
Principales leçons tirées de Relancer votre orchestre 2, 2021
Parlons franchement sur la planification de la santé et de la sécurité pour la “quatrième vague” de COVID-19
Le vendredi 24 septembre 2021, Orchestres Canada a accueilli l’experte en santé et sécurité pour les arts de la scène, Janet Sellery, CRSP, CHSC, de Sellery Health + Safety, ainsi que Meiko Lydall (chef du personnel) et Christopher Millard (basson solo) de l’Orchestre du Centre national des Arts pour une discussion en groupe sur la manière dont leur organisme envisageait la planification pour cet automne en matière de santé et de sécurité face à la COVID-19. Les participants ont décrit les côtés positifs qu’ils ont vus, les défis qu’ils ont connus, leur façon de gérer les communications avec divers intervenants de l’orchestre et leur adaptation aux changements dans la réglementation qui se sont produits depuis le début de la pandémie.
Voici notamment ce qu’on peut en retenir :
1. Une approche de la santé et de la sécurité allant au-delà du strict nécessaire
Même si le Centre national des Arts a créé un comité sur la santé et la sécurité face à la COVID-19 pour l’ensemble de l’institution (qui regroupe de multiples disciplines artistiques), il est devenu évident pour Meiko et ses collègues de l’OCNA que les préoccupations particulières d’un orchestre symphonique nécessitaient une approche spéciale. C’est pour cette raison que le Comité sur la reprise de l’OCNA a été mis sur pied, composé de représentants de l’administration et des musiciens de l’orchestre (initialement des musiciens d’instruments à vent et de cuivres, mais comprenant aussi maintenant des musiciens d’instruments à cordes).
Lorsque l’OCNA est retourné au travail en septembre 2020, il a mis en place des protocoles détaillés pour les musiciens et tout membre de l’équipe qui entraient dans l’immeuble (comprenant les vérifications constantes de la température). Cliquez ici pour voir le plan de santé et de sécurité de l’OCNA de septembre 2020. Au fur et à mesure de la publication de renseignements nouveaux sur la COVID-19 et sa transmission, le comité a rajusté son tir pour mieux comprendre (et contrôler) les gouttelettes d’aérosol émises par les musiciens durant leurs prestations. Après avoir consulté des techniciens en mécanique du bâtiment et mené des études de brouillard pour mieux comprendre les taux d’échange d’air et la ventilation dans la salle Southam, il a adapté son approche en matière de santé et de sécurité.
Comme les vaccins et les tests rapides de détection de la COVID-19 sont plus largement disponibles au Canada, l’orchestre utilise désormais ces deux outils en tandem pour assurer la sécurité des musiciens et du personnel. En plus d’appliquer une politique de vaccination obligatoire, l’OCNA a conclu un contrat avec la chaine de pharmacies Shoppers Drug Mart en vue de l’administration du test antigénique rapide Abbott PanBio. Voici comment Meiko décrit le programme :
Les musiciens qui jouent un instrument à vent ou un cuivre, qui ont commencé la saison dernière à utiliser un couvre-pavillon pour réduire l’expulsion d’aérosols, sont autorisés à enlever le couvre-pavillon s’ils participent au programme de test rapide dans les 48 heures qui précèdent leur première prestation d’une semaine de travail et s’ils me téléchargent la confirmation d’un résultat négatif. Ce programme de dépistage a été régulièrement utilisé. Peu de musiciens d’instruments à cordes ont recours au programme de dépistage étant donné que la plupart estiment que la vaccination et le port du masque permettent d’atténuer le risque. Toutefois, en raison de l’incertitude entourant les taux de transmission du variant Delta dans la communauté cet automne, le CNA permet à tout musicien qui craint d’avoir été exposé au sein de sa famille ou de la collectivité de se soumettre au test de dépistage rapide plus qu’une fois par semaine.
Comme beaucoup de musiciens et de membres du personnel ont de jeunes enfants ou des proches qui sont immunodéficients, cette approche de la santé et de la sécurité allant au-delà du strict nécessaire favorise la tranquillité d’esprit en ces temps stressants.
2. Le plexiglass, oui ou non? S’adapter à l’évolution des connaissances et des règlements
Un des grands défis auxquels les orchestres ont été confrontés durant la pandémie a été de transformer les règlements et résultats scientifiques en pratiques optimales pour assurer la sécurité de l’équipe, sur la scène et dans les autres milieux. Prenons par exemple le plexiglass. Même si au début on a eu beaucoup recours aux barrières en plexiglass entre les musiciens, des études ont ensuite révélé que celles-ci étaient moins efficaces qu’on avait initialement pensé pour empêcher la transmission des aérosols. Toutefois, en Ontario (où l’OCNA se trouve), il a fallu un certain temps pour que les règlements reflètent les données scientifiques.
Meiko décrit l’approche adoptée par l’OCNA à cet égard :
Au tout début, les règlements de l’Ontario exigeaient des barrières en plexiglass sur la scène. Mais vu les recherches venant d’Europe et des États-Unis, nous n’étions guère enthousiastes pour ces sortes de cloisons. Nous avons conclu que celles-ci n’étaient pas très efficaces contre le risque viral posé par l’exhalation d’aérosols et qu’il n’y avait statistiquement guère d’avantages à placer les musiciens dans ces sortes de cages. Toutefois, les règles provinciales exigeaient leur utilisation; nous nous sommes donc basés sur nos études de brouillard pour au moins utiliser notre plexiglass obligatoire de manière à réorienter l’écoulement d’air au-dessus et derrière les cordes.
Malgré la contradiction temporaire entre les données scientifiques et les règlements, l’équipe a trouvé un moyen de respecter les obligations réglementaires tout en garantissant des conditions optimales de santé et de sécurité. Au moment de la rédaction du présent document, il n’est plus obligatoire en Ontario d’utiliser des barrières en plexiglass entre les musiciens, mais leur utilisation entre les musiciens et le public est toujours exigé si une distance de 2 mètres ne peut pas être maintenue.
3. Communication préalable, confiance et gestion de l’avalanche d’information
Meiko, Chris et Janet ont discuté de l’abondance de renseignements et de la difficulté de trouver ceux qui sont les plus utiles et pertinents pour un orchestre en particulier. Pour citer Chris : « Nous ne pouvions pas trouver de numéro 1-800 à composer pour nous renseigner sur les aérosols des trompettes ou les taux d’échange d’air sécuritaires. » Depuis le début de la pandémie, Chris a passé de longues heures à lire des études scientifiques pour satisfaire sa curiosité personnelle et pour appuyer son travail au sein du Comité sur la reprise. Toutefois, comme il le fait observer, il n’était ni possible ni utile de communiquer chaque détail avec le reste de l’orchestre.
En fin de compte, l’OCNA a fait graviter ses communications autour de trois points précis :
- Les taux d’échange d’air et la dynamique de l’écoulement d’air sur la scène;
- Les technologies relatives au port du masque et leur utilisation;
- Les questions entourant tout particulièrement la participation des instruments à vent et les cuivres.
Pour renforcer la confiance et veiller à ce que tout le monde soit sur la même longueur d’onde, Meiko a insisté sur le fait qu’en plus d’inviter des musiciens à siéger au Comité sur la reprise, il était important de communiquer sans tarder et souvent avec l’orchestre dès qu’une information le concernant était disponible – surtout en ce qui concerne les changements aux pratiques tangibles en matière de santé et de sécurité. Ainsi, lorsque la décision a été prise d’éliminer les barrières en plexiglass entre les musiciens durant les répétitions, Meiko a fait deux choses : 1) elle a envoyé d’avance à tous les musiciens un courriel expliquant les raisons de cette décision et la façon dont le changement allait se manifester durant les répétitions; 2) elle s’est adressée à l’orchestre au début de la première répétition pour renforcer l’information qu’elle avait déjà communiquée par écrit. Et l’orchestre a acclamé cette nouvelle!
Orchestres Canada remercie Janet, Meiko et Chris d’avoir bien voulu partager leur temps et leurs observations avec nous le 24 septembre. Nous leur sommes reconnaissants de leur diligence, de leur obligeance et de leur disposition à partager ainsi que de leur exemple d’une collaboration respectueuse durant une période tumultueuse. Nous espérons que cette image communiquée par Meiko d’un beigne comme récompense vous plaira autant qu’à nous!
Ressources des intervenants :
De Janet Sellery, CRSP, CHSC, Sellery Health + Safety:
1. Liste des ressources en santé et sécurité (24 septembre 2021 – NOTE : Basée surtout sur les exigences relatives à la COVID-19 de l’Ontario)
CONTACT :
Janet Sellery, CRSP, CHSC
Sellery Health + Safety
[email protected]
www.selleryhealthandsafety.com
De l’Orchestre du Centre national des Arts (OCNA) :
1. Plan de préparation pour la reprise de l’OCNA (25 septembre 2020 – SAISON DERNIÈRE)
2. OCNA Recommandations à jour sur le port du masque (12 février 2021 – SAISON DERNIÈRE)
NOTE : Ces documents sont deux exemples de communications relatives à la santé et la sécurité de la saison dernière destinées à l’Orchestre du Centre national des Arts. Durant la séance, Meiko et Christopher ont discuté de l’évolution depuis un an de l’approche adoptée par l’orchestre en matière de santé et de sécurité.