L’avenir de l’orchestre numérique : La fierté au travail
Le 4 juin dernier, OC a accueilli Daniel Bartholomew-Poyser (Toronto Symphony/Symphony Nova Scotia), Bob Fraser (OCSM), Andrew Bennett (Kitchener-Waterloo Symphony) et Robin Whiffen (Against the Grain Theatre) pour conclure sa série en trois parties L’avenir de l’orchestre numérique. Le sujet de ce dernier forum: La fierté au travail.
La conversation a commencé par une synthèse des constatations de recherches basées sur les entrevues en profondeur menées par The Arts Firm auprès de représentants d’orchestres et d’organismes d’arts de la scène de l’Amérique du Nord au sujet de leur expérience en matière d’activités numériques durant la pandémie de la COVID-19 et de l’avenir qu’ils entrevoient pour le numérique. Nos conférenciers ont ensuite fait de courtes présentations qui ont été suivies d’une discussion entre experts et d’une séance de questions et réponses.
Voici quelques-unes des leçons retenues au sujet de la fierté au travail et du contenu numérique.
Repenser l’« excellence artistique »
Robin a posé une question pénétrante : qu’est-ce que l’« excellence artistique » et qui la définit? En s’accrochant aux notions eurocentriques d’excellence en musique classique, comme la maîtrise des compétences, la virtuosité ou la présentation exclusive d’œuvres des grands maîtres, les orchestres limitent leur réponse artistique aux communautés immédiates. De plus, comme Andrew l’a signalé, les musiciens sont souvent leurs pires critiques. L’idée d’« excellence » encourage les artistes à établir un lien malsain entre le succès, la fierté et la perfection. Bob a proposé une autre mesure du succès : dans quelle mesure une œuvre va-t-elle chercher les auditeurs? Quelles possibilités s’ouvrent si l’on repense la définition du succès sur le plan créatif pour y inclure plus de compassion et l’axer davantage sur une connexion? Si l’on songe à créer d’une manière éthique, centrée sur une réflexion holistique des artistes et de la communauté concernée?
Travail centré sur l’artiste
Votre orchestre a quelque chose à raconter – vous transmettez non pas une vision, mais une mosaïque de visions par le biais des artistes que vous engagez. Comment peut-on faire en sorte que tous les intervenants s’impliquent dans ce qu’ils ont à raconter et en soient fiers? En plaçant les artistes au cœur de l’activité. Un travail centré sur l’artiste accroît la fierté, inspire les intervenants et améliore la qualité du produit! Il est important d’impliquer les artistes dans le processus décisionnel dès le début plutôt que d’adopter une approche de haut en bas. Robin a exploré comme exemple la production numérique de Messiah/Complex d’Against the Grain Theatre. En plus de favoriser des liens, cette collaboration entre 200 personnes a servi à réimaginer l’œuvre dans un espace numérique en faisant appel à des voix nouvelles. Il faut prendre le temps d’apprendre à connaître son monde, ses forces et ses particularités.
Comprendre l’artiste
Les contributions des artistes sur la scène sont au cœur des orchestres, mais leur vie loin de la scène est importante également. Bob a fait remarquer que les médias braquent en permanence les feux des projecteurs sur les artistes, mais les musiciens d’orchestre ne sont pas tous également à l’aise dans cette situation. Le milieu de travail est stressant – les musiciens risquent trois fois plus de souffrir d’anxiété et de dépression. Comment les orchestres peuvent-ils les appuyer? Andrew a insisté sur l’importance d’être à l’écoute des besoins et des zones de confort des artistes et de mettre en valeur leurs points forts. Comme il l’a également expliqué, la présence d’artistes inspirés et satisfaits se manifeste auprès des donateurs et des bailleurs de fonds. Loin d’être uniquement des groupes d’artistes talentueux qui se produisent ensemble, les orchestres sont des communautés de collaborateurs et d’innovateurs. Il est essentiel de favoriser un sentiment de soutien et de compréhension communautaires, même dans des univers numériques et hybrides.
L’avenir du travail artistique numérique
Selon Daniel, lorsqu’on a recours au numérique pour raconter des histoires, aucun montant d’argent ne peut compenser un manque d’imagination. Depuis plus d’un an, un grand nombre d’orchestres se concentrent sur le numérique, mais l’échelle et l’intensité des projets numériques ne pourront être maintenus quand les spectacles en salle reprendront. Daniel s’attend à ce que le numérique continue après la pandémie, mais sous une forme plus restreinte et souple que celle des concerts en ligne que beaucoup d’orchestres produisent actuellement. En outre, les projets seront conçus expressément pour le numérique.
OC tient à remercier Bob, Robin, Andrew et Daniel et tous ceux qui ont participé à la discussion et fait des observations perspicaces. Nous sommes reconnaissants envers le Conseil des arts du Canada et son fonds Stratégie numérique, dont le généreux soutien a permis de mener à bien la recherche et les activités de L’avenir de l’orchestre numérique. Nous remercions également notre comité directeur (Bernard LeBlanc de la Fédération canadienne des musiciens, Robert Fraser de l’Organisation des musiciens d’orchestres symphoniques du Canada, Jovanny Savoie du Conseil québécois de la musique, Tim Crouch de Soundstreams / comité numérique d’OC, et Tanya Derksen du Philadelphia Orchestra / membre du conseil d’administration d’OC), qui a assuré la surveillance et la rétroaction durant ce projet. Ce projet a été géré par The Arts Firm. Nous vous invitons à explorer les enregistrements, les présentations PowerPoint et les principales leçons retenues des autres séances de L’avenir de l’orchestre numérique sur les publics (21 mai 2021) et les finances (28 mai 2021).
Ressources :