Par Katherine Carleton, directrice générale d’Orchestres Canada
À la mi-août, un petit groupe de gestionnaires d’orchestres et moi-même avons assisté au congrès annuel de l’Organisation des musiciens d’orchestres symphoniques du Canada (OMOSC) à Kitchener, en Ontario. L’OMOSC se décritcomme « un congrès de l’American Federation of Musicians of the United States and Canada (AFM) (la Fédération américaine des musiciens des États-Unis et du Canada) représentant environ 1 100 musicien.ne.s travaillant dans le cadre de conventions collectives dans 21 orchestres canadiens », et j’ai assisté (et pris la parole) à son congrès annuel presque chaque année depuis 2005, année où j’ai commencé à travailler avec Orchestres Canada.
Les séances publiques du congrès de cette année ont donné lieu à plusieurs discussions intéressantes. Vos collègues et moi-même avons convenu qu’il serait bon de partager ce que nous avons entendu au cours de ces discussions. Je vous parlerai donc des sujets suivants :
1- Une table ronde sur le Kitchener-Waterloo Symphony
2- Une mise à jour sur la Caisse de retraite des musiciens du Canada
3- Une session dirigée par Jaime Martino et Michael Mori de Tapestry New Opera sur le programme Women in Musical Leadership, et les efforts qu’ils font pour améliorer l’inclusivité et les lieux de travail respectueux dans la musique classique.
4- Une présentation de Michael Wright et Danielle Stampley du cabinet d’avocats Wright Henry LLP de la Fédération Canadienne des musiciens (FCM) sur le licenciement pour des raisons non artistiques.
5- Une présentation de Rochelle Skolnick, directrice des services symphoniques de l’AFM et conseillère spéciale de l’American Federation of Musicians, sur le changement de la culture syndicale et du lieu de travail.
Mise à jour sur la Kitchener-Waterloo Symphony
Les délégués ont entendu trois intervenants sur la situation du Kitchener-Waterloo Symphony après le dépôt de bilan en septembre 2023. Les intervenants Katherine Robertson (présidente, Musiciens de la KWS), Rebecca Diderrich (membre, Musiciens de la KWS), William Poole (président nouvellement élu du conseil d’administration, Kitchener Waterloo Symphony Association Inc.) et Richard Sandals, (directeur associé, Division des services symphoniques, Canada), ont partagé leurs points de vue – et l’histoire était passionnante.
Nous avons découvert le travail impressionnant accompli par les musicien.ne.s au cours de l’année pour
- créer et maintenir une unité d’objectif parmi les musicien.ne.s,
- maintenir en vie la musique orchestrale professionnelle à KW en organisant et en mettant en place des concerts (initialement en tant que bénévoles et plus tard, en utilisant une partie des ressources collectées grâce à leur campagne GoFundMe extrêmement réussie – 487 945 $ provenant de plus de 2600 donateurs.trices – pour payer les musicien.ne.s),
décider de travailler à l’élaboration d’une proposition visant à régler le dépôt de bilan et à relancer la structure organisationnelle, OU de créer une toute nouvelle structure juridique, - et (une fois cette décision prise)
- travailler avec un grand nombre de personnes et de groupes différents (avec un partenariat particulièrement étroit avec la KWS Foundation) pour régler la faillite et reconstituer la Kitchener-Waterloo Symphony Orchestra Association Inc. (y compris le recrutement d’un nouveau conseil d’administration et la tenue d’une assemblée extraordinaire des membres pour élire un nouveau conseil d’administration).
Au nom du nouveau conseil, Bill Poole a déclaré qu’il s’agissait d’un groupe fort et uni qui travaillait dur pour finaliser la proposition aux créanciers, reconstruire la structure de travail de l’organisme, assurer une forte responsabilité envers la communauté (Que s’est-il passé? Quand aurons-nous à nouveau des concerts d’orchestre? Comment faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais?), et soutenir et reconnaître le travail acharné des musicien.ne.s.
Ce fut une présentation émouvante et finalement réconfortante, et je sais que nous allons tous suivre et soutenir leurs progrès dans les mois à venir.
Une mise à jour – la Caisse de retraite des musiciens du Canada
Humbert Martins, directeur des prestations de retraite à la CRMC, a fait une présentation sur l’état actuel de la Caisse. Voici ce que j’ai appris :
- La CRMC est distincte du fonds de pension AFM-Employers, basé aux États-Unis. Son conseil de surveillance est composé d’administrateurs.trices musicien.ne.s et employeurs ;
- Il s’agit d’un programme multi-employeurs (compte tenu du fait que les musicien.ne.s peuvent avoir de nombreux employeurs et collaborateurs.trices au cours de leur carrière), qui offre aux affiliés une pension à prestations définies ;
- Les avoirs du fonds de pension sont en bonne santé. Les conseillers du fonds obtiennent de bons taux de rendement sur leurs investissements.
Il est intéressant de noter que le pourcentage des cotisations au fonds de pension provenant des orchestres canadiens a augmenté pour atteindre plus de 50 % des cotisations annuelles à la CRMC au fil des ans, alors que les enregistrements commerciaux ouvrant droit à pension et les sessions de la CBC ont diminué.
La CRMC dispose d’un bon site web, mais si vous souhaitez en savoir plus, Orchestres Canada se fera un plaisir d’organiser une séance d’orientation avec le personnel de la Caisse.
Changer la culture : Inclusivité et lieux de travail respectueux dans la musique classique
Michael Mori (directeur artistique) et Jaime Martino (directrice générale) de Tapestry Opera ont présenté aux délégués une vue d’ensemble du programme Women in Musical Leadership de Tapestry, ainsi que les enseignements qu’ils en ont tirés depuis son lancement.
Plus précisément, ils ont voulu explorer le contexte de certaines attitudes exprimées par les musiciens d’orchestre dans leur interaction avec les cheffes WML, telles qu’elles ont été communiquées dans des sondages anonymes. Les commentaires sur la coiffure, le ton de la voix et les choix vestimentaires n’étaient pas rares – et ni les musicien.ne.s partageant ces commentaires ni les directions d’orchestre qui les ont transmis – sans filtre – au WML n’ont semblé trouver cela surprenant ou inhabituel. Cela a conduit l’équipe de Tapestry à poser une question évidente : y a-t-il quelque chose dans la culture orchestrale qui normalise l’expression des préjugés sexistes?
Une discussion animée s’en est suivie, avec des réflexions réfléchies de la part des intervenant.e.s autour de la table sur leurs expériences professionnelles, l’évolution des attitudes au fil du temps, l’importance de politiques progressistes et bien communiquées sur le lieu de travail, et la valeur de la formation pour soutenir ces politiques, y compris la formation des témoins.
Orchestres Canada s’est récemment joint à un groupe de travail sur le changement de culture, organisé par Tapestry, et nous vous en dirons plus dans les mois à venir.
Licenciement pour raisons non artistiques
Les avocats Michael Wright et Danielle Stampley ont présenté une vue d’ensemble des processus et des responsabilités des sections locales et de la direction de la FCM dans les processus liés à la discipline (y compris les licenciements) pour des raisons non artistiques. Mes trois principales conclusions?
- Un processus solide, transparent et (si possible) collaboratif entre la direction et la section locale est essentiel et doit s’appuyer sur la législation pertinente et la convention collective.
- La FCM a le devoir absolu de représenter ses membres, que l’affaire soit ouverte et close ou non.
- Même si la procédure est impeccable, la FCM peut très bien déposer un grief contre une mesure disciplinaire qu’il juge disproportionnée ou incorrecte.
Plutôt que de tenter de résumer la présentation, je vais simplement vous renvoyer à leur diaporama – disponible en anglais seulement (en vous rappelant que les informations fournies ne le sont qu’à titre indicatif et ne constituent pas un avis juridique qualifié sur une situation spécifique).
L’inconduite sexuelle dans les lieux de travail symphoniques
Inspirée par le récent rapport sur les événements survenus au New York Philharmonic et les mesures prises par la suite par l’orchestre, la section locale 802 et l’AFM/FCM, la présentation de Rochelle Skolnick, directrice des services symphoniques et conseillère juridique spéciale de l’AFM, comprenait des définitions de certains termes clés. Elle a également souligné les responsabilités spécifiques des dirigeants institutionnels, des artistes et des travailleurs et a défini un cadre pour améliorer concrètement le lieu de travail symphonique pour tous. Une fois de plus, la discussion a été engagée et animée : toutes les personnes présentes autour de la table se sont clairement engagées en faveur de lieux de travail plus transparents, plus progressistes et plus respectueux.
Son diaporama est disponible ici en anglais seulement – et je le qualifierais de lecture essentielle!
N’hésitez pas à me contacter directement si vous avez des questions. Je serai ravie de vous lire!
Katherine Carleton
Directrice générale
Orchestras Canada/Orchestres Canada
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