L’avenir de l’orchestre numérique : Finances

Le 28 mai dernier, OC a accueilli Carol Kehoe (Tafelmusik), Hugh Donnan (Newfoundland Symphony), Bernard LeBlanc (Fédération canadienne des musiciens) et Neil Middleton (Vancouver Symphony) pour le deuxième forum de notre série en trois parties: L’avenir de l’orchestre numérique. Le sujet: les finances.

La conversation a commencé par une synthèse des constatations de recherches basées sur les entrevues en profondeur menées par The Arts Firm auprès de représentants d’orchestres et d’organismes d’arts de la scène de l’Amérique du Nord au sujet de leur expérience en matière d’activités numériques durant la pandémie de la COVID-19 et de l’avenir qu’ils entrevoient pour le numérique. Nos conférenciers ont ensuite fait de courtes présentations qui ont été suivies d’une discussion entre experts et d’une séance de questions et réponses.

Voici quelques-unes des leçons retenues au sujet des finances et du contenu numérique.

Qu’est-ce qui a favorisé l’explosion du numérique durant la pandémie de la COVID-19?

Plusieurs facteurs ont contribué au virage numérique effectué par les orchestres depuis un an :

  • Dans sa lettre sur la Covid-19, la FCM réduit grandement les coûts artistiques liés au numérique.
  • Les subventions salariales ont préservé l’emploi des musiciens et des membres du personnel.
  • Le numérique était la seule manière de consommer les arts de la scène.
  • Les orchestres ont largement réussi à conserver les abonnements payés et les parrainages.
  • Des lieux de représentation non traditionnels pouvaient être utilisés.
  • Certaines nouvelles subventions pour des projets ont été offertes.
  • En l’absence de concerts en direct, le personnel pouvait se consacrer au numérique.
  • Les nouveaux projets ont suscité de l’enthousiasme (mais ont aussi mené à un épuisement).

Lesquels de ces facteurs continueront ou cesseront de jouer au cours des deux à cinq prochaines années? Quel changement dans ces facteurs pourrait avoir une influence sur vos plans et votre capacité numériques dans l’avenir? Les entrevues que nous avons menées auprès d’orchestres partout en Amérique du Nord nous ont révélé que les recettes de billets pour des concerts en ligne représentaient environ 5 % à 10 % de celles provenant normalement de billets pour des concerts en salle. La stratégie d’établissement des prix pour les prestations numériques peut être axée sur l’accès, la flexibilité et une manière de récupérer certains des coûts, mais vu le faible montant des recettes et les coûts élevés de production, le numérique n’est clairement pas rentable. Une stratégie numérique durable pour les orchestres post-pandémie n’aura pas la même allure que celle qui a été utilisée durant la pandémie.

Créer une stratégie durable

Comprendre la valeur à en tirer

Comme Neil l’a souligné, plus un organisme explore la valeur qu’il peut tirer du numérique, plus il a de chance d’élaborer des stratégies qui l’aideront à atteindre ses buts. Considère-t-il le numérique comme un lien temporaire entre ses musiciens et la communauté immédiate pendant que les portes de la salle sont fermées? Comme un moyen de rejoindre à long terme de nouveaux publics à l’échelle mondiale? Comment le numérique peut-il aider à réaliser la mission de l’orchestre (p. ex. les initiatives de rayonnement à l’échelle de la province du Newfoundland Symphony) et comment peut-il l’en détourner? La période post-pandémie en sera une d’apprentissage, comme ce fut le cas de la pandémie.

Comprendre la capacité

Carol a insisté sur l’importance de comprendre la capacité de l’organisme après la pandémie. L’orchestre a-t-il les ressources nécessaires pour offrir simultanément une programmation en direct et une programmation numérique? Il est important de tenir compte du personnel, des musiciens et des bénévoles – l’équipe a-t-elle la capacité requise pour travailler toute la journée, produire des concerts en soirée et desservir aussi les clients du numérique? Quelle sera la priorité à long terme dans la réalisation de la mission de l’orchestre? Il n’est pas nécessaire de tout faire en même temps! Il faut fixer des attentes claires et raisonnables pour l’équipe et les publics en ce qui a trait aux concerts offerts en salle seulement, en numérique seulement ou sous les deux formes.

Les recettes du numérique – Place à la créativité

Partout, ces jours-ci, on offre des concerts en ligne. Qu’est-ce qui démarque un orchestre parmi les clients du numérique et les incite à consacrer du temps et de l’argent pour l’écouter à domicile? Il faut travailler avec l’équipe du marketing pour s’assurer que les prestations sont récupérables, en commençant par la communauté immédiate; le public proche (de la ville ou de la province) est celui qui tend le plus à sentir un lien avec l’orchestre, même à l’écran, et qui retournera aux concerts en personne quand les salles rouvriront.

Mais les ventes de billets ne sont pas le seul flux de rentrées en ce qui concerne le contenu numérique. On peut par exemple promouvoir auprès des commanditaires la valeur ajoutée que représente le numérique – la publicité peut être insérée au début ou à la fin d’une session ou durant l’entracte – et souligner le nombre de personnes qu’un commanditaire peut facilement atteindre en plaçant sa publicité dans une vidéo plutôt qu’au plat verso d’un programme.

Possibilités de collaboration et économies d’échelle

Bien que les artistes soient des collaborateurs intuitifs, il peut être difficile de structurer et d’organiser des projets communs entre organismes. Durant la séance de clavardage Zoom, les participants ont abondamment discuté de la diffusion régulière que CBC/SRC faisait auparavant à la radio (une forme « primitive » du numérique) des concerts d’orchestres de partout au Canada; cela a diminué ces dernières années. Vu les réalités financières difficiles que le numérique représente pour chaque orchestre, quelle forme de collaboration et d’économies d’échelle pourrait aider notre secteur à créer à long terme un écosystème en ligne dynamique et accessible pour les prestations des orchestres canadiens? Les membres du panel et les participants se sont interrogés sur la possibilité de créer une musicothèque commune nationale de contenu numérique qui pourrait tirer parti de l’engouement pour les recherches en ligne. Depuis un an, nous avons progressé de nombreuses décennies en matière d’innovation numérique. Maintenant, de quoi rêvons-nous et quelles sont les prochaines étapes?

 

OC tient à remercier Neil, Bernard, Carol, Hugh et tous ceux qui ont participé à la discussion et fait des observations perspicaces. Nous sommes reconnaissants envers le Conseil des arts du Canada et son fonds Stratégie numérique, dont le généreux soutien a permis de mener à bien la recherche et les activités de L’avenir de l’orchestre numérique. Nous remercions également notre comité directeur (Bernard LeBlanc de la Fédération canadienne des musiciens, Robert Fraser de l’Organisation des musiciens d’orchestres symphoniques du Canada, Jovanny Savoie du Conseil québécois de la musique, Tim Crouch de Soundstreams / comité numérique d’OC, et Tanya Derksen du Philadelphia Orchestra / membre du conseil d’administration d’OC), qui a assuré la surveillance et la rétroaction durant ce projet. Ce projet a été géré par The Arts Firm. Nous vous invitons à explorer les enregistrements, les présentations PowerPoint et les principales leçons retenues des autres séances de L’avenir de l’orchestre numérique sur les publics (21 mai 2021) et la fierté au travail (4 juin 2021).

Enregistrement du forum

Diapositives

Biographies des conférenciers