Un instantané des orchestres au temps de la pandémie

Visual for the SurveyPour souligner le premier anniversaire de la pandémie qui a suspendu les activités des orchestres et des organismes culturels partout au Canada, nous plongeons dans des données nouvelles sur la situation des orchestres. L’Enquête nationale sur les répercussions dans le secteur culturel, dont Orchestres Canada a été le fer de lance et dont les résultats ont été publiés au début de l’année, reflète les réponses reçues de 728 organismes, y compris 73 orchestres. Une comparaison entre les orchestres et les organismes culturels en général aide à jeter de la lumière sur certaines tendances clés qui peuvent aider les orchestres à se préparer en vue de la reprise graduelle qui les attend.  

 

1- Les orchestres estiment avoir été laissés pour compte par les mesures de soutien gouvernementales

Dans l’ensemble, les orchestres étaient moins positifs que les organismes culturels en général à propos de nombre de programmes de soutien gouvernementaux.  En effet, 57 % des orchestres, contre 45 % de tous les organismes culturels, ont dit ne pas être admissibles à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). Dans l’ensemble, les orchestres étaient moins portés à donner une cote positive à la plupart des programmes de soutien gouvernementaux :

2- Les orchestres sont à l’avant-garde de la tendance vers le travail à domicile

Près des trois quarts (72 %) des travailleurs des orchestres ont travaillé de leur domicile durant la pandémie. Même après une future reprise, 50 % de l’effectif orchestral continuera sans doute à travailler de la maison. Cette proportion est le double du niveau enregistré avant la pandémie (26%) et supérieure à celle notée pour l’ensemble des organismes culturels (42 %).

3- Les orchestres sont enthousiasmés par le numérique

Les orchestres tendaient à avoir eu des expériences plus positives en matière de programmation numérique que les organismes culturels en général; en effet, 49 % ont déclaré que la programmation numérique avait dépassé leurs attentes contre 35 % de la totalité des organismes artistiques. Il est intéressant de noter que les orchestres plus portés que ces derniers à dire qu’ils ont l’intérêt, la capacité, le savoir, le matériel, la technologie et la vitesse Internet nécessaires pour opérer un virage numérique.

4- Près d’un orchestre sur trois est dans une situation périlleuse, les autres sont dans un circuit d’attente

Au total, 31 % des orchestres étaient fermés ou évaluaient leur capacité à rester ouverts. En général, les orchestres se sentent plus éloignés d’une reprise que les autres organismes. Ils étaient beaucoup plus portés à dire que l’importance attachée aux activités, à la reprise et à une aide après la pandémie constituait un obstacle à l’obtention de fonds (10 % pour les orchestres contre 2 % pour l’ensemble des organismes culturels). Paradoxalement, les orchestres tendent à être plus optimistes quant à leur capacité à se remettre de la pandémie (74 %) que l’ensemble des organismes culturels (67 %).

5- Pertes énormes sur le plan professionnel pour les particuliers

Depuis le début de la pandémie, 83 % des artistes et travailleurs culturels du secteur orchestral ont perdu au moins une part de leur travail; d’ailleurs, 13 % ne travaillent plus dans ce secteur.  En moyenne, les répondants avaient travaillé dans le domaine des arts depuis 23 ans. Au moins 71 % des répondants ont dit s’attendre à un revenu inférieur à ce qu’ils avaient initialement prévu. La proportion de ceux qui s’attendaient à un revenu inférieur à 20 000 $ (35 %) avait triplé comparativement à ce qu’elle était avant la pandémie (13 %). 

En outre, les particuliers s’attendent à toucher une plus grande part de revenu de sources autres qu’artistiques; en effet, seulement 68 % du revenu de ces artistes et travailleurs culturels viennent actuellement d’activités artistiques, contre 80 % avant la pandémie. Environ le tiers d’entre eux affirment qu’il est peu probable qu’ils travaillent encore dans le domaine des arts et de la culture dans trois mois (février 2021).

6- Accroissement du niveau de stress et d’anxiété

Environ quatre fois plus de travailleurs culturels signalent des niveaux élevés ou très élevés de stress et d’anxiété aujourd’hui comparativement à la période avant la pandémie. Résultat encore plus révélateur, aucun répondant ne signalait un niveau très élevé de stress avant la pandémie, contre 33 % aujourd’hui. Les femmes sont plus portées que les hommes à indiquer des niveaux élevés de stress et d’anxiété aujourd’hui qu’avant la pandémie, alors que la différence avant la COVID était minimale.

7- Des liens plus solides parmi les membres d’Orchestres Canada 

Les organismes affiliés à Orchestres Canada (60 %) tendent, plus que l’ensemble des organismes culturels participants (48 %), à se tenir au courant des faits au moyen de réunions nationales entre pairs. En outre, environ les deux tiers (64 %) des répondants affiliés à Orchestres Canada disent se sentir informés au sujet des mises à jour sectorielles et gouvernementales, soit une proportion plus élevée que celle de 49 % signalée par tous les particuliers participants. Bravo à la communauté d’OC!

 

Source : Enquête nationale sur les répercussions dans le secteur culturel, janvier 2021

Les Canadiens sont-ils prêts à revenir aux arts ?

Le mardi 22 septembre, Nik Nanos, scientifique de données en chef et fondateur de Nanos Research, a partagé les résultats de la dernière enquête ARTS (Arts Response Tracking Survey), un partenariat entre Affaires / Arts, le Centre national des Arts et Nanos Research, qui a sondé plus de 1 000 Canadiens pour évaluer leurs attitudes sur le retour et le soutien aux arts à travers le Canada. Le travail de terrain pour cette étude a été achevé le 30 juillet 2020 et visait les amateurs d’art canadiens. 

Ces dernières conclusions donnent un aperçu utile aux organismes artistiques, en particulier aux collecteurs de fonds, pour aider à orienter les modèles de programmation et de collecte de fonds.

ARTS s’est concentré sur trois axes : 

1- La date de retour, qui a permis de suivre l’impact de la pandémie et le moment où les amateurs d’art prévoient de revenir.

2- Les conditions de retour, qui a permis de déterminer les mesures de précaution que les amateurs d’art canadiens souhaitent voir mises en place avant de retourner aux manifestations artistiques et culturelles.

3- Les dons, qui ont permis de saisir les activités de dons déclarées pour 2019, 2020 et projetées jusqu’en 2021 afin de comprendre l’impact immédiat probable de la pandémie et de planifier pour 2021. 

 

Conclusions :

La date de retour : 

En ce qui concerne les activités culturelles en salle, 23 % des amateurs d’art canadiens y retourneraient immédiatement, tandis que 38 % ont déclaré qu’ils attendraient 6 mois en moyenne avant d’y retourner. Une personne sur trois n’est toujours pas sûre d’y retourner.

En ce qui concerne les activités culturelles en plein air, 37 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles y retourneraient immédiatement, 30 % attendraient 5 mois en moyenne et 1 personne sur 3 n’est toujours pas sûre d’y retourner. 

Les musées et les galeries d’art sont les lieux dont les amateurs canadiens sont le plus incertains, avec 43 % qui disent ne pas savoir quand ils y retourneront. 

 

Conditions de retour :

Les amateurs de culture disent de plus en plus que les masques sont une précaution qui leur permettrait de se sentir à l’aise pour assister à une manifestation en personne. Cela sous-entend un alignement avec les recommandations de santé publique. 

Pour les spectacles en salle, 40 % des spectateurs (contre 27 % en mai) qui prévoient d’assister à un spectacle immédiatement après la réouverture souhaitent porter un masque. 

Quant à ceux qui prévoient attendre 1 à 5 mois avant de retourner assister à des spectacles, 43 % ont déclaré vouloir des masques (contre 29 % en mai). 

Les chiffres sont très similaires pour les spectacles en plein air : le consensus est que les gens se sentiraient beaucoup plus en sécurité si les précautions comprenaient des masques. 

 

Les dons :

En 2019, 43 % des consommateurs de culture ont fait des dons aux organisations artistiques et culturelles, pour un montant moyen de 158 $. En 2020, on s’attend à ce que ces chiffres diminuent : 39 % des personnes qui fréquentent les lieux culturels s’attendent à faire un don de 126 $ en moyenne, ce qui représente une baisse de 20 % par rapport à 2019. 

Le bon côté des choses, c’est que l’année 2021 semble prometteuse : 42 % des personnes interrogées ont l’intention de faire un don de 222 $ en moyenne, ce qui représente une augmentation de 40 % par rapport à l’année en cours. 

Nik Nanos a souligné le fait que les organisations artistiques seront durement touchées cette année. Toutefois, selon la conjoncture économique, il est probable que les dons reprennent en 2021. 

 

Il est à noter que la tranche d’âge des 35-54 ans prévoit donner moins en 2021. Cette baisse sera toutefois compensée par une augmentation du montant des dons de la cohorte des 55 ans et plus : leur générosité devrait se poursuivre en 2021. 

 

Cinq panélistes ont participé à une discussion après la présentation :

1- Wesley J. Colford du Highlanders Theatre a partagé une histoire à succès inspirante; cette compagnie de théâtre relativement jeune, basée à Sydney, en Nouvelle-Écosse, s’attendait à faire faillite d’ici août 2020 en raison de la pandémie. Au lieu d’abandonner, elle a lancé un programme appelé « Radical Access », dans le cadre duquel elle est passée de la vente de billets à un modèle de sociofinancement en demandant des dons mensuels. Ce modèle a connu un grand succès et la compagnie a déjà atteint 98 % de son objectif de financement.

2- Irfan Rawji, du musée Glenbow de Calgary, a parlé des finances et de ce que le gouvernement canadien pourrait faire pour aider les organisations artistiques. Il a souligné l’exemple d’un programme du gouvernement britannique qui couvre 50 % des factures des restaurateurs les lundis, mardis et mercredis. En substance, le gouvernement permet au public de choisir les restaurants qui survivront. 

3- Monica Esteves, directrice générale de Canadian Stage à Toronto, a dit avoir mené un sondage auprès de son public en juin et avoir appris que celui-ci était préoccupé par la compagnie et sa survie. En même temps, le public n’était pas prêt à prendre des engagements à long terme. En réponse, Canadian Stage programme et vend ses activités en « mini-saisons » de trois mois et continuera à le faire au moins pendant les douze prochains mois. Le conseil d’administration examine les progrès réalisés et approuve les plans par tranches de trois mois, ce qui permet à l’organisation de réagir rapidement aux situations émergentes.   

4- Claire Sakaki, directrice générale de Bard on the Beach (Vancouver), a parlé de son Festival, qui existe depuis 31 ans et qui présente généralement 300 spectacles dans un lieu emblématique de Vancouver pendant les mois d’été. La vente de billets et les dons représentent la plus grande partie de ses 9 millions de $ de revenus annuels. Transcendant l’emplacement physique, la compagnie s’est rapidement donné une nouvelle image pour devenir « Bard Beyond the Beach » avec un logo temporaire et a lancé « Bard in your Heart », axée sur les donateurs. Dans un même temps, elle a réimaginé toutes ses activités sur des plateformes virtuelles, allant des (spectacles – vous ne l’avez pas dit ?) aux visites des coulisses et au dîner annuel.

5- Jayne Watson, PDG de la Fondation du Centre national des Arts, a parlé des efforts du CNA pour garder les donateurs connectés et heureux en cette période de grande incertitude.  Elle a souligné le lien étroit entre les projets attrayants et la générosité des donateurs, en mettant en avant des initiatives telles que le financement par le CNA de 12 compagnies de théâtre pour qu’elles présentent des spectacles socialement distants, et le succès continu de la série de spectacles gratuits en direct « Canada Performs ». Elle a également souligné le fait que le CNA est passé du traditionnel gala d’automne à un programme axé sur les dons individuels, y compris un programme de jumelage des dons. 

Présentation de la réunion 

Vidéo de la réunion