Récemment, Orchestres Canada (OC) a invité le chef d’orchestre, Daniel Bartholomew-Poyser, à deux rassemblements afin qu’il parle d’équité au sein de l’orchestre. M. Bartholomew-Poyser est membre du conseil d’administration d’OC, président de notre comité sur l’équité, et artiste en résidence et ambassadeur communautaire à Symphony Nova Scotia. Il a présenté un outil de discussion intitulé La quinte juste de la diversité, que les orchestres peuvent utiliser dans leurs travaux visant à faire progresser la diversité.

Comme M. Bartholomew-Poyser a indiqué, la diversité prend différentes formes dans différentes collectivités, mais au sein de chaque organisme se présente l’occasion d’échanger avec des gens qui ne se sentent pas encore les bienvenus dans le monde orchestral de manière qui bénéficie à toutes les personnes présentes. Pour nous présenter le point de départ, il propose cinq questions sur lesquelles les orchestres peuvent se pencher.

Qui joue ?

Cette question est pertinente pour les musiciens, les solistes et les chefs d’orchestre. La majorité des orchestres professionnels ont un processus d’audition à l’aveugle dans le cadre duquel les candidats jouent à plusieurs reprises sans être vus avant que leur identité soit dévoilée. Les processus de sélection de directeurs musicaux, de solistes et de musiciens prennent différentes formes. Les orchestres à petit budget ont possiblement plus de flexibilité dans leur processus d’audition. Peu importe, faisons-nous en sorte que notre processus de sélection est exempt de préjugés conscients ou inconscients ?

Nous savons aussi que le parcours vers une carrière en musique classique dépend d’une exposition précoce à la musique d’orchestre, de l’accès aux instruments et de professeurs et de modèles de rôle inspirants. Il faut aussi avoir les ressources financières nécessaires pour entreprendre des études pendant de nombreuses années. Les auditions ont des obstacles financiers, mais il faut aussi tenir compte des sommes à débourser pour les vols, les chambres d’hôtel et les leçons supplémentaires. Aux États-Unis, la Sphinx Organization, en collaboration avec la League of American Orchestras la New World Symphony, a lancé la National Alliance for Audition Support (alliance nationale de soutien aux auditions), soit un programme qui offre un soutien financier aux musiciens noirs et latinophones qui participent à des auditions.

Qui jouons-nous ?

Notre programmation reflète-t-elle les collectivités que nous voulons servir ? Les traditions musicales et l’inspiration que nous voulons célébrer sur le plan historique ? Voulons-nous offrir une programmation qui correspond davantage aux compositeurs issus de la diversité comme les compositeurs vivants, les femmes compositrices, les compositeurs autochtones et de couleur ? Certains auditoires cherchent à entendre des pièces de musique qu’ils ne connaissent pas tandis que d’autres ne voudront pas assister à de tels concerts. Comment pouvons-nous équilibrer le confort, la tradition et les défis de manière durable et artistique ? Bien que les gens sont généralement d’accord qu’il est important de commander de nouvelles pièces, il est tout aussi important de les présenter deux, trois ou dix fois.

Qui écoute ?

Nos auditoires reflètent-ils la collectivité que nous souhaitons servir ? Nous devons penser aux points d’accès pour l’achat des billets à nos concerts. La programmation de nos concerts attire-t-elle un public diversifié ? Notre marketing est-il conçu de façon à attirer un public diversifié ? Cet élément examine comment rendre notre orchestre accessible pour les communautés qui sont non seulement diversifiées sur le plan culturel, mais aussi de manière à tenir compte de l’âge et du statut socioéconomique du spectateur ainsi que du spectre de la diversité. Cette question est importante à la fois pour mieux servir nos collectivités et élargir notre public.

Qui prend les décisions ?

Il faut songer à qui occupe les postes d’autorité au sein de notre organisme. Qui occupe les rôles d’autorité artistique, d’autorité sur le personnel et qui siège au conseil d’administration ? En outre, de qui obtenons-nous une rétroaction afin de tenir compte des diverses perspectives dans le processus de prise de décision ?

Comment est-ce fait ?

Bon nombre des projets de participation communautaire menés par les orchestres s’articulent autour d’une collaboration avec des artistes non conventionnels et des partenaires communautaires. Ces projets constituent l’occasion idéale de réfléchir à la culture orchestrale et aux approches connexes. Comment l’autorité est-elle répartie entre le directeur musical, les solistes et les autres collaborateurs durant les répétitions et dans les espaces de performance. Comment abordons-nous le temps et comment donnons-nous libre cours à l’exploration dans le contexte de l’orchestre ? Comment pouvons-nous collaborer de façon qui accorde de l’autorité à ceux qui ne font pas partie de la hiérarchie traditionnelle de l’orchestre ?

M. Bartholomew-Poyser a consciemment formulé ces questions de manière à ce qu’elles ne soient pas normatives. Chaque orchestre devra répondre à ces questions de sa propre façon et arriver à ses propres conclusions. Orchestres Canada est ravi de participer à la discussion et nous attendons avec enthousiasme vos idées !