto Köln. Elle a changé de carrière pendant la pandémie lorsque le poste de PDG de cet orchestre a ouvert ses portes.  Elle fait actuellement un MBA en innovation artistique au programme Global Leaders pour combler les lacunes dans la formation qui ne l’ont pas nécessairement préparé à un poste de leadership.  

Ce sont 2 cas de musicien.ne.s qui se retrouvent dans des rôles de leadership avec de nombreuses responsabilités, sans avoir de formation formelle ou de préparation pour les gérer. Les deux exemples ici sont en plein essor, mais il leur a fallu beaucoup de courage, de temps et de travail acharné.  Cela soulève la question suivante : comment pouvons-nous mieux préparer les musicien.ne.s à des rôles de leadership pour lesquels leur formation musicale ne les a pas préparés?  

Voici quelques-uns des principaux points de discussion de ce groupe d’experts :

  1. Si les musicien.ne.s sont impliqués dans le leadership, ils devraient avoir accès à la formation et aux ressources nécessaires pour être de bons leaders. La formation en leadership ne fait pas partie de la formation musicale, malgré le fait que les musicien.ne.s sont susceptibles de se retrouver dans un rôle de leadership, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre de leur carrière.  
  2. Qu’est-ce que les musicien.ne.s des orchestres et des ensembles apprennent de leurs organisations, et qu’est-ce que leurs organisations apprennent d’eux? Les orchestres ont longtemps prisé la conformité et l’efficacité dans la répétition et la prestation de concerts pour le public. Mais que se passerait-il si nous donnions la priorité à l’expérimentation et à l’apprentissage – par les musicien.ne.s, par le personnel, par les bénévoles – à la place?    
  3. Les orchestres doivent s’ouvrir aux communautés et rester pertinents pour elles. Comment les orchestres développent-ils le talent au sein de la communauté? Chaque orchestre et chaque chœur doit soutenir l’apprentissage par les personnes qu’ils servent, afin qu’ils puissent participer plus profondément à la forme d’art.  La façon dont les orchestres s’associent aux universités, aux garderies, et aux écoles est très importante pour qu’ils restent pertinents dans leurs communautés.  

Ressources de lecture supplémentaires : 

Dans mon prochain billet de blog, je couvrirai la durabilité environnementale dans les orchestres. En attendant, pour avoir un avant-goût de l’expérience Classical :NEXT en format vidéo, consultez les stories Instagram que j’ai publiées à Berlin!  

Une brasserie transformée en centre culturel à Berlin. Photo: Boran Zaza

 

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.

Logo, Canada Council for the Arts logo

10 perspectives : Que veut le public des arts de la scène aujourd’hui?

Le 22 juin, Orchestres Canada, en partenariat avec CAPACOA et l’Association pour l’opéra au Canada, a présenté un webinaire gratuit sur les dernières tendances et recherches en matière d’achat de billets du public des arts de la scène. Eric Nelson de TRG Arts a présenté une recherche sur le rétablissement des arts de la scène après une pandémie, et Zander Kyba d’AudienceView a présenté et analysé la recherche sur les acheteurs de billets recueillie par leur équipe.   

Nous avons rassemblé 10 idées tirées de leur présentation qui aideront les orchestres à améliorer leurs résultats, cinq d’Eric et TRG Arts et cinq de Zander et AudienceView.   

 

10 perspectives : Que veut le public des arts de la scène aujourd’hui?   

 

Perspectives d’Eric et de TRG Arts  

1.Nous devons rivaliser avec le canapé  

Eric a expliqué que pour concurrencer le confort de la maison, les organismes doivent s’appuyer sur la valeur intrinsèque du rassemblement et de l’expérience élevée. Les spectateurs.trices recherchent des expériences immersives, ludiques, diversifiées et/ou avec des technologies omniprésentes.   

2. Les dons diminuent  

Lorsque nous comparons le quatrième trimestre de 2022 et le premier trimestre de 2023 aux mêmes trimestres de 2019, nous obtenons des informations très intéressantes sur la récupération des revenus après une pandémie. Tout d’abord, nous pouvons constater que les recettes sont en baisse de 5 %, mais que les unités ne sont en baisse que de 17 %. Cela indique que, bien que la fréquentation des événements soit en baisse, ceux qui y participent dépensent plus qu’avant la pandémie. Les recettes provenant des dons racontent une histoire différente. Les dons sont en baisse de 38 % en termes de recettes et de 24 % en termes d’unités, ce qui signifie qu’il y a moins de personnes qui font des dons et que celles qui le font donnent moins qu’avant. Pour remédier à cette situation, Eric recommande de parler aux donateurs.trices et de chercher à savoir ce qui les empêche de faire autant de dons qu’auparavant. Nous examinerons plus loin d’autres stratégies pour faire revenir les donateurs.trices.   

3. Examinez de plus près la fidélisation des donateurs.trices  

Qu’est-ce que RFMC? TRG Arts propose cette anagramme pour analyser l’engagement et la fidélité des mécènes :   

  • Récurrence : S’engagent-ils d’une manière ou d’une autre chaque année?  
  • Fréquence : S’engagent-ils fréquemment au cours d’une même saison?  
  • Monétaire : Comment se situe leur investissement financier?  
  • Croissance : Pouvons-nous compter sur la constance (ou l’augmentation) de leur investissement/activité chaque saison?  

Tels sont les paramètres que nous devrions évaluer lorsque nous envisageons des programmes de fidélisation et un marketing ciblé.  

4. Les nouveaux clients arrivent, mais ils ne restent pas!  

TRG Arts divise les clients en segments qui couvrent le large spectre de la fidélité au sein de la base de données d’un organisme. Ils décrivent trois niveaux d’engagement et les segmentent plus en détail ci-dessous : acquisition, client actuel et réengagé :  

Acquisition  

  • Nouveau client : N’a jamais effectué de transaction auparavant.  

Client actuel  

  • Une fois auparavant : A effectué une transaction au cours des 18 derniers mois.  
  • Converti : A effectué deux transactions auparavant et au moins une au cours des 18 derniers mois.  
  • Actif : A effectué de 3 à 9 transactions dans son historique et au moins une fois au cours des 18 derniers mois.   
  • Super actif : A effectué 10+ transactions dans son historique et au moins une fois au cours des 18 derniers mois.   

Réengagé   

  • Stable : la dernière participation, avant l’achat le plus récent, remonte à 18-36 mois.   
  • Abandonné : la dernière participation, avant l’achat le plus récent, remonte à 3 ans ou plus.   

À partir de ces segments, TRG Arts a recueilli des données qui montrent une participation significative des nouveaux clients, mais qui perdent de l’élan chez les anciens clients et les clients convertis. Cela nous indique que le taux d’attrition des consommateurs est plus élevé que jamais et que les organismes doivent prendre des mesures supplémentaires pour fidéliser les nouveaux clients.   

5. La génération X et les milléniaux participent davantage!  

Enfin, Eric a présenté des données divisées par génération et provenant exclusivement des orchestres de l’ensemble des données. TRG Arts a constaté que la participation de la génération X et des milléniaux a augmenté après la pandémie, tandis que celle des générations plus âgées a diminué. Pourtant, les baby-boomers restent les plus grands donateurs.trices de l’ensemble des données. Les contributions des milléniaux ont augmenté, mais celles de la génération X sont restées stagnantes. Eric a souligné que les mécènes de la génération X devraient être proches du sommet de leur potentiel de revenus et devraient donc être des philanthropes plus importants. Il recommande aux organismes de s’adresser à ce groupe démographique et de faire un effort ciblé pour le mobiliser.   

 

Perspectives de Zander et d’AudienceView  

6. 41% des mécènes assistent à moins d’événements qu’avant la pandémie  

Zander a commencé sa partie du webinaire en révélant que, selon les données d’AudienceView, la plupart des spectateurs.trices assistent au même nombre de spectacles, voire plus, qu’avant la pandémie. Cependant, 41 % des spectateurs.trices assistent à moins d’événements qu’en 2019. Alors, comment faire revenir ces personnes?   

Les données d’AudienceView ont révélé que 63% des mécènes ont déclaré que les ventes de billets et les rabais les inciteraient à assister à davantage d’événements, suivis par de nouveaux spectacles et contenus apportés à la salle. La troisième option la plus populaire est celle des abonnements et des forfaits offrant flexibilité et valeur.   

7. Les spectateurs.trices recherchent des expériences de haut niveau  

Les données d’AudienceView ont également révélé que les spectateurs.trices sont à la recherche d’expériences complètes et élevées lorsqu’ils assistent à des événements, 4 personnes sur 5 déclarant qu’elles préfèrent associer la participation à un événement à une autre expérience. Les spectateurs.trices cherchent à vivre une après-midi ou une soirée complète en associant un repas ou une boisson à leur expérience. M. Zander suggère aux organismes de s’associer à des établissements de restauration pour proposer des forfaits ou des réservations en même temps que l’achat de billets.   

8. Les achats aux guichets et par téléphone sont en hausse  

AudienceView indique que si la plupart des spectateurs.trices préfèrent cette année encore acheter leurs billets en ligne, 20 % d’entre eux ont déclaré préférer acheter leurs billets en personne ou par téléphone au guichet. Ce chiffre est intéressant car les données de l’année dernière montraient que seulement 13 % des spectateurs.trices préféraient acheter en personne ou par téléphone, ce qui représente une augmentation significative.   

En outre, M. Zander a souligné que lorsqu’on leur demandait pourquoi ils abandonnaient leurs achats, 39 % des clients déclaraient que les frais ajoutés en ligne étaient inattendus et trop élevés. C’est pourquoi il a suggéré que les organismes informent les clients dès le début de leur parcours d’achat de l’existence de ces frais ou qu’ils les intègrent dans le prix des billets, afin qu’ils paraissent moins choquants pour les consommateurs. 

9. Offrez des possibilités de dons tout au long du parcours de l’utilisateur   

Les données d’AudienceView suggèrent que les mécènes sont invités à faire des dons à plusieurs étapes de leur parcours d’achat. Lorsqu’on leur a posé la question, les mécènes ont donné une multitude de réponses. Les deux réponses les plus fréquentes sont : en ligne, séparément du processus d’achat des billets, et en personne, lors de l’événement, séparément du processus d’achat des billets. Vient ensuite l’achat en ligne pendant le processus d’achat des billets. Cela suggère que les organismes devraient offrir des possibilités de faire des dons à plusieurs endroits tout au long du parcours de l’utilisateur afin de répondre à toutes les préférences.  

10. Les mécènes veulent une exclusivité en échange de leurs dons  

Alors, comment persuader les mécènes de faire un don lorsque nous le leur demandons? Les données d’AudienceView suggèrent quelques stratégies, dont la plupart donnent un sentiment d’exclusivité. Les principaux exemples sont l’accès anticipé à l’achat de billets d’événements, les déductions fiscales et l’accès à des événements exclusifs pour les donateurs.trices. Les données montrent également que les mécènes sont plus enclins à faire des dons lors de collectes de fonds publiques organisées par des lieux et des associations qui partagent des objectifs spécifiques. Les gens veulent savoir où va leur argent, c’est pourquoi M. Zander recommande de le préciser dans les communications relatives aux collectes de fonds.  

 

Nous tenons à remercier Eric et Zander pour avoir partagé leurs idées et leur expertise sur ce sujet! Nous remercions également nos coprésentateurs, CAPACOA et l’Association pour l’opéra au Canada. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce qu’Eric et Zander ont partagé ou revoir l’enregistrement et le jeu de diapositives de leurs présentations, consultez le site https://oc.ca/fr/resource/la-relance-des-arts-de-la-scene-que-veut-le-public-aujourdhui/

Réflexions sur SphinxConnect: Forging Alliances

Du 27 au 29 janvier 2022, l’équipe d’Orchestres Canada a eu le plaisir d’assister à la conférence SphinxConnect: Forging Alliances. La rencontre annuelle, en mode virtuel cette année, a rassemblé une brochette exemplaire d’intervenants du milieu artistique nord-américain (musiciens, administrateurs, membres de conseils d’administration, bailleurs de fonds entre autres) en vue de discuter de la diversité en musique classique, dont notre propre concitoyen et membre du conseil d’administration d’Orchestres Canada, Daniel Bartholomew-Poyser. La conférence a abouti au concours Sphinx annuel pour jeunes musiciens à cordes noirs et d’origine latine, aussi en mode virtuel cette année, mais sans perte de talent ni de créativité. 

Dans le blogue qui suit, des membres du personnel d’OC font part de leurs réflexions sur les thèmes qui se sont dégagés de la conférence, mais nous vous encourageons à écouter aussi directement que vous le pouvez les interventions avisées des présentateurs. Les enregistrements des interventions à la conférence sont disponibles gratuitement sur une  liste d’écoute au canal YouTube de l’organisation. 

À propos de la Sphinx Organization 

La Sphinx Organization, fondée par le violoniste et professeur de musique américain Aaron Dworkin,  est une organisation de justice sociale basée aux États-Unis ayant pour vocation de transformer des vies par le pouvoir de la diversité dans les arts.  Elle a vu le jour en  1997 sous la désignation de Sphinx Competition for young Black and Latinx string players [concours Sphinx pour jeunes musiciens à cordes noirs et d’origine latine]. Le concours a toujours lieu, mais Sphinx a évolué pour offrir un éventail de programmes visant à favoriser l’excellence et à accroître la représentation des artistes noirs et d’origine latine travaillant en musique classique, y compris dans les domaines de l’éducation, de la prestation, de la commande de nouvelles œuvres et de l’offre de possibilités de développement du leadership pour les artistes et travailleurs des arts noirs et d’origine latine. 

Réflexions sur la conférence 

1- Potentiel humain et innovation 

Un thème qui s’est dégagé à maintes reprises des séances auxquelles les membres du personnel d’OC ont assisté est celui du potentiel humain et de l’innovation s’offrant aux orchestras, à condition de s’ouvrir à tout ce que cela peut offrir. Le programme de la conférence a touché à une vaste gamme  de possibilités que les orchestres peuvent exploiter, comme la gouvernance, la programmation artistique, l’éducation musicale et l’engagement communautaire. Il existe une mine de talents – tant parmi les artistes émergents que les travailleurs des arts, ainsi qu’une expertise considérable parmi ceux et celles qui œuvrent déjà dans cette discipline artistique – dans laquelle nous pouvons puiser et dont nous pouvons tirer des enseignements.  

Comme l’a signalé Achia Floyd durant la séance Rising LEADers, il ne faut pas penser à ce qu’une diversification en musique classique peut faire perdre mais plutôt à ce que l’on a à gagner… soit des occasions de développer le talent et la forme artistique qui existent déjà au sein de l’organisation et de nous épanouir grâce à une collaboration meilleure, plus novatrice et plus inclusive. 

2- Un dilemme constant pour les orchestres : maintenir la tradition ou s’adapter aux réalités actuelles 

Une observation que le personnel d’OC a particulièrement retenue est la suivante : « La tradition ne consiste pas dans la vénération des cendres, mais dans la préservation de la flamme », qu’a faite Enrique Márquez durant la séance Rising LEADers. Tout à fait! Comment l’art des orchestres et notre pouvoir rassembleur pour permettre au public d’apprécier la musique ensemble peuvent-ils (et vont-ils) servir à nos voisins en 2022 et dans l’avenir?  

Depuis quelques siècles, les orchestres ont en général été les défenseurs de la tradition – surtout de la tradition eurocentrique, aux dépens des artistes, travailleurs et membres du public racialisés. Malgré la beauté indéniable de la musique que nous avons interprétée au fil des siècles, durant les séances de  SphinxConnect, les intervenants ont à juste titre signalé que, pour assurer la survie et la mise en valeur de la musique classique au 21e siècle, il fallait se préoccuper davantage des besoins et ambitions des communautés dans lesquelles nous vivons, surtout de celles que les traditions eurocentriques ont exclues.  

Non seulement est-ce la seule option qui s’offre à nous comme êtres humains antiracistes et artistes, mais la décision de puiser dans une plus vaste mine de talents (pour ce qui est des œuvres jouées, des musiciens qui les interprètent et du personnel en coulisse) enrichit aussi le travail de l’orchestre et est indispensable si nous voulons maintenir notre pertinence et notre valeur. Comme l’a par exemple fait remarquer un panéliste, les milléniaux s’attendent à trouver une diversité dans les milieux artistiques qu’ils fréquentent; si votre  orchestre n’est pas un miroir des communautés qu’il dessert, vos publics, actuels et futurs, risquent de vous délaisser.  

Jazmín Morales, animatrice du panel Where the Wild Things Are [littéralement Où sont les choses sauvages], a insisté sur le fait que montrer son côté « sauvage » et donc être attentif aux  temps étranges que nous traversons signifie qu’il faut penser librement à ce qui est possible et ne pas s’embourber dans les procédures et habitudes. Et comme le panel Higher Registers: Evolving Artistic Excellence l’a fait observer, la pandémie nous a obligés à abandonner de nombreuses habitudes (comme des cycles de planification rigides, la durée des concerts). Comment pouvons-nous continuer à évoluer et à nous adapter aux périodes de turbulence que nous traversons? 

3- Maintenir et poursuivre le changement pour le mieux 

Dans son allocution de clôture, Weston Sprott a dit avoir vu plus de progrès sur le plan de la diversité et de l’inclusion en musique classique au cours des deux dernières années que durant toute sa vie; mais qui sait si cela va durer. « C’est à nous qu’il appartient de continuer à exercer des pressions pour faire en sorte que le progrès ne soit pas temporaire. » 

Les intervenants ont aussi insisté sur la nécessité d’un changement permanent sur le plan de la diversité dans nos disciplines artistiques; pour cela, il faut (comme David Stull l’a signalé) « modifier l’ADN » des institutions artistiques et créer et insérer dans leurs structures des mécanismes nécessitant la poursuite des changements, comme des programmes pluriannuels continus visant le progrès à long terme, plutôt que seulement dans l’instant présent, des artistes de milieux diversifiés.  

De nombreux intervenants ont fait valoir la nécessité d’élargir les démarches axées sur la diversité  au sein de chaque organisation; ces démarches ne doivent pas être limitées à un seul comité ou rôle. Ils ont souligné l’importance d’aligner les valeurs à tous les paliers décisionnels (conseil d’administration, cadres, bailleurs de fonds), en ajoutant que le changement peut s’opérer dans n’importe quelle équipe ou pour n’importe quel rôle. Par exemple, dans le groupe Learning to Disrupt ‘the White Racial Frame’ in an Industry Rooted In It” les responsables du marketing et des communications ont expliqué comment ils avaient combattu le racisme dans leur travail quotidien au Minnesota Orchestra et donné des exemples de langage raciste par opposition à non raciste. 

4- Enfin, et ce n’est pas le moins important… la musique! Conversation avec Juan-Miguel Hernandez, juge du Concours Sphinx 2022  

Headshot of Juan-Miguel HernandezJuan-Miguel Hernandez, altiste natif de Montréal qui s’est taillé une carrière internationale de distinction comme interprète, n’est pas étranger au Concours Sphinx. Durant une conversation à la mi-février avec Boran Zaza (directrice des communications et du développement d’OC) Hernandez a qualifié son premier prix dans la Division Senior du Concours Sphinx de 2006 d’ « amorce » importante dans sa carrière en musique classique :  

J’avais cela dans l’âme, mais j’avais besoin qu’on me donne l’amorce nécessaire pour lancer ma carrière. […] C’est connu, il faut être au bon endroit au bon moment. Sphinx fait en sorte qu’on le soit. 

Au sujet du concours de 2022, pour lequel il était un des juges, Hernandez a affirmé que chaque jeune interprète arrive avec des compétences techniques exceptionnelles; pour choisir les lauréats, selon lui, les juges recherchent « un sens artistique dans l’interprétation de la musique. […] Nous avons été incroyablement impressionnés par le degré de sens artistique que nous avons observé. » Parce que le concours de 2022 s’est déroulé sous forme virtuelle, les juges ont exprimé leur voix individuellement après les prestations pour choisir les lauréats (plutôt que de se réunir en personne pour arriver à une décision). Malgré le changement dans le déroulement du concours, Hernandez s’est dit « extrêmement satisfait du résultat final de cette année. » 

Félicitations aux lauréats du Concours Sphinx 2022! 

Division Senior  

  • Premier prix et gagnant du prix Robert Frederick Smith (50 000 $ : Kebra-Seyoun Charles, contrebasse 
  • Deuxième prix (20 000 $) : Gabriela Lara, violon 
  • Troisième prix (10 000 $): Harper Randolph, alto 
  • Choix du public (5 000 $): Gabriela Lara, violon 

Division Junior  

  • Premier prix (10 000 $) : Jonathan Okseniuk, violon 
  • Deuxième prix (5 000 $) : Brandon Leonard, violoncelle 
  • Troisième  prix (3 000 $) : Ana Isabella España, violon 
  • Choix du public (1 000 $) : Brandon Leonard, violoncelle 

Liens aux ressources (en anglais seulement)

Enregistrement intégral du Concours Sphinx 2022 

Enregistrements de toutes les séances de la conférence SphinxConnect 2022 

Notes sur les séances auxquelles ont assisté le personnel d’OC 

Ressources : Pleins feux sur les femmes en direction musicale

Le mercredi 27 octobre 2021, Orchestres Canada et l’Association pour l’opéra au Canada se sont associés pour présenter Les femmes en direction musicale (FDM), un programme de formation pluriannuel destiné aux femmes et personnes non binaires chefs d’orchestre.

Sous la gouverne de Tapestry Opera et de ses principaux partenaires, le Toronto Symphony Orchestra et Pacific Opera Victoria, le programme FDM cible l’iniquité historique entre les sexes au chapitre de la direction d’ensembles de musique classique en offrant une formation intensive, un mentorat et des occasions aux chefs d’orchestre doués. En tandem avec un réseau grandissant d’organismes partenaires à l’échelle du Canada, le programme permet de faciliter des placements au cours desquels les participants sont invités à observer les activités entreprises par les partenaires durant leurs saisons et à y participer.

Visionnez l’enregistrement de la session
Télécharger le document d’information sur le programme du LME

Si vous avez des questions sur la façon de vous impliquer ou si vous souhaitez en savoir plus sur FDM, veuillez contacter Jennifer Szeto, responsable du projet Les femmes en direction musicale : [email protected]

Le pouvoir des expériences vécues : Réponses artistiques à la crise climatique

Le 2 juin dernier, la Soulpepper Theatre Company, PACT et ARCA ont organisé « Les séances vertes : une journée d’apprentissage ». Le personnel d’OC y a assisté et a été époustouflé! En explorant et contextualisant les conséquences des objectifs de développement durable des Nations Unies pour les orchestres canadiens, selon le cadre stratégique envisagé par OC pour la période 2021-2024, cet après-midi d’apprentissage nous a amenés à réfléchir à une question clé : qu’est-ce que nos réponses artistiques à la crise climatique pourraient accomplir?
 

Les séances vertes : une journée d’apprentissage comprenait des plénières avec des conférenciers renommés et un certain nombre d’ateliers visant à explorer des aspects particuliers de l’urgence climatique. Les conférenciers incluaient Melina Laboucan-Massimo, the Hon. Steven Guilbeault, Jesse Wente, Seth Klein, Annamie Paul, Dale Marshall, Kendra Falconi, David Maggs, Carolynne Crawley, Alanna Mitchell, Toby Heaps, Matt Millares, Gabrielle Bastien, Batul Gulamhusein et Emma Stenning.  

Voici quelques-uns des enseignements à retenir : 

Visions du monde autochtones à l’avant-plan 

La journée a commencé par une présentation bien sentie de Melina Laboucan-Massimo (fondatrice de Sacred Earth Solar et cofondatrice de l’Indigenous Climate Action). Sa communauté d’attache est la Première Nation crie du Lac-Lubicon à Little Buffalo, en Alberta, située au cœur de la forêt boréale et des sables bitumineux de l’Alberta. Melina a insisté, comme moyen d’aborder la crise climatique, sur le pouvoir des visions du monde autochtones, valorisant la réciprocité avec la Terre mère, ainsi que la gouvernance et les structures de soin collectives. Elle a aussi traité de l’impact du traumatisme intergénérationnel sur les membres des Premières Nations résultant du racisme environnemental (comme un déversement d’hydrocarbures dans la communauté de Melina), de l’expérience des pensionnats et de siècles de colonialisme. Au Canada, pour les peuples autochtones, les génocides culturel et environnemental sont liés, étant donné que la destruction continue des terres ou l’évacuation des peuples autochtones de leurs terres contribuent aussi à détruire les modes de vie autochtones. Dans la lutte pour la justice climatique, il faut impérativement reconnaître le pouvoir des visions du monde autochtones pour éclairer les voies d’avenir et venir à bout de la douleur, de l’épuisement et du traumatisme auxquels les communautés autochtones font face dans le contexte du colonialisme. Orchestres Canada reste solidaire avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis sur la ligne de front de la lutte pour la justice environnementale.  

Pour écouter le discours thème de Melina, « Indigenous Issues and the Climate Emergency », cliquer ici 

 

La superpuissance de la narration : inspirer l’action et le changement 

Dans son discours thème, l’hon. Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien, s’est inspiré de son expérience de travail en activisme environnemental avant son élection à la Chambre des communes. Il a fait observer que les communications au sujet du climat centrées sur des statistiques désastreuses ou des visions apocalyptiques avaient leurs limites et s’est dit persuadé du lien entre les arts et une nouvelle vague de communications plus efficaces au sujet du climat visant à susciter de l’espoir menant à l’action. 

Dans son discours, le président du Conseil des arts du Canada, Jesse Wente, a insisté quant à lui sur le pouvoir de l’art de « libérer notre imagination » pour nous permettre d’envisager un avenir meilleur que ce que le capitalisme et le colonialisme offrent actuellement sur les plans social et environnemental. Il a en outre fait valoir que la narration était « résistante aux crises » en ce  sens que, comme artistes, nous avons le pouvoir, à tout moment, de redéfinir et rehausser le profil de l’urgence climatique, à l’intérieur et au-delà de notre secteur. Nous pouvons utiliser l’art pour communiquer et vivifier l’urgence actuelle et nos avenirs, pour mobiliser les communautés et pour favoriser une nouvelle réflexion sur nos relations actuelles et futures avec la Terre. Grâce à des partenariats avec des scientifiques et des organismes environnementaux, par exemple, The Only Animal emploie le théâtre pour susciter une « histoire d’amour » entre le public et le monde naturel.  

Pour écouter le discours thème du ministre Guilbeault, « The Climate Emergency and Politics » cliquer ici 

Pour écouter le discours thème de Jesse,  «The Climate Emergency and Culture », cliquer ici
 

Se rallier autour de l’urgence 

Dans son discours thème, l’auteur Seth Klein a repris les arguments qu’il défend dans son livre, A Good War: Mobilizing Canada for the Climate Emergency, et fait le lien entre les leçons tirées de la mobilisation générale autour de la Seconde Guerre mondiale et la crise climatique actuelle. Toute mobilisation générale a besoin des arts! Durant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, les artistes ont joué un rôle critique en aidant à vendre des obligations pour financer la guerre, en créant des peintures de la ligne de front et en produisant une musique pertinente. À cette époque, l’art et l’espoir se sont unis pour motiver la population face à un énorme défi.  

Seth soutient qu’avant de passer en « mode d’urgence » face à une crise, les sociétés traversent ordinairement une période de déni (vous connaissez peut-être ce défi sur le plan climatique…). Selon Seth, les quatre indicateurs du passage en mode d’urgence du gouvernement sont les suivants :  

  • Dépenser n’importe quel montant afin de « gagner »; 
  • Créer de nouvelles institutions pour produire des résultats; 
  • Transformer des politiques facultatives ou basées sur des incitatifs en mesures obligatoires; 
  • Dire la vérité pour communiquer le sentiment d’urgence. 

Jusqu’à maintenant, aucun parti politique canadien ne coche les quatre indicateurs liés à l’urgence climatique. Prenons, aux fins de comparaison, la pandémie de la COVID-19; les quatre indicateurs ont été atteints très rapidement au Canada!  Selon le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) le gouvernement dépense 5 milliards de dollars par année au chapitre de l’urgence climatique, mais 5 milliards de dollars par semaine à celui de la pandémie. Le gouvernement a dépensé des sommes faramineuses pour protéger la population contre la menace de la COVID-19, ce qui, selon Seth, montre que les fonds ont toujours été disponibles pour des urgences, mais qu’ils n’ont tout simplement pas été affectés à des enjeux comme le changement climatique. Étant donné que la plupart des dirigeants politiques canadiens n’agissent  pas comme si le changement climatique était une urgence, nos niveaux d’émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas à la vitesse requise pour faire face à la crise imminente. Actuellement, toutes les mesures sont facultatives, donc faciles à laisser pour compte.  

Pour écouter le discours thème de Seth, « The Climate Emergency and the Artists », cliquer ici 

Les artistes en tête 

Les contributions personnelles comptent, mais si nous voulons voir des changements significatifs, il faut que le gouvernement agisse. Comme de nombreux intervenants l’ont signalé, il nous reste 11 ans pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre suffisamment pour éviter un changement climatique catastrophique. Annamie Paul (chef du Parti vert du Canada) a rappelé aux participants que le Canada se classait parmi les cinq premiers pays du monde pour ses émissions de gaz à effet de serre par habitant et avait le pire bilan en matière de réduction parmi les pays du G7. Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2016, nos émissions ont en fait augmenté chaque année plutôt que de diminuer. Selon Annamie, pour réduire les émissions de 60 % d’ici 2030, nous avons besoin de bilans de carbone et de changements de fond. Dans l’ensemble, le public reconnaît la gravité de l’urgence – mais pourquoi n’est-ce pas le cas de nos dirigeants? Pourquoi ne pouvons-nous pas les motiver ou augmenter le nombre de personnes dans la sphère politique prêtes à intervenir face à la crise climatique?  Annamie a encouragé les artistes à briguer les suffrages, à s’asseoir à la table pour faire valoir l’importance d’agir en matière climatique et la vitalité de notre secteur. 

Pour écouter le discours thème d’Annamie, « Climate Action and Policy », cliquer ici 

« Les séances vertes : une journée d’apprentissage » ont été inspirantes et ont mis en lumière les manières dont les artistes et les organismes artistiques pouvaient faire appel à nos compétences pour prôner le changement ensemble. Surveillez le Soulpepper Theatre pour en savoir plus sur ses prochaines séances vertes – une journée de formation et une journée d’action, prévues pour la fin août et le début septembre (dates exactes à déterminer). Vous pouvez communiquer avec le Soulpepper Theatre à [email protected] et visionner tous les enregistrements des séances vertes sur YouTube à The Green Sessions: Day of Learning  

Un instantané des orchestres au temps de la pandémie

Visual for the SurveyPour souligner le premier anniversaire de la pandémie qui a suspendu les activités des orchestres et des organismes culturels partout au Canada, nous plongeons dans des données nouvelles sur la situation des orchestres. L’Enquête nationale sur les répercussions dans le secteur culturel, dont Orchestres Canada a été le fer de lance et dont les résultats ont été publiés au début de l’année, reflète les réponses reçues de 728 organismes, y compris 73 orchestres. Une comparaison entre les orchestres et les organismes culturels en général aide à jeter de la lumière sur certaines tendances clés qui peuvent aider les orchestres à se préparer en vue de la reprise graduelle qui les attend.  

 

1- Les orchestres estiment avoir été laissés pour compte par les mesures de soutien gouvernementales

Dans l’ensemble, les orchestres étaient moins positifs que les organismes culturels en général à propos de nombre de programmes de soutien gouvernementaux.  En effet, 57 % des orchestres, contre 45 % de tous les organismes culturels, ont dit ne pas être admissibles à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). Dans l’ensemble, les orchestres étaient moins portés à donner une cote positive à la plupart des programmes de soutien gouvernementaux :

2- Les orchestres sont à l’avant-garde de la tendance vers le travail à domicile

Près des trois quarts (72 %) des travailleurs des orchestres ont travaillé de leur domicile durant la pandémie. Même après une future reprise, 50 % de l’effectif orchestral continuera sans doute à travailler de la maison. Cette proportion est le double du niveau enregistré avant la pandémie (26%) et supérieure à celle notée pour l’ensemble des organismes culturels (42 %).

3- Les orchestres sont enthousiasmés par le numérique

Les orchestres tendaient à avoir eu des expériences plus positives en matière de programmation numérique que les organismes culturels en général; en effet, 49 % ont déclaré que la programmation numérique avait dépassé leurs attentes contre 35 % de la totalité des organismes artistiques. Il est intéressant de noter que les orchestres plus portés que ces derniers à dire qu’ils ont l’intérêt, la capacité, le savoir, le matériel, la technologie et la vitesse Internet nécessaires pour opérer un virage numérique.

4- Près d’un orchestre sur trois est dans une situation périlleuse, les autres sont dans un circuit d’attente

Au total, 31 % des orchestres étaient fermés ou évaluaient leur capacité à rester ouverts. En général, les orchestres se sentent plus éloignés d’une reprise que les autres organismes. Ils étaient beaucoup plus portés à dire que l’importance attachée aux activités, à la reprise et à une aide après la pandémie constituait un obstacle à l’obtention de fonds (10 % pour les orchestres contre 2 % pour l’ensemble des organismes culturels). Paradoxalement, les orchestres tendent à être plus optimistes quant à leur capacité à se remettre de la pandémie (74 %) que l’ensemble des organismes culturels (67 %).

5- Pertes énormes sur le plan professionnel pour les particuliers

Depuis le début de la pandémie, 83 % des artistes et travailleurs culturels du secteur orchestral ont perdu au moins une part de leur travail; d’ailleurs, 13 % ne travaillent plus dans ce secteur.  En moyenne, les répondants avaient travaillé dans le domaine des arts depuis 23 ans. Au moins 71 % des répondants ont dit s’attendre à un revenu inférieur à ce qu’ils avaient initialement prévu. La proportion de ceux qui s’attendaient à un revenu inférieur à 20 000 $ (35 %) avait triplé comparativement à ce qu’elle était avant la pandémie (13 %). 

En outre, les particuliers s’attendent à toucher une plus grande part de revenu de sources autres qu’artistiques; en effet, seulement 68 % du revenu de ces artistes et travailleurs culturels viennent actuellement d’activités artistiques, contre 80 % avant la pandémie. Environ le tiers d’entre eux affirment qu’il est peu probable qu’ils travaillent encore dans le domaine des arts et de la culture dans trois mois (février 2021).

6- Accroissement du niveau de stress et d’anxiété

Environ quatre fois plus de travailleurs culturels signalent des niveaux élevés ou très élevés de stress et d’anxiété aujourd’hui comparativement à la période avant la pandémie. Résultat encore plus révélateur, aucun répondant ne signalait un niveau très élevé de stress avant la pandémie, contre 33 % aujourd’hui. Les femmes sont plus portées que les hommes à indiquer des niveaux élevés de stress et d’anxiété aujourd’hui qu’avant la pandémie, alors que la différence avant la COVID était minimale.

7- Des liens plus solides parmi les membres d’Orchestres Canada 

Les organismes affiliés à Orchestres Canada (60 %) tendent, plus que l’ensemble des organismes culturels participants (48 %), à se tenir au courant des faits au moyen de réunions nationales entre pairs. En outre, environ les deux tiers (64 %) des répondants affiliés à Orchestres Canada disent se sentir informés au sujet des mises à jour sectorielles et gouvernementales, soit une proportion plus élevée que celle de 49 % signalée par tous les particuliers participants. Bravo à la communauté d’OC!

 

Source : Enquête nationale sur les répercussions dans le secteur culturel, janvier 2021

Les Canadiens sont-ils prêts à revenir aux arts ?

Le mardi 22 septembre, Nik Nanos, scientifique de données en chef et fondateur de Nanos Research, a partagé les résultats de la dernière enquête ARTS (Arts Response Tracking Survey), un partenariat entre Affaires / Arts, le Centre national des Arts et Nanos Research, qui a sondé plus de 1 000 Canadiens pour évaluer leurs attitudes sur le retour et le soutien aux arts à travers le Canada. Le travail de terrain pour cette étude a été achevé le 30 juillet 2020 et visait les amateurs d’art canadiens. 

Ces dernières conclusions donnent un aperçu utile aux organismes artistiques, en particulier aux collecteurs de fonds, pour aider à orienter les modèles de programmation et de collecte de fonds.

ARTS s’est concentré sur trois axes : 

1- La date de retour, qui a permis de suivre l’impact de la pandémie et le moment où les amateurs d’art prévoient de revenir.

2- Les conditions de retour, qui a permis de déterminer les mesures de précaution que les amateurs d’art canadiens souhaitent voir mises en place avant de retourner aux manifestations artistiques et culturelles.

3- Les dons, qui ont permis de saisir les activités de dons déclarées pour 2019, 2020 et projetées jusqu’en 2021 afin de comprendre l’impact immédiat probable de la pandémie et de planifier pour 2021. 

 

Conclusions :

La date de retour : 

En ce qui concerne les activités culturelles en salle, 23 % des amateurs d’art canadiens y retourneraient immédiatement, tandis que 38 % ont déclaré qu’ils attendraient 6 mois en moyenne avant d’y retourner. Une personne sur trois n’est toujours pas sûre d’y retourner.

En ce qui concerne les activités culturelles en plein air, 37 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles y retourneraient immédiatement, 30 % attendraient 5 mois en moyenne et 1 personne sur 3 n’est toujours pas sûre d’y retourner. 

Les musées et les galeries d’art sont les lieux dont les amateurs canadiens sont le plus incertains, avec 43 % qui disent ne pas savoir quand ils y retourneront. 

 

Conditions de retour :

Les amateurs de culture disent de plus en plus que les masques sont une précaution qui leur permettrait de se sentir à l’aise pour assister à une manifestation en personne. Cela sous-entend un alignement avec les recommandations de santé publique. 

Pour les spectacles en salle, 40 % des spectateurs (contre 27 % en mai) qui prévoient d’assister à un spectacle immédiatement après la réouverture souhaitent porter un masque. 

Quant à ceux qui prévoient attendre 1 à 5 mois avant de retourner assister à des spectacles, 43 % ont déclaré vouloir des masques (contre 29 % en mai). 

Les chiffres sont très similaires pour les spectacles en plein air : le consensus est que les gens se sentiraient beaucoup plus en sécurité si les précautions comprenaient des masques. 

 

Les dons :

En 2019, 43 % des consommateurs de culture ont fait des dons aux organisations artistiques et culturelles, pour un montant moyen de 158 $. En 2020, on s’attend à ce que ces chiffres diminuent : 39 % des personnes qui fréquentent les lieux culturels s’attendent à faire un don de 126 $ en moyenne, ce qui représente une baisse de 20 % par rapport à 2019. 

Le bon côté des choses, c’est que l’année 2021 semble prometteuse : 42 % des personnes interrogées ont l’intention de faire un don de 222 $ en moyenne, ce qui représente une augmentation de 40 % par rapport à l’année en cours. 

Nik Nanos a souligné le fait que les organisations artistiques seront durement touchées cette année. Toutefois, selon la conjoncture économique, il est probable que les dons reprennent en 2021. 

 

Il est à noter que la tranche d’âge des 35-54 ans prévoit donner moins en 2021. Cette baisse sera toutefois compensée par une augmentation du montant des dons de la cohorte des 55 ans et plus : leur générosité devrait se poursuivre en 2021. 

 

Cinq panélistes ont participé à une discussion après la présentation :

1- Wesley J. Colford du Highlanders Theatre a partagé une histoire à succès inspirante; cette compagnie de théâtre relativement jeune, basée à Sydney, en Nouvelle-Écosse, s’attendait à faire faillite d’ici août 2020 en raison de la pandémie. Au lieu d’abandonner, elle a lancé un programme appelé « Radical Access », dans le cadre duquel elle est passée de la vente de billets à un modèle de sociofinancement en demandant des dons mensuels. Ce modèle a connu un grand succès et la compagnie a déjà atteint 98 % de son objectif de financement.

2- Irfan Rawji, du musée Glenbow de Calgary, a parlé des finances et de ce que le gouvernement canadien pourrait faire pour aider les organisations artistiques. Il a souligné l’exemple d’un programme du gouvernement britannique qui couvre 50 % des factures des restaurateurs les lundis, mardis et mercredis. En substance, le gouvernement permet au public de choisir les restaurants qui survivront. 

3- Monica Esteves, directrice générale de Canadian Stage à Toronto, a dit avoir mené un sondage auprès de son public en juin et avoir appris que celui-ci était préoccupé par la compagnie et sa survie. En même temps, le public n’était pas prêt à prendre des engagements à long terme. En réponse, Canadian Stage programme et vend ses activités en « mini-saisons » de trois mois et continuera à le faire au moins pendant les douze prochains mois. Le conseil d’administration examine les progrès réalisés et approuve les plans par tranches de trois mois, ce qui permet à l’organisation de réagir rapidement aux situations émergentes.   

4- Claire Sakaki, directrice générale de Bard on the Beach (Vancouver), a parlé de son Festival, qui existe depuis 31 ans et qui présente généralement 300 spectacles dans un lieu emblématique de Vancouver pendant les mois d’été. La vente de billets et les dons représentent la plus grande partie de ses 9 millions de $ de revenus annuels. Transcendant l’emplacement physique, la compagnie s’est rapidement donné une nouvelle image pour devenir « Bard Beyond the Beach » avec un logo temporaire et a lancé « Bard in your Heart », axée sur les donateurs. Dans un même temps, elle a réimaginé toutes ses activités sur des plateformes virtuelles, allant des (spectacles – vous ne l’avez pas dit ?) aux visites des coulisses et au dîner annuel.

5- Jayne Watson, PDG de la Fondation du Centre national des Arts, a parlé des efforts du CNA pour garder les donateurs connectés et heureux en cette période de grande incertitude.  Elle a souligné le lien étroit entre les projets attrayants et la générosité des donateurs, en mettant en avant des initiatives telles que le financement par le CNA de 12 compagnies de théâtre pour qu’elles présentent des spectacles socialement distants, et le succès continu de la série de spectacles gratuits en direct « Canada Performs ». Elle a également souligné le fait que le CNA est passé du traditionnel gala d’automne à un programme axé sur les dons individuels, y compris un programme de jumelage des dons. 

Présentation de la réunion 

Vidéo de la réunion

Ressources utiles pour en savoir davantage sur les inégalités raciales dans les arts et le secteur sans but lucratif

À la fin mai, le décès de George Floyd aux États-Unis et de Regis Korchinski-Paquet au Canada, chacun d’eux aux mains de la police, a provoqué un mouvement international de condamnation du racisme anti-Noirs et de la brutalité policière. Au cours des mois suivants, des policiers canadiens ont aussi tué Chantel Moore, Rodney Levi et Ejaz Choudry, renforçant les appels à l’action pour traiter de la violence policière contre les communautés PANDC au Canada. On décèle maintenant à l’échelle du pays un sentiment croissant d’urgence dans la lutte contre le racisme systémique. Ces enjeux n’existent pas uniquement dans le contexte de l’application de la loi; la suprématie blanche et l’iniquité systémique sont répandues dans tous les secteurs, y compris ceux des arts et des orchestres. Nombre d’intéressés ont produit des textes sur les arts et le secteur sans but lucratif pour expliquer ces iniquités et offrir leurs réflexions sur l’allure que pourrait prendre le changement à long terme.

Liste de lecture compilée par Nina Jeftic, coordinatrice d’équité, Orchestres Canada (été 2020)

Il faut agir contre le racisme et les discriminations ! Entretien avec Webster, juin 2020

Webster, un artiste hip-hop de la région de Québec, examine pourquoi la pandémie a sensibilisé les gens aux problèmes du racisme; il explique des concepts pour mieux les comprendre. Il dit qu’il ne suffit pas de comprendre certains de ceux-ci et ajoute que les arts jouent un rôle essentiel dans la transmission des problèmes sociaux. Webster se spécialise dans la présence des Noirs et l’esclavage au Québec. Pour en savoir plus, visitez : http://www.websterls.com/#intro

Le racisme des autres ne saurait masquer le nôtre, Stéphane Baillargeon, juin 2020

Stéphane Baillargeon affirme que le racisme aux États-Unis ne doit pas être une distraction par rapport au racisme qu’on trouve au Canada. Il cite Robyn Maynard qui dit : « Quand on se compare, on cherche sciemment à éviter l’auto-examen ». Maynard explique que la pandémie a montré au pays que les Noirs et les Autochtones sont plus vulnérables; il ne faut pas demander un retour à la normale, il faut changer le système.

Le racisme systémique… Parlons-en!, Ligue de droits et libertés

Ce guide produit par la Ligue des droits et libertés touche à plusieurs thèmes importants qu’on doit aborder dans une discussion du racisme systémique. Il offre des explications au sujet du racisme et donne le vocabulaire nécessaire pour avoir des conversations constructives à ce sujet. La Ligue de droits et libertés offre beaucoup de ressources pour comprendre le racisme et la discrimination. Consultez : http://liguedesdroitsqc.org/racismeressources/

Pour un processus d’équité culturelle : Rapport de la consultation sur le racisme systémique dans le milieu des arts, de la culture et des médias à Montréal, Diversité Artistiques Montréal,2017-2018

Ce rapport comprend les résultats d’un an de consultation avec des personnes racisées qui travaillent dans les arts, la culture et les médias. Il offre une analyse des pratiques excluantes, de leurs causes et de leurs impacts. Il inclut aussi 31 recommandations pour le milieu à partir de 6 axes : sensibilisation, représentation, recrutement, financement, mécanismes de médiation et d’intégration dans les arts, références et mécanismes de recours. Pour d’autres publications de DAM, visitez : https://www.diversiteartistique.org/publications/pole-recherche/

Briser le code, documentaire

Le documentaire ‘Briser le code’ suit Fabrice Vil dans son explication du « code » existant au Québec, c’est-à-dire les « attitudes et comportements que les personnes racisées et autochtones doivent utiliser pour se fondre dans la majorité sans déranger ». En conversation avec plusieurs autres, Vil prouve que le racisme existe toujours au Québec et les gens doivent encore se masquer derrière « le code ».

Plan d’action pour la diversité culturelle 2016-2019, Conseil des arts et des lettres du Québec

Le plan d’action pour la diversité culturelle du CALQ identifie des objectifs importants pour mieux soutenir les artistes et les organisations dans leurs efforts en vue d’améliorer la diversité culturelle. Il y a trois catégories d’objectifs, dont chacun est associé à plusieurs actions visant à l’atteindre.

Racisme et discrimination systémiques dans les arts Analyse et réflexions sur le parcours du Conseil des arts de Montréal, produit par Daisy Boustany, octobre 2019

Ce mémoire, produit par Daisy Boustany, rend compte de l’analyse entreprise par le Conseil des arts de Montréal pour aborder les problèmes complexes du racisme et de la discrimination systémiques qui se trouvent dans le milieu artistique à Montréal et au Québec. La posture, l’équité et le financement responsable et équitable sont trois disciplines sur lesquelles le CAM s’appuiera pour concevoir ses prochaines étapes.

Mémoire- Consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques, Culture Montréal, octobre 2019

Ce mémoire est le résultat d’une consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques. Il présente le contexte de la consultation, les constats et le fonctionnement des institutions culturelles municipales, en plus d’inclure des recommandations. Culture Montréal reconnaît qu’il reste encore un travail considérable à faire pour corriger les obstacles systémiques et créer plus de ressources pour les créateurs issus de la diversité.

 

Please note that the Orchestras Canada office will close for the holidays on 19 December 2024, and re-open on the morning of 3 January 2025. Happy holidays!

L'équipe d'OC sera déconnectée à partir de la fin de la journée du jeudi 19 décembre 2024 et sera de retour au bureau le vendredi 3 janvier 2025.